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Presquevoix...
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21 mai 2012

La liste

Avant qu’elle ne parte chez sa mère, il lui avait dit :

-  Je peux te faire la liste complète de ce qu’elle va te dire. D’ailleurs, tiens, je te la fais  et tu cocheras au fur et à mesure.

Elle n’avait pas pris la liste, mais quand elle l’avait consultée, au retour, elle avait constaté que tous les thèmes y était rigoureusement passé, du début jusqu’à la fin. Finalement il connaissait sa mère aussi bien qu’elle

18 mai 2012

Regard

Du lever au coucher, elle se  répétait  cette phrase en boucle : « J’apprends à ne pas figer l’autre dans l’idée que je m’en fais, ni même dans ce qu’il peut dire de lui actuellement. ».
La méthode Coué, elle le savait, pouvait faire des miracles. Et puis il y allait de son travail : une psychothérapeute pouvait-elle douter de la capacité de changement de ses patients ?

*phrase tirée de «Théologie de l’Espérance» de Christian de Chergé

17 mai 2012

Les cachets

Aujourd’hui, à la pharmacie, je me suis achetée des cachets pour rêver. C’est nouveau, j'ai vu ça dans Marie Claire. Il ne faut pas en prendre plus d’un par jour, m’a dit le pharmacien. Comme si je ne m’en doutais pas. Me prend-il pour une imbécile ? Il a ajouté, alors que c’est écrit sur la boîte.


-    Les roses, c’est pour un rêve d’enfance, les bleus pour un rêve d’avenir, les rouges pour un rêve sexuel, les jaunes pour un rêve de pouvoir, les verts pour un rêve d’espoir.


Je l’ai remercié en souriant, il faut toujours être aimable avec les gens, on ne sait jamais. Enfin, c’est ainsi que j’ai été élevée.  Je commencerai ce soir, mais je me garderai bien d’en parler à mon mari. Il me dirait encore une fois que je suis d’une naïveté confondante et que tout ça n’a rien de scientifique.
Je me demande quelle couleur je choisirai ce soir…

15 mai 2012

Le tampographe

A défaut de choisir un métier qui ne lui aurait pas plu, il s’était improvisé tampographe. Et à chaque fois il déclenchait la même surprise.


-Tampographe ? Ah bon ? Mais c’est quoi au juste ?


Généralement il s’en sortait par des approximations. Il disait qu’il vendait des tampons. Point barre. Mais son père, qui s'était rappelé à son bon souvenir après 15 ans d'absence inexpliquée, avait voulu en savoir plus. Il avait dû regretter son acharnement car après lui avoir expliqué qu’il créait des tampons que l'on pouvait offrir en cadeau, il avait ajouté.


-Tu vois, toi, si j’avais un cadeau à te faire je te donnerais le tampon suivant ; et il le lui avait mis sous le nez sans ménagement.

PS : texte écrit arpès avoir lu un article de journal présentant ce site, qui est une mine à tampons...

14 mai 2012

Le régime

Elle avait été sélectionnée pour participer à une émission de téléréalité – Qui perdra le plus de poids ? – calquée sur un concept qui existait déjà aux Etats-Unis : une année de régime sous le regard impitoyable des téléspectateurs, et avec 150 000 euros à la clef. La première semaine, elle détesta le coach, la deuxième, elle n’en pouvait plus de voir tous ces gros qui suaient autour d’elles, et la troisième, après un exercice trop poussé sur un instrument de torture, elle fit un arrêt cardiaque. La chaîne déclara trois jours de deuil, sous les huées des téléspectateurs, avides de revoir Cindy, kevin, Maud, Bernard, Mélanie, Mégane et les autres. La quatrième semaine,  la compétition  reprit, jusqu'à ce qu'un nouveau décès survienne...

PS : voici le show américain : the biggest loser ! Bientôt en France ? 

12 mai 2012

Le nom

Il s’appelait Lecul, un nom difficile à porter, même si l’on y met toute la légèreté du monde. Il s’était vraiment rendu compte de l’étendue du drame quand il avait pris l’avion à l’aéroport de Roissy le dix mai 2012. Arrivé en retard à cause d’un embouteillage, il avait entendu son nom résonner plusieurs fois dans l’aérogare 2D.


-    Monsieur Lecul est appelé d’urgence au comptoir d’enregistrement, Monsieur Lecul s’il vous plaît, Monsieur Lecul. Je répète Monsieur Lecul est appelé…


Suite à cet appel, il avait nettement entendu un éclat de rire généralisé dans le hall 2D. Mortifié, il ne s’était pas présenté au comptoir d’enregistrement et il avait raté son avion.

11 mai 2012

Le long sommeil

Emerge de ton sommeil, comme une urgence*... ce sont les derniers mots qu'elle l’avait entendu prononcer avant de s’endormir à nouveau. Depuis, plus rien, ou plutôt si, des souvenirs inconnus qui s’affolaient et lui hurlaient qu’elle avait passé vingt ans à oublier.  Pourquoi avait-elle accepté de se soumettre à cette expérience ? On ne revient jamais indemne d’un tel voyage. Maintenant qu’elle savait tout, comment pourrait-elle vivre ?

Lui, la contemplait les yeux perdus et le cœur au bord des lèvres. Il n’en finissait pas de répéter, comme un automate au mécanisme déréglé : « Emerge de ton sommeil, émerge de ton sommeil… ». Et seul le vent lui répondait, ainsi que ce bruit sourd, comme une musique qui accompagne le passage de la vie à la mort…

* Phrase empruntée à cette vidéo de Janeczka. N’hésitez pas à entrer dans son univers où  poésie, voix, musique, vidéo et photo se croisent à l’infini.

 

9 mai 2012

Le bulletin de vote

Il s’était mis sur son 31 pour aller voter. L’heure était grave, il y allait de l’avenir de la  France et du sien, même si le sien était déjà derrière lui. La canne à la main, le bulletin de vote dans sa poche droite et sa carte d’électeur dans celle de gauche, il s’était rendu à l’école Prévert en clopinant afin d’accomplir ce qu’il estimait être le premier devoir d’un citoyen.
Une fois dans l’isoloir, il prit son bulletin qui se glissa avec difficulté dans l’enveloppe car sa main tremblait ; l’émotion, ou peut-être la maladie de Parkinson. Au moment où il ferma l’enveloppe, il eut un doute : avait-il vraiment fait le bon choix ? Son cœur se mit à battre à une vitesse folle et  quand il sortit de l’isoloir, il s’écroula. On ne réussit pas à le ranimer.
Il avait 86 ans. L’histoire ne dit pas pour qui il voulait voter.

PS :Texte écrit à partir de cet article, lu dans Nice matin 

6 mai 2012

L’oral blanc

Il avait révisé son bac blanc de français dans sa chambre, le MP3 vissé sur ses oreilles. Ses 15 textes avaient  été bâclés : il faut dire que Rimbaud, Baudelaire, Balzac, La Fontaine et les autres le déprimaient gravement.


Le jour de l’oral du bac blanc, il arriva un peu en avance pour tâter l’ambiance. Un copain, qui était passé juste avant, lui avait dit en désignant le professeur : elle craint !


Il devait s’attendre au pire. Quand il entra, il avait la gorge sèche. Le professeur choisit un poème de Baudelaire, pile celui sur lequel il n’avait rien à dire. Elle avait dû deviner. Il fit contre mauvaise fortune bon coeur et essaya de griffonner quelques idées. Les vingt minutes de préparation lui parurent très longues. Quand le professeur l’appela, il sourit ; l’amabilité donnait parfois des points. Il ânonna péniblement son explication et le professeur hocha la tête à plusieurs reprises, l’air dubitatif. A la fin, elle lui demanda :


-    Vous avez vu ce poème en cours ?


Il lui répondit sans hésiter que oui et elle enchaîna avec un large sourire :


-    Et vous étiez présent ?


Putain ! Fut la seule chose qui lui vint à l’esprit ; il se demanda même s’il ne l’avait pas dit à voix haute. Elle lui posa deux  questions subsidiaires sur le poème et les réponses qu’il lui donna la firent grimacer. Le professeur le congédia en concluant :


-    Pauvre Baudelaire, depuis ce matin il en entend de toutes les couleurs et il se retourne dans sa tombe, mais vous, je crois que vous l’avez achevé une deuxième fois !

5 mai 2012

L’annonce

« Représentant en sex-toys, petit, mais drôle, cherche jeune femme bien sous tous rapports pour sorties et plus si affinités. »
C’était l’annonce qu’il avait fait passer dans le journal local. Maintenant, il attendait les réponses. Il avait préféré donner sa taille d’entrée, inutile d’entretenir l’illusion ; quant à sa profession, il savait qu’elle ne laissait aucune femme indifférente.

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