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Presquevoix...

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27 décembre 2010

La cellule de dégrisement

C’était un amoureux du bon vin. Quand ils allaient chez des amis et qu’on lui demandait s’il n’avait pas peur de reprendre le volant avec tout l’alcool ingurgité, il regardait sa femme et répondait invariablement :
- Moi, j’ai ma petite cellule de dégrisement personnelle.
Quand il disait ça elle le détestait, mais pas moyen de le faire changer de disque à moins qu’un jour…

26 décembre 2010

Le voisin

Certains mentent la nuit et ne retrouvent plus le fil de leur vie... Pour lire le texte, c'est ici. Le texte est de gballand et le collage de Patrick Cassagnes.

25 décembre 2010

Le Père Noël

On m’a retourné ma lettre au Père Noël. Je  ne comprends pas. Est-ce qu’à 40 ans on ne peut plus croire au Père Noël ? L’infirmière m’a présenté les choses avec tact :
- Ma petite Eliane, j’ai quelque chose à vous dire qui ne va pas vous faire plaisir : le père Noël m’a renvoyé votre lettre.
- Mais pourquoi, lui ai-je fait en m’énervant, c’est pas juste !
Elle s’est montrée évasive. Je crois surtout qu’elle ne veut pas me contrarier. On a dû lui dire que je n' étais pas commode. Et puis elle a fini par me mettre sur la piste :
- Le Père Noël nous a écrit pour dire qu’il ne pouvait pas trouver la pilule que vous vouliez ; il faut que vous refassiez votre lettre !
Je n'ai rien dit mais quand elle a été partie j’ai pleuré. Je ne voulais quand même pas grand-chose, juste une pilule pour ne plus prendre ces putains de médicaments qui me font ressembler à un zombie. Qu’est-ce que je vais lui demander maintenant au Père Noël ? A la cafétéria, j’ai rencontré Didier et il m’a donné une idée :
- T’as qu’à lui demander  un fil d’Ariane au père Noël ! Et une fois que tu seras dehors, tu les boufferas plus, tes  médicaments !

Oui, c’est pas bête ça, les fils ça peut se trouver n’importe où. J’en ai parlé à l’infirmière et elle m’a dit que Didier ferait mieux de garder ses idées pour lui. Bon, c’est décidé, je ne vais rien lui demander au Père Noël, après tout, ce type, il n'a jamais rien fait pour moi quand j’étais enfant alors je ne vois vraiment pas pourquoi il commencerait…

24 décembre 2010

La dinde était froide

Au téléphone,  je n’ai pas voulu le croire, pourtant je suis immédiatement