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Presquevoix...

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17 novembre 2007

Comment habiter son âge ?

Non, Franchement, tu ne fais pas ton âge, mais alors pas du tout !… Mais si, je t’assure, tu fais beaucoup plus jeune !!! Toi, par contre, c’est marrant, mais on te donne pile le tien ! Mais  attends… ça pourrait être bien pire, tu pourrais aussi faire beaucoup plus que ton âge ! Bien sûr, on préfère toujours faire plus jeune, mais bon, c’est pas une catastrophe quand même ! Au moins toi, tu annonces la couleur d’entrée de jeu ! Comme ça, pas d’équivoques !… Ah, parce que toi  tu croyais que … ? Tu sais que j’aime pas mentir ! Pourquoi les femmes ont cette fichue manie de vouloir toujours paraître plus jeune ?… Dis, au fait, et moi, tu me donnes quel âge ?…. Hein ? Quoi ? Tu exagères, je sais que je me suis couchée tard hier, mais quand même ! Rassure-moi, tu te moques de moi ou quoi ? Quand je pense que je… je… que j’ai à peine…

16 novembre 2007

De tout et de rien.

Entendu à la radio aux nouvelles du matin le surnom que certains journalistes donnent au président français : l’agité !

Alors que la langue de bois ou l’art de parler pour ne rien dire des politiciens suisses fait fureur dans mon pays, c’est un délice d’entendre les politiciens d’ici parler et s’exprimer dans un langage clair et précis.

Lu hier sur l’encart culturel du journal La Presse* un article dont le sujet est : « Les écrivains payés à leur juste valeur ? » où il ressort que, trop contents d’être publiés, les écrivains acceptent de travailler en moyenne 700h sans savoir, ni pouvoir vérifier si ce que l’éditeur va leur verser correspondra vraiment aux exemplaires vendus. Au temps du code-barres et de l’informatique, celui de la transparence aurait-il été laissé aux oubliettes ?

Alors qu’il pleut à Montréal, il neige en Suisse ? Me serais-je trompée de pays ?

Les feuilles mortes jonchent les rues. Avec la pluie, le sol devient glissant et avec la neige, ce sera comment ? Lu** qu’il est courant de glisser sur les trottoirs de Montréal en hiver, qu’en est-il de glisser sur les feuilles mortes en automne ?

*www.cyberpresse.ca/arts

** guide de survie des européens à Montréal, Hubert Mansion

15 novembre 2007

L’érable devant mon balcon...

L’érable devant mon balcon a perdu toutes ses feuilles, il est nu comme le sont les autres arbres de ma rue, il est nu et paré pour l’hiver qui s’annonce en dents de scie.

Depuis que les feuilles jonchent le sol, la perspective de ma rue a changé. Je découvre les façades que je ne voyais pas avant, j’admire les escaliers métalliques en colimaçon qui ornent certaines façades et qui donnent cette particularité aux rues de Montréal. Je ne savais pas que ces escaliers en fer, glissants et dangereux en hiver, se situaient à l’extérieur pour deux raisons précises : permettre le recul des façades et ainsi donner plus d’espace à l’horizon et diminuer le coût de construction car un escalier interne revient plus cher.

Au loin, le Mont Royal est devenu gris et terne, je préfère le regarder le soir quand la croix à son sommet, brille dans la nuit. J’attends avec impatience la neige, image illusoire de blancheur immaculée dans cette ville ou la gadoue remplace rapidement cet or blanc m’a-t-on dit.

15 novembre 2007

Envol…

Pourquoi nos rêves sont-ils plus beaux que nos vies ?

bluedanse

14 novembre 2007

Comment faire disparaître un homme ?

