La vie de bureau (2)
Chaque fois que quelqu’un entrait dans son bureau, à la Direction de l’Encadrement, elle était pendue au téléphone. On l’entendait dire « Excuse-moi, je te rappelle plus tard » et elle raccrochait en vous adressant le plus aimable des sourires. Cette gentillesse de façade pouvait faire illusion, pourtant c’était la plus redoutable des langues de vipères. Lors de son départ à la retraite, elle eut droit - grâce à un duo de choc de la Direction des affaires financières - à une petite chanson sur l’air du « poinçonneur des lilas »
J’suis la vipère du ministère,
La fille qu’on croise et qu’on ne regarde pas,
Ya pas de secrets sur la terre,
Pas de manières,
Pour tuer l’ennui, j’ai dans ma veste,
Tous les potins du Ministère,
Et ces potins c’est du sang frais,
De petites bombes, des gaz lacrymogènes,
Pendant ce temps c’est moi qui règne, au Ministère,
Parait que tout le monde me craint
Mais moi je sais j’ai l’air de rien
Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
des potins salaces ou des d’seconde classe
Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins…