Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
26 avril 2022

La sirène

 

Mado

Elle regardait la sirène, lui parlait, allait de droite et de gauche. Le tout avait duré 5 minutes. Ce fut si long que son mari est revenu sur place et lui a dit.

-          Bon, alors, c’est fini ?

-          Non, je fais un repérage.

-          Elle te fait penser à quelqu’un ? Pas à Marine Lepen quand même ?

Comment pouvait-elle vivre avec un homme si bas de plafond ? Aucune réflexion, un désert de la pensée à lui tout seul. Elle a fini par ajouter.

-          C’est une sirène au long cours, de celle qui ne s’en laisse pas compter. Elle me fait penser à Brigitte.

-          Laquelle ?

-          Brigitte Macron bien sûr, pas ta mère !

Il a éclaté d’un rire tonitruant, comme d’habitude, mais il a tout de même fait l’effort de l’observer, cette sirène.

-          Ton esprit s’évade souvent ma chérie,  mais je reconnais qu’il y a matière à penser, c’est vrai.

-          Ah, tu vois ! Ça pourrait être elle, non ? Une créature avenante qui se glisse comme un poisson dans la vie politique et économique française et qui observe la nation d’en haut.

-          Tu ne vas tout de même pas me dire que Macron, c’est Ulysse ?

-          Eh bien non, crétin, si c’était Ulysse, il aurait résisté à son pouvoir de séduction !  Ou alors, c’est un Ulysse raté parce qu’il est resté avec elle.

-          Bon, s’il te plaît, on y va, parce que moi j’en ai marre de cette sirène. Dommage que tu n’en sois pas une toi, et que tu ne connaisses pas les oligarques qu’elle connait. Comme ça, moi aussi je pourrais être président plutôt que d’avoir un poste de petit cadre à la Métropole.

Elle n’a rien répondu et a laissé la sirène suivre son cours sur son promontoire maritime. Quant à elle, loin du royaume des sirènes, elle a préféré ne pas lui dire qu’elle n’aurait pas voulu l’avoir comme président de la République, déjà comme conjoint ; mais ça, c’était une autre histoire…

 

PS : photo de Mado. La « sirène des St Marcouf » m’a-t-elle dit. Prochain texte, vendredi.

 

22 avril 2022

Peut-on faire durer les choses ?

Hier, j’ai passé une petite heure à chercher une housse pour mon téléphone portable, un Samsung 2 m’a-t-on dit. Je suis allée dans une petite boutique près du palais de justice. Le vendeur a regardé « la chose ».

-          Ouf, il a au moins 10 ans celui-là. Trop vieux, mais je vais tout de même téléphoner à ma femme pour qu’elle voie si à la cave…- ce qu’il a fait et deux minutes plus tard il a dit - elle cherche et elle remontera avec la bête, si elle la trouve.

J’ai attendu donc dans sa petite boutique en observant les milles housses merveilleuses que les vitrines proposaient. Je lui ai demandé.

-          Ce sont des housses pour des portables récents ?

-          Oui, trois mois, quatre mois, 9 mois parfois…

Quel monde étrange que celui où l’on vit, ai-je pensé. Le COVID n’a rien changé au royaume des consommateurs. Soudain, une femme d’une quarantaine année est apparue avec une housse noire et m’a dit.

-          Voilà. Donnez-moi votre portable. Cette housse va marcher.

Dieu, dans sa grande bonté, était avec moi. La housse lui allait comme un gant, non pas à Dieu, mais au Samsung. Et – étrange - le prix était aussi cher que celui des housses des portables en vitrine. J’ai précisé.

-          J’espère que je pourrai la garder longtemps et même, si j’ose dire, jusque dans ma tombe.

La dame a souri et a ajouté.

-          Il y aura juste à changer la batterie, c’est tout.

Je l’ai remerciée et je suis sortie. Je me suis tout de même demandée ensuite, en marchant jusqu’à ma fidèle bicyclette, si elle ne pensait pas que j’étais sur le chemin des quatre-vingts ans alors que…

Dès demain je m’achèterai une  crème anti-rides, anti âge et haute nutrition ; peut-être que ce « trois en un » existe pour les crèmes ? Mais j’y pense, peut-on annuler ce qui est déjà « en marche »* ?

 

* "en marche", allusion à LREM

PS : prochain texte, mardi.

 

15 avril 2022

Une biographie imaginaire de M. L.

A sa naissance, on l’avait appelé Marine. Dès qu’elle avait pu parler, elle avait demandé.

-          Pourquoi Marine ?

Et jamais de réponse ni d’un côté, ni de l’autre. Alors, dès qu’elle avait pu tenir une petite conversation, elle avait dit à ses parents.