Chaque jour elle déposait un mot – ou deux -  dans sa poubelle, les mots des lettres qu’il lui avait envoyées et qu’elle dépiautait consciencieusement. En désossant ses phrases, elle désossait son souvenir. Comme il ne lui avait écrit que 7  courtes lettres, elle en aurait fini assez vite avec lui. Le précédent, par contre, il lui avait fallu  douze longs mois pour le faire mourir, c’était un amoureux des mots … Il l’avait aimée un mois, à raison d’une lettre tous les deux jours, et pas n’importe quelles lettres, des lettres longues et romantiques qu’elle avait presque eu le tort de  croire. Quant au premier - un rustre - la seule missive qu’il lui avait écrite, c’était ces trois  phrases obsédantes griffonnées à la hâte sur une enveloppe : « Tu es trop névrosée pour moi. Je pars. Ne cherche surtout pas à me revoir. » 

13 novembre 2007

Petit guide de survie au quotidien…

Dès le matin, devant la glace,  répétez-vous plusieurs fois « L’enfer, ce n’est pas les autres, c’est la façon dont je vois les autres. » Lorsque vous partez travailler, chantonnez quelques notes d’une mélodie rythmée que vous aimez particulièrement… En arrivant sur votre lieu de travail, dites des bonjours « sonores » et « enjoués ». Si l’un de vos collègues de travail ne vous répond pas, approchez-vous de lui – en gardant une distance respectable - et répétez ce bonjour qu’il n’a peut-être pas entendu ; après tout, qui sait ? Si l’un  de vos collègues s’adresse à vous de façon agressive, marquez un temps d’arrêt et exprimez-lui ce que vous ressentez d’un ton bienveillant. S’il persiste dans sa mauvaise humeur, dites-lui que vous comprenez qu’il puisse être irrité, mais êtes-vous responsable de ses états d’âme ?
Si vous sentez une petite défaillance à l’égard du genre humain en cours de journée, pensez que les autres sont sensibles à ce que vous montrez… Interrogez-vous donc sur cette petite rechute passagère et essayez de revenir graduellement à des sentiments plus positifs à votre égard et donc, à l’égard des autres.
Voici, en somme, les conseils que je pourrais me donner tous les matins. Hélas, non seulement je me les donne rarement, mais  je les applique encore plus rarement que je me les donne…

13 novembre 2007

NYC

« Quelqu’un prononce le mot New York et les conversations freinent aussitôt et les mêmes mirages ensorcelants traversent les yeux de ceux qui n’y sont jamais allés et de ceux qui y sont demeurés. »*

Ce qui me frappe le plus à NYC (New-York City) c’est le bruit ! Persistant, omniprésent, continu, incessant, ininterrompu. Les sirènes des ambulances, quand elles cherchent à se faufiler dans le long fleuve de voitures bloquées aux intersections, sont assourdissantes et à crever les tympans. Les voitures de police ne sont pas en reste et leurs sirènes doivent faire partie du paysage sonore familier de cette ville tout autant que les klaxons des taxis.

Ville de la démesure, elle se fait aimer ou rejeter. J’ai eu la chance d’habiter à moins d’une heure et demie de train de son centre à la fin des années huitante et j’ai joué à la guide pour nos amis et parents qui voulaient s’y frotter. A l’époque, je l’aimais bien cette ville, j’en suis moins sûre aujourd’hui.

*Monique Proulx, Le cœur est un muscle involontaire (2004)

13 novembre 2007

Le « pousse-pousse » à New York

Est-ce un nouveau procédé pour lutter contre la pollution ?

Est-ce une façon de diminuer le bruit persistant du trafic ?

Est-ce une alternative humaine aux calèches de Central Park ?

Est-ce un nouveau « truc » à la mode ?

Est-ce un nouveau programme santé pour jeunes en recherche d’exercices ?

Est-ce l’émergence d’une nouvelle façon de vivre ?

Je parle de cet original moyen de locomotion pour touristes : le pousse-pousse new-yorkais. Un homme (jeune et fort du mollet) pédalant sur un vélo dont l’arrière est constitué d’un banc roulant avec capote de couleur. Assis bien sagement sur le banc, un, voire deux touristes qui ont l’air de se demander si ils sont bien dans la Big Apple et non pas dans un pays d’Asie.

