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Presquevoix...
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3 novembre 2011

Que fait la pluie ?

Quand elle lui avait demandé pourquoi il lui mentait toujours, il lui avait posé une question saugrenue, comme à son habitude.

- Et que fait la pluie ?

Elle répondit qu'elle faisait des claquettes. Pourtant, elle n'avait pas le coeur à sourire.

- Non, la pluie tombe, comme nous tombons amoureux, lui répondit-il solennel.

Elle palit.

- Alors c'est fini ?

- Tout de suite les grands mots !


Elle ne se satisfit pas de sa réponse et le somma de lui dire la vérité, toute la vérité.

- Ça ne durera pas.
- Mais encore ? Ajouta-t-elle.

Il lui prit le visage entre les mains et, après avoir embrassé délicatement le bout de son nez, il conclut.

- Une semaine, tout au plus.

Elle fut rassurée. La dernière fois que la pluie était tombée, cela avait duré 6 mois.

PS : texte écrit dans le cadre des “impromptus littéraires”

28 octobre 2011

La vie de bureau (2)

Chaque fois que quelqu’un entrait dans son bureau, à la Direction de l’Encadrement, elle était pendue au téléphone. On l’entendait dire  « Excuse-moi, je te rappelle plus tard » et elle raccrochait en vous adressant le plus aimable des sourires. Cette gentillesse de façade pouvait faire illusion, pourtant c’était la plus redoutable des langues de vipères. Lors de son départ à la retraite, elle eut droit - grâce à un duo de choc de la Direction des affaires financières -  à une petite chanson sur l’air du « poinçonneur des lilas »

J’suis la vipère du ministère,
La fille qu’on croise et qu’on ne regarde pas,
Ya pas de secrets sur la terre,
Pas de manières,
Pour tuer l’ennui, j’ai dans ma veste,
Tous les potins du Ministère,
Et ces potins c’est du sang frais,
 De petites bombes, des gaz lacrymogènes,
Pendant ce temps c’est moi qui règne, au Ministère,
Parait que tout le monde me craint
Mais moi je sais j’ai l’air de rien

Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
des potins salaces ou des d’seconde classe
Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins…

24 octobre 2011

La vie de bureau

Quand elle arrivait au bureau, la première chose qu’elle faisait, c’était aller aux toilettes pour fumer un joint et mettre ses boules Quies. Ce n’est qu’à ces conditions que la journée se passait correctement. Le jeudi 20 octobre, juste avant d’entrer au Rectorat où elle travaillait depuis 10 ans, elle s’aperçut, paniquée, qu’elle n’avait pas ses boules Quies. Elle décida qu’elle irait en acheter à la pause repas. Seulement il y avait cette longue demi-journée qu’il faudrait bien passer dans le même bureau qu’Arlette ! Elle pria pour que le joint suffise…

18 octobre 2011

La loi des deux A

Depuis le début du conflit, son mari se lavait tranquillement dans la salle de bain. Elle, elle regardait son fils qui hurlait dans leur chambre  en se roulant par terre. Elle était prête à lui donner une fessée  quand son mari lui a dit.

-    Tu connais la loi des deux A ?

La main suspendue, elle a répondu, surprise.

-    Quelle loi des deux A ?
-    Amour et Autorité ! Je te conseille de lire les fondamentaux de la psychologie.

Alors que l’enfant braillait toujours, son mari a pris son attaché case et lui a dit « A ce soir ma chérie ». Et il est sorti.  Quant à elle, à bout de nerfs, elle a aplati deux fois sa main sur les fesses de son fils.

-    Tiens, ça  c’est de la part de papa et ça de la part de maman ! Puis elle a tourné les talons pour aller dans la cuisine.

17 octobre 2011

Les effectifs

Pour réduire les effectifs de première année, la consigne suivante courait dans les bureaux des professeurs de cette Université renommée   : « Les décourager ! »

 A un maître- assistant, peu rompu aux pratiques de l’Université et qui demandait un supplément d’informations, il fut répondu :

-   Quand tu arrives en cours, veille à avoir l’air renfrogné, quand les étudiants te demandent de répéter, tu leur dis qu’on n’est plus au lycée  et quand ils souhaitent une explication supplémentaire, tu leur réponds qu’ils devraient déjà  avoir compris. A ce régime, au bout de deux mois, les TD seront moins chargés.

Et de fait, c’est ce qu’il se passa. Deux mois plus tard, chaque TD s’était vidé de moitié et les enseignants avaient retrouvé le sourire, ou presque…

16 octobre 2011

La vendeuse en parfumerie

Elle travaillait dans cette parfumerie depuis deux mois. Un emploi qui ne lui convenait pas mais qu'elle l’avait accepté faute de mieux. Elle qui ne s’était jamais fardée de sa vie, elle passait une heure dans la salle de bain, chaque matin, à la recherche du maquillage idéal pour masquer une peau qu’elle trouvait un peu épaisse et grasse.

Débutante, elle se gardait bien de proposer ses conseils aux clientes, sauf ce jour, où une femme, la quarantaine, hésitant devant le rayon crèmes de beauté depuis au moins dix minutes attira son attention.

-    Je peux vous aider, lui fit-elle, sortant de sa réserve habituelle.

La cliente la regarda un instant  puis, prise d’une inspiration soudaine, elle lui sourit et dit.

-    A vrai dire, je cherche une crème. Vous voyez ma peau est un peu comme la vôtre : terne et grasse.

Si elle eut envie d’insulter la cliente, elle n’en montra rien et lui tendit une crème de chez Décléor.

-    Tenez, c’est ce que je mets depuis deux mois. Comme vous avez pu le constater, il n’y a pas encore eu d’effet miracle, mais je ne désespère pas !

12 octobre 2011

La rencontre

Quand ils avaient sonné chez elle, elle avait encore une larme qui coulait sur la joue, mais elle l’essuya bien vite avant d’ouvrir la porte. Ils étaient deux, en costume sombre, le visage glabre, la chemise blanche, la cravate soigneusement nouée, et ils lui souriaient. Tous deux arboraient un badge avec leur nom et leur prénom ; au moins, elle savait à qui elle s’adressait.  Elles les avaient fait entrer après qu’ils lui eurent avoué qu’une force mystérieuse les avait poussés à frapper à sa porte. Ils étaient restés deux heures chez elle. Ils lui offrirent une bible et l’invitèrent à entrer dans l’église du bonheur. Comment aurait-elle pu refuser ?

11 octobre 2011

La critique

Quand cet auteur lui avait demandé, par mail, ce qu’il  pensait de son manuscrit, il avait préféré ne pas répondre, surtout que le manuscrit lui était tombé des mains dès la sixième page. Mais l’auteur était revenu à la charge, jour après jour, et l’éditeur avait bien été obligé de lui dire la vérité, avec quelques précautions oratoires, cela s'entend.

L’auteur lui avait répondu le soir même, par mail : « Quand je vois à quel point vous êtes aveugle, je ne m’étonne pas que votre minable petite boite d’édition coule. D’autres sauront apprécier les qualités de mon manuscrit. C. Cluant. » 

8 octobre 2011

Le lobe

Quand j’ai dit à mon patron que son analyse de marché était fausse parce qu’elle ne tenait pas compte de certains paramètres importants,  il s’est rué sur moi et m’ a arraché le lobe de l’oreille droite. J’ai hurlé comme un malade et des gens sont arrivés dans le bureau. Ils ont réussi à nous séparer. Après le départ de mon patron – des infirmiers en blouse blanche l’ont emmené avec eux - je me suis mis à quatre pattes à la recherche du lobe disparu. C’est à ce moment-là que sa femme – le DRH l’avait fait appeler vu la gravité de la situation -  est entrée.

-    Vous cherchez quelque chose, m’a-t-elle dit ?
-    Oui, mon lobe, ai-je répondu sans lever les yeux du sol.

Et elle m’a répondu.

-    Ah bon, vous aussi ? J’ai l’impression que mon mari devient cannibale. Il a fait la même chose avec son fils, quand celui-ci lui a annoncé son échec au bac. Le problème c’est que lui, son lobe, on ne l’a jamais retrouvé. J’espère que vous aurez plus de chance.
-    Je l’espère aussi, ai-je répondu tout en poursuivant mes recherches à quatre pattes.
-    Bon courage, a-t-elle dit avant de sortir du bureau.

Depuis cette terrible histoire, mon patron n’est toujours pas revenu. Il paraît que son séjour à l’hôpital se prolonge car les psychiatres craignent une rechute. Quant à mon lobe, j’ai dû en faire mon deuil. Depuis, je me laisse pousser les cheveux…

5 octobre 2011

La visite

Désespéré par le manque de travail de ses élèves de troisième, ce professeur de mathématiques avait décidé de faire intervenir, à ses frais, un intermittent du spectacle dans sa salle de classe. Les consignes qu’il lui avait données étaient claires.

-    Vous serez le Christ. J’imagine que vous avez un déguisement qui pourrait convenir ? Pas trop déshabillé, bien sûr, la direction ne plaisante pas avec la tenue. Vous parlerez aux élèves par paraboles, et surtout, surtout, vous insisterez bien sur le fait que le miracle, c’est eux ! Aucun progrès ne pourra se faire sans une coopération active de leur part. Voilà pour le fond, maintenant pour  le reste, je vous fais confiance, l'homme de théâtre, c'est vous.

L’intermittent comprit sa mission et ne se fit pas prier pour accepter ce défi. Suite à la visite du Christ dans son cours – une visite que les élèves de troisième de l’école St Vincent de Paul n’étaient pas prêts d’oublier -  le professeur fut appelé dans le bureau du proviseur. Celui-ci, courroucé et le verbe haut, le menaça d’un renvoi. L’enseignant ne comprit pas. N’était-il pas soucieux de l’avenir de ses élèves ? Ne travaillait-il pas dans le sens des valeurs de l’église Catholique ?

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