-           Moi, plus tard, je serai marin et je travaillerai dans la marine de guerre.

-          Une fille de caractère, avait souri son père.

Il ajouta aussitôt.

-          Une seule chose à retenir Marine, PAPA : Patrie, Autorité, Patrimoine, Acculer.

Enfant, Marine rentrait souvent chez elle les genoux écorchés et les mains noires. Parfois même, son visage était rouge écarlate. Sa mère lui demandait.

-          C’est quoi, ce rouge et ce noir, Marine ?

-          Ben, on jouait à la guerre entre les noirs, les blancs et les peaux rouges.

Son père concluait toujours par : Elle a du caractère Marine., elle est comme PAPA !

Marine avait ainsi grandi entre guerres et batailles, perdues ou gagnées. A quatorze ans, elle dit à son père qu’elle voulait entrer dans l’armée. Son père répondit.

-          Ton armée ce sera mon armée, et tu iras au front avec PAPA.

Sa mère avait juste souligné.

-          Tu ferais mieux de faire d’abord du droit, Marine.

-          Le droit pourquoi pas - avait dit son père - mais après, droit au Front.

Et c’est droite comme un I – pas celui du mot Immigré, bien sûr – et la « bible » de PAPA dans son sac, qu’elle avait travaillé avec lui, jusqu’à sa « disparition » en 2015.

Le 25 décembre 2014 – le dernier Noël familial avant la disparition du père - il lui avait craché, colérique.

-          Tuer ton père, c’est ça que tu veux Marine ?

Et elle lui avait répondu.

-          Papa, tu es déjà mort depuis longtemps mais j’avais oublié de te le dire. Allez, relève-toi, tu es un homme de courage papa. Ne gâchons pas ce Noël. Tiens, voici ton cadeau.

Et elle lui tendit deux livres : « Foutez-vous la paix » et « l’avenir d’une illusion ». Lui n’avait aucun cadeau pour elle.

En ce 15 avril 2022, son père n’avait encore lu ni le premier, ni le deuxième livre et ce, pour une raison très simple : quand il était revenu de chez sa fille le 26 décembre 2014 il avait hurlé : « Je vais les mettre sur le bûcher ses putains de livres, et elle aussi ! »

 

PS : prochain texte, mardi.

 

 

 

 

 

12 avril 2022

Le mauvais réflexe

« Je l’ai tuée, oui.  C’est vrai, j’ai eu un mauvais réflexe, mais bon, elle n’était pas facile non plus. Après, j’ai eu des remords ; alors j’ai dispersé ses cendres dans la forêt qu’elle aimait. Ce qu’elle préférait, c’était les hêtres. Moi aussi je suis un être, mais elle ne me voyait pas comme ça. Voilà pourquoi je l’ai tuée. Pour elle, je n’’étais rien, ni un hêtre, ni un être. Si elle avait réfléchi, elle aurait compris que la situation était grave. Mais elle ne réfléchissait pas et elle ne pensait qu’à elle. Elle était narcissique jusqu’aux bouts des ongles qu’elle avait toujours rouges. C’est un signe ça, non ? »

Voilà ce qu’il se disait en marchant dans sa cellule de deux mètres sur trois. Le procès avait lieu le lendemain. Le juge le comprendrait-il ? Et les jurés ? Non, bien sûr. Quand un homme tue une femme, on entend un seul cri dans la foule : ASSASSIN ! Parce qu’un homme est toujours coupable. Pourtant, si elle l’avait écouté une fois, une seule, si une seule fois elle lui avait dit que lui aussi était un être humain, il ne l’aurait pas tuée, c’est certain.

Maintenant, il erre dans cette cellule comme il erre dans la cour de la prison, comme il erre dans son cœur fermé, sans visite, ou plutôt une seule visite, une fois par semaine, cette visiteuse qui s’appelle Solène et qui, faute de le comprendre, l’apaise. Elle est si solennelle, Solène ; elle lui rappelle qu’au IIIème siècle, une certaine Soline serait morte en martyre après un pèlerinage à Chartres.  Oui, il l’admire Solène, elle aussi fait son pèlerinage, mais en prison.

Non, Solène ne mourra pas, il en est sûr. Solène est sa sauveuse et si elle veut se marier avec lui, un jour, il dira oui. Oui Solène, nous pouvons nous marier, et avec toi, je n’aurai pas de mauvais réflexe.

PS : prochain texte, vendredi.