Nous avons résisté à l’appel sonore (gling-gling) et muet (yeux doux) de ces taxis d’un genre nouveau et dépourvus de relents polluants en nous demandant de quelle couleur seront leurs poumons dans quelques années ? A moins que la ville ne fasse disparaître définitivement tout autre moyen de locomotion…je peux toujours rêver à cette ville, devenue silencieuse, à l’air pur et dont les seuls bruits seraient des chants d’oiseaux.

12 novembre 2007

Les écumeurs de plage

paulocaminhar

Ils marchent à grands pas
laissant sur le sable des  traces de mémoire
que la mer dévore sans regrets…

* Photo de Paulo Lobo

11 novembre 2007

L’obsessionnel

Quand il l’a rencontrée, il lui a dit gêné, en esquissant un vague sourire.

– Je n’aime pas le désordre.

Sur la table du café, il a remis les cuillères dans les soucoupes et a disposé symétriquement les tasses. Elle n’y a pas fait attention.

Un mois plus tard, il lui a dit.

– Je ne supporte pas  que des choses traînent sur les tables.

Elle venait juste de lui servir le café dans le studio qu’elle louait au cinquième étage et avait oublié de ranger les revues éparses. Elle lui a répondu souriante.

– Je débarrasse tout de suite.

Six mois plus tard, alors qu’il était assis à côté d’elle, sur le canapé, il a articulé d’une voix ferme.

– Je ne tolère pas la négligence.

Elle lui a demandé à quoi il faisait allusion mais il n’a rien voulu ajouter.

Un an après leur première rencontre, il la demandait en mariage.

– Je te rendrai heureux, lui a-t-elle juré.

Il s’est contenté de rétorquer

– Si tu veux que je sois heureux, que chaque chose soit à sa place !

Elle l’a regardé surprise mais elle n’a pu qu’acquiescer. Elle l’aimait.

Le lendemain de leur mariage il lui disait.

– Je ne coucherai avec toi qu’une semaine sur deux.
– Mais pourquoi ? s’est-elle étonnée.
– J’aime qu’il y ait des règles strictes, a-t-il précisé.

La semaine suivante il lui annonçait.

– Nous diviserons le réfrigérateur en deux côtés égaux : un pour toi, un pour moi.
– Mais pourquoi ? A-t-elle essayé de résister.
–  J’aime savoir où se trouvent mes affaires.

Elle n’a pas répondu mais une larme a roulé sur sa joue.

Un mois plus tard il criait.

– Je ne supporte plus ton désordre. Tes affaires me sont devenues intolérables.

Le lendemain elle les faisait disparaître dans des cartons, les mains tremblantes et le front soucieux. Il l’a remerciée sans rien ajouter.
Sept mois plus tard, elle lui annonçait qu’elle était enceinte ; elle avait oublié de prendre sa pilule. Il lui a dit d’une voix blanche.

– Et ça te fait plaisir ?
– Tu m’en veux ?
– Un enfant n’a pas sa place ici.

Elle n’a  rien trouvé à répliquer.

Un an après leur première rencontre, elle l’a vu parler avec un homme en blouse blanche devant la grande maison en brique rouge entourée de hautes grilles noires mais elle ne l’a pas entendu, elle était déjà à l’intérieur. Il disait.

– Elle a toujours été bizarre, hésitant à dire ce qu’elle pensait, comme si elle avait peur de quelque chose, jusqu’à cet acte de sauvagerie qui m’a obligé à prendre des mesures. Je ne voulais pas, mais comment garder le silence… Il y avait du sang partout. C’était horrible… tout était en désordre. Comment a-t-elle pu ? C’était la chair de sa chair ! 
– Ne vous en faites pas, a répondu l’homme en blouse blanche, nous la soignerons bien, c’est tout ce que je peux vous garantir pour le moment. Soyez tranquille, le temps fera son œuvre.

Et derrière les barreaux de la fenêtre, elle l’a vu s’éloigner sur l’allée bordée de grands arbres, laissant loin derrière lui la silhouette de l’ homme en blouse blanche. Elle a pleuré longtemps.
Une semaine plus tard, elle s’est suicidée : deux veines tailladées d’un coup sec.

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