Le patron
Chaque fois qu’elle prenait le bus avec René, il lui donnait une petite leçon de vie ; elle était si jeune. Ce jour-là, il avait écrit la phrase du jour sur son journal : « Il faut désapprendre à obéir. »
Elle lui avait immédiatement répondu.
- Drôle de boulot, non ?
Et il avait conclu, sur son journal : « Soit on résiste, soit on crève ! »
Résister, mais jusqu’à quand ? Lui avait soixante ans et elle vingt trois. Ils travaillaient dans la même entreprise où le patron – Un paternaliste disait René – avait sur ses employés un étrange regard, entre dureté et bienveillance.
Souvent, René disait à Solène.
- Bienveillance mon cul. Un patron n’est jamais bienveillant, sache-le.
Sans doute avait-il raison. D’ailleurs, ce jour-là, à cause de la grève des transports, ils arrivèrent avec 15 minutes de retard et la première chose que le patron avait dit à Solène, c’était.
- Grève ou pas grève des transports, on arrive à l’heure Mademoiselle
Et elle avait dit à voix basse, sans que le patron ne l’entende.
- Alors c’est grève ou crève, quoi !
René avait souri, la petite commençait bien !
PS : prochain texte, dimanche.