5 avril 2022

La coach

Elle lui avait pourtant dit d’arrêter les ritournelles et les phrases creuses - sans parler des discours à rallonge - mais rien n’y avait fait. Elle n’aurait jamais dû accepter ce remplacement pendant un mois, remplacement qu’elle avait obtenu car elle avait été la coach de François Hollande en des temps anciens.

Avant le show, le chef lui avait dit.

-          Vous me trouvez mieux au naturel ou en photo ?

Et elle lui avait répondu.

-          Je préfère quand vous arrêtez de vous gargariser !

Il lui avait juste dit.

-          Vous êtes virée demain. En attendant, pendant l’allocution, notez et voyez les propositions à me faire.

Et il était entré sur scène avec son costume de Narcisse et son faux sourire. Elle avait bien essayé de noter des trucs, mais quoi ? Ce type était creux, suffisant et n’écoutait que lui et son reflet.

La purge a duré deux heures. Il avait dû se droguer à lui-même avant le spectacle, comme  à l’habitude. Elle a juste noté trois choses : « retrouver le goût de bien faire », « le combat du progrès contre le repli », « l’argent magique ». Même pas deux lignes.

Le soir elle lui a tendu la feuille, et il a dit.

-          C’est tout ? Heureusement que je vous vire demain.

-          Vous ne trouvez pas que vous exagérez ? Si vous rêvez dans votre palais, vous êtes bien le seul à encore rêver en France. Quant à l’argent magique que vous associez à l’Etat providence, vous êtes gonflé ! Et le combat du progrès ? Progrès pour qui ? Et le goût de bien faire, en parlant des gens qui touchent le RSA ? Alors là, excusez-moi, on atteint les sommets de la connerie !

Si son garde du corps ne s’était pas précipité sur lui, le showman aurait passé ses petites mains longues et fines autour du cou de sa coach.

Elle l’a fixé, le visage blanc puis, tel un robot, elle a prononcé le refrain de la chanson de Brassens :  Il y a peu de chance qu’on détrône le roi des cons. A la fin, elle a ajouté HELAS. Ensuite, elle est partie dans un autre monde, celui des gens qui vivent dans la vraie vie, celui des gens qui prennent les transports en commun, celui des gens qui vont à Pôle emploi et celui des gens qui luttent pour un autre monde, mais pas celui des imposteurs !

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

25 mars 2022

La femme du président

Elle lui avait dit qu’à son âge – elle ne donnait jamais son âge exact à quiconque même si tout le monde le connaissait - le seul moment de joie de sa journée, c’était quand il ne lui parlait pas de campagne électorale. Oui, elle en avait marre de ses simagrées, marre de la « start up nation », marre de son obsession des réseaux sociaux où il n’excellait pas - bien au contraire - marre de son maquillage permanent pour conserver sa jeunesse au compteur, marre de son rictus perpétuel en guise de sourire – même dans la chambre à coucher – marre de cette « baraque » appelée l’Elysée où elle marchait pendant des kilomètres et des kilomètres afin de trouver un lieu où se sentir bien, marre de ses matinées chez la coiffeuse et l’esthéticienne – et il y  en avait du travail ! – afin d’avoir l’air présentable. Voilà, elle en avait marre de tout, mais surtout, elle en avait marre de ses cours de coaching avec lui. La veille, excédée par son inattention, elle lui avait dit.

-          Je me demande quelle motivation tu as lorsque tu montes sur scène ? Avec les années, on dirait qu’elle disparaît. Travaille tes enjeux, il faut que le public – les français donc – puissent entrer dans la pièce que tu leur présentes. Voilà le problème à vrai dire, tu n’as aucun propos intéressant et tu ne partages rien avec le public. Conclusion : tu devrais arrêter le théâtre présidentiel pour éviter cet échec qui pointe.

 

Il l’avait regardée étrangement et son rictus habituel s’était figé sur son visage blanc où des lignes de transpiration commençaient à apparaître. Elle lui avait tendu un mouchoir qu’il avait refusé, puis il avait dit d’une voix cérémoniale.

 

-          La guerre a commencé entre nous : celle du silence !

 

Elle ne répondit rien et s’éloigna dans les longs couloirs de solitude de l’Elysée…

 

 PS : prochain texte, mardi.

15 mars 2022

L’écrivain raté

Après son nième envoi à un nième éditeur de son roman intitulé " Et alors ? ", il avait dit exaspéré à l’être qui, au quotidien, assumait le difficile emploi non rémunéré de femme d'un écrivain raté.

- Le tampon dans la gueule, moi, je vais leur foutre mon tampon dans la gueule à ces éditeurs qui ne respectent pas les auteurs. Jamais une réponse aimable, jamais d’explication. Mais pour qui se prennent-ils ?

Elle avait hésité avant de lui répondre. Devait-elle lui dire l’exacte vérité – par exemple : mais pour qui te prends-tu, toi ? -  devait-elle atténuer cette vérité – tu n’es pas le seul auteur qui envoie des manuscrits - ou devait-elle passer à un autre sujet. Elle pouvait aussi l'aiguiller – sans doute la solution la plus douce - vers  un nouveau roman où il  changerait de sujet, éviterait l’amertume, et se dirigerait à pas de loup vers un humour qu’elle pourrait peut-être caractériser d’aigre-doux.

Lassé de son silence il lui dit.

-          Et toi, tu n’as rien à dire, rien du tout ? A croire que tu ne t’intéresses pas à moi. A croire que tu ne veux pas m’aider à ouvrir les portes.

Ah, ouvrir les portes, l’occasion était là, elle devait s’engouffrer dans le champ qu’il lui proposait.

-          Justement, je pensais que tu pourrais naviguer sur une autre mer.

-          Naviguer ? Tu te fiches de moi ou quoi ? Et de quelle mer tu parles ?

-          Je voulais dire écrire, chéri, bien sûr, mais l’écriture est un voyage, non ? Pourquoi pas  une écriture moins rude ?

-          Rude, tu veux dire quoi exactement ?

-          Un monde moins cru, voilà.

-          Tu voudrais que je me lance dans l’eau de rose, peut-être, parce que les lecteurs aiment ce qui est fade ?

En observant son visage, elle comprit immédiatement que la tempête arrivait et elle essaya de naviguer vers des mers plus clémentes.

-          Non bien sûr, ton style est ton style, bien à toi, mais les éditeurs attendent peut-être  autre chose, voilà.

Il ne répondit rien, sortit de la salle et claqua la porte. Elle monta dans son bureau, ouvrit son ordinateur et regarda attentivement le manuscrit qu’elle avait écrit et souhaitait envoyer à deux éditeurs choisis précautionneusement   parmi la liste d’éditeurs qu’il avait maintes et maintes fois contactés. Elle savait que ses chances étaient minimes, mais elle se dit : "  Et alors ? "

Le titre de sa nouvelle était : « la valse des romans ». Oui, elle l’enverrait mais avec un pseudo et elle donnerait l’adresse de sa sœur, peut-être que…

PS : je précise que J'ai eu l'idée de parler de tampon en allant sur le site "le tampographe"  évoqué sur  "butinage" où je me promène au moins deux fois par semaine

PS 1 : prochain texte vendredi.

 

 

11 mars 2022

Comme si…

Assise à la terrasse du café, en plein soleil, le croissant dans une main, le café crème dans l’autre, elle écoutait leur discussion en lisant le journal étalé sur la table. Elle s’est demandée, à un moment donné, s’ils disaient vraiment ce qu’elle croyait entendre ou non. Peut-être l’inventait-elle, juste pour le plaisir. L’homme a commencé.

-          Toi qui veux rentrer dans un parti politique, tu es vaccinée contre le narcissisme ?

La femme a souri et lui a demandé s’il disait ça à cause de Macron.

-          Pas que, a-t-il répondu. Il y a Macron et les autres…

-          Tous des hommes ou presque, tu as remarqué ? a dit la femme.

-          Certes. Par contre aux infos on en voit, des femmes.

-          Je ne regarde pas les infos. Que des faits, pas de causes. J’évite. Pour moi, les infos à la télé c’est la polyphonie de l’insignifiance.

-          Tu veux dire pas de réflexion ?

-          Aucune. Je crois qu’ils veulent nous envoyer en guerre. Mais qu’ils ne comptent pas sur moi. Je ne veux aucune arme et je ne monterai dans aucun tank, aucun, quoi qu’ils fassent !

-          Ça ne risque pas, tu as le bon genre.

-          Ah Ah Ah, pour une fois qu’on me dit que j’ai bon genre.

Et leur conversation a continué ainsi entre plaisanteries et lieux communs. Elle a presque voulu entrer dans cette espace, juste pour faire « comme si », comme si elle avait des amis, comme si elle avait du répondant, comme si elle avait plaisir à être avec les autres, comme si la vie méritait encore qu’on puisse en rire, comme si nous n’avancions pas vers le pire… Mais le « comme si » lui est resté soudain  en travers de la gorge et elle a toussé, une toux grâce – pourtant elle ne fumait pas – une toux qui lui disait qu’elle ne voulait pas qu’on lui face avaler cette connerie qu’est la guerre !

PS : prochain texte, mardi.

