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27 avril 2012

Service à domicile

Licenciée par son patron, elle avait décidé de créer un service à domicile encore inconnu en France, mais très en vogue au Texas : le ménage érotique. Pour l’instant la promotion de sa petite entreprise se faisait de bouche à oreille. Elle avait quatre femmes de chambres – toutes d’anciennes collègues de travail -  et ses clients, souvent célibataires,  faisaient régulièrement appel à ses services une fois par semaine.

Elle essayait de  fidéliser sa clientèle avec la carte 30 heures qui permettait d’avoir une réduction de 10 % sur l’heure de ménage. Quand un futur client l’appelait au téléphone, elle était très claire : il s’agissait  de ménage et rien d’autre, aucun geste déplacé et aucune grossièreté ne pouvaient être tolérés pendant les heures de ménages sous peine de poursuites et de radiation définitive du fichier.

Jusqu'à présent, elle n'avait eu qu'une seule plainte, de la part de Cindy : un client lui avait glissé, en s'approchant un peu trop près d'elle,  qu'avec un châssis comme le sien, elle méritait bien mieux que  de se servir d'un  plumeau !


PS : texte écrit à partir de cette vidéo

25 avril 2012

L’ image

A la télé, cette après-midi-là, il y avait une rediffusion des 101 dalmatiens sur Canal +. Alignés sur le canapé, Anne, 5 ans, Paul, 7 ans et Bérénice 12 ans regardaient sagement les petits dalmatiens s’agiter sur l’écran quand soudain, Bérénice crut voir quelque chose d’étrange qu’elle identifia rapidement.
-    Maman, il y a un  zizi à la télé ! Cria-t-elle.
Marie Dominique sortit de sa cuisine, tel un diable, et hurla « Eteins la télé Bérénice, tout de suite ! »
Anne éclata en sanglots et Paul bouda pendant que Bérénice essayait de leur expliquer qu’on remettrait la télé plus tard. Quant à Marie Dominique, en pleurs, elle prit le téléphone, pour appeler son mari…

PS : texte écrit après avoir lu cet article dans le Parisien.

24 avril 2012

Le Directeur de Cabinets

Avant-hier,  j'ai pris mon poste de Directeur de cabinets, en sous-sol, place de la Calende. Ces nouvelles responsabilités me conviennent à merveille, même s'il n'est pas facile de s'adapter à un nouvel emploi.  Hier, un client m’a demandé si le travail n’était pas trop pénible. Je lui ai répondu que non, mais il a insisté : « Quand même, les odeurs, ça doit pas être facile ! ». Je lui ai juste dit.

-   Pour moi, les odeurs de FN en surface sont bien pires que les odeurs de merde en sous-sol !

Le type n’a pas demandé son reste. Il a mis deux euros dans la soucoupe et il est parti.

21 avril 2012

Les élections

Comme elle ne savait pas pour quel candidat voter, elle prit une décision radicale : scotcher une affiche de chaque candidat dans les WC. A chaque fois qu’elle s’asseyait sur la lunette, elle se forçait à fixer un seul candidat. Elle s’est très vite aperçue que tous n’avaient pas le même effet sur ses intestins. Si certains la constipaient, d’autres accéléraient son transit.

Elle décida de donner sa voix au candidat – ou  à la candidate – qui aurait le moins d’effet sur ses intestins, car eux ne mentaient pas…

20 avril 2012

L’hôtel beau rivage

Il l’avait invitée à l’hôtel beau rivage, à Lausanne et   avait choisi une « Deluxe room » avec vue sur le lac. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle ne put s’empêcher de lui dire qu’il était fou, à ce prix, il se ruinait… Il sourit et lui répondit qu’un cadeau de départ se devait toujours d’être généreux.
-    Tu t’en vas ? reprit-elle surprise.
-    Oui, j’ai rencontré quelqu’un…
Elle voulut savoir pour qui il la quittait et pourquoi, mais il ne pipa mot. En 10 ans de mariage, il n’avait jamais aligné plus de trois phrases d’affilées. Pourquoi changerait-il subitement ?
Elle décida d’accepter ce « cadeau » de bon cœur. Après tout, n’avait-elle pas, elle-même, un amant qui l’avait invitée  au classico hotel son vida ? A l’époque, elle avait d’ailleurs eu un mal de chien à inventer un prétexte pour se libérer. Dorénavant, elle n’aurait plus à se casser la tête…


19 avril 2012

Les textes

A défaut d'être publié -  jamais aucun de ses manuscrits ne correspondait  " à la ligne éditoriale " des maisons  d’éditions contactées -  il distribuait ses textes dans les boîtes à lettres de Rouen, sans oublier de laisser son nom et son adresse, au cas où.  A chaque nouveau texte, il choisissait une nouvelle rue…


18 avril 2012

Les pastilles

Avant chaque cours, non seulement il se faisait une petite pulvérisation de spray buccal fluocaril, mais il la complétait par des pastilles Alibi, censées neutraliser les substances malodorantes. Ceci, pour la simple et bonne raison que des bruits avaient couru sur lui.  L’un de ses collègues de français affirmait  avoir entendu dire que des élèves de la Terminale S4 se seraient plaints, en pouffant, de son haleine pestilentielle.  Certes, ce collègue était  peu susceptible de bienveillance à son égard – ils avaient déjà eu plusieurs conflits au sujet de la réservation de la salle polyvalente  – mais deux précautions valaient tout de même mieux qu’une. Après tout, s’il disait vrai…


17 avril 2012

Le cinéma

Paul lui avait dit qu’au cinéma, dimanche dernier, il avait rencontré sa femme.
-    Ma femme ? Au cinéma ? Mais elle me dit toujours qu’elle déteste le cinéma. Et elle était avec qui ?
-    Ah, ça, je ne sais plus, répondit son ami embarrassé.
-    Tu vois, tu n’aurais rien dû me dire, parce qu’on ne souffre pas de ce que l’on ignore.
Une fois la rougeur passée, Paul essaya de plaisanter, mais il était trop tard.

16 avril 2012

La censure

Le pays allait de mal en pis. Tout était passé au rouleau compresseur de la censure. Les textes étaient ajustés en permanence et le Ministère de la Culture s’appelait maintenant Ministère de l’Orientation Islamique. La moindre allusion au corps était dépecée. Les mots avaient la fadeur de l’eau et les récits se décharnaient à vue d’œil. On remplaçait « faire l’amour » par « discussion », « sexe » par « relation amicale », « peau », par  « enveloppe », « sensualité » par « délicatesse »…
Le pays entier était emprisonné dans une camisole de chasteté dont les imams détenaient la clef.


PS : texte écrit à partir d’un article sur l’Iran, lu dans Libération

12 avril 2012

Les armes

A cinq ans, il tirait à la carabine dans des stands de forains ; à huit ans, on lui offrait sa première arme à feu : à 10 ans, il s’entraînait en forêt avec son père ; à 14 ans il mettait le canon de sa carabine dans la bouche de sa copine parce que celle-ci ne voulait pas coucher avec lui : à 15 et 16 ans il faisait stage commando sur stage commando pour s’endurcir et à 18 ans il s’ engageait dans l’armée et partait en Irak. A 20 ans, il avait totalisé 225 tués ; un record. Quand il rentra, on le décora pour services rendus à la patrie. A 25 ans, il massacra 25 étudiants sur un campus américain et il se donna la mort.

PS : Un petit coup de pub pour la revue « lu si », chapeautée par Caro-carito. Si vous souhaitez la lire en PDF, vous abonner ou participer,  c'est ici.


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