 

4 mars 2022

L’Assemblée Nationale

En sortant du bureau du député pour lequel elle travaillait à l’Assemblée Nationale, elle avait rencontré l’attaché parlementaire de la République en marche. Humour suffisant et fausse-bienveillance étaient ses deux « armes ». Elle disait « arme », car depuis la fin février le mot était à la mode dans les couloirs de l’Assemblée.

Leur relation était cordiale, sans plus. Elle était attachée parlementaire d’un député du parti communiste et, son éthique personnelle lui interdisait de tomber sous le charme d’un attaché d’un parti de droite. Dès qu’il l’a vue, il s’est précipité vers elle, quitte à glisser sur le lumineux carrelage du  couloir qui la séparait de lui.

-          Bonjour Nadia, très jolies couleurs que les tiennes. Cela te va à merveille. Alors, en forme malgré cette « guerre » aux portes de l’Europe ?

-          Ah, encore le mot guerre, comme en 2020.

-          En 2020 ?

-          Mais oui, la guerre contre le COVID, bien sûr. Votre parti aime beaucoup le mot guerre. Un mot qui avait été répété dans le premier discours du président devant les français le 16 mars 2020. Tu te souviens ?

-          Ah, perfide Nadia. Mais bon, là, il s’agit d’une autre guerre, non ?

-          Exact, mais Monsieur Lemaire, votre merveilleux ministre de l’économie, pourrait éviter de parler de guerre économique et de guerre financière à tout bout de champs, non ?

-          Que devrait-il dire alors ?

-          Qu’il réfléchisse, s’il y arrive.

Et elle a disparu immédiatement. Ce type l’agaçait. D’abord ses yeux qui plongeaient dans son chemisier quand il s’approchait d’elle, et ensuite son ton fat. Avec 15 députés à l’Assemblée Nationale, ils ne représentaient rien, semblait-il lui dire. L’imbécile lui avait même parlé du « dogmatisme du parti communiste ». Et chez eux, pas de dogmatisme ? Vérité et protection étaient-elles les deux « mamelles » de leur parti ? Elle a souri, a fait marche arrière et s’est mis dans les pas de l’attaché de LaRem pendant une minute, jusqu’au moment où celui-ci s’est retourné.

-          Ah, je suis sûre que tu as tout de suite senti le dogmatisme communiste derrière toi, s’est-elle amusée.

-          Tu veux m’inviter quelque part Nadia ?

-          A vrai dire non, à moins que tu ne passes à gauche ! Je reviens juste pour te dire que tu devrais signaler à ton député que le discours du président, avant-hier, a dû démoraliser les français. Que cherchait-il en disant : « La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire. » ? Allez, bientôt tout le monde aux abris. Au fait, j’espère que tu en as un abri dans ton petit immeuble parisien ? J’espère aussi que ton salaire a augmenté car ton président a dit que les prix seraient à la hausse. Il est vrai qu’il a aussi ajouté « Je n’aurai qu’une boussole, vous protéger. ». On voit que les élections approchent ! Cinq pour cents de plus dans les sondages pour Macron ?

-          Tu es d’une drôlerie, Nadia.

-          N’est-ce pas. C’est pour ça que tu m’apprécies, non ?

Et elle est partie dans l’escalier qui la menait au rez-de-chaussée. Objectif : aller au café Préludes lire rapidement le journal le Monde de l’après-midi et téléphoner à celui qui, peut-être, pourrait l’apaiser en cette journée lourde, si lourde que toute respiration semblait impossible…

 

PS : prochain texte, vendredi 11 mars.

 

 

22 février 2022

Le café du coin

Ce matin, à leur café habituel, celui qu'ils fréquentaient avant de commencer leur journée à la préfecture, il lui avait dit, sobre.

-     Ma mère est dans un sale état. La preuve : elle ne sort plus de son lit et ne mange plus. Tu sais pourquoi elle ne meurt pas ma mère ?

-     Non, avait-elle répondu.

-    Eh bien elle n’a pas d’argent pour payer son enterrement. Tu en as une mère comme ça, toi ?

Elle avait préféré se taire plutôt que de dire n’importe quoi ; mais elle n’avait pu s’empêcher de sourire malgré tout.

-     Oui, c’est ça la vie, c’est sourire, même des merdes qui arrivent à tes copains. Tu sais, ma mère, je préfèrerais qu’elle meure tout de suite. Je suis même prêt à payer son enterrement sur le champ si elle veut. J’ai mis beaucoup d’argent de côté, beaucoup. Seulement elle, elle préfère attendre !

Elle se demanda – son esprit perfide était sans doute en marche – ce que souhaitait cette mère-là...

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 > >>
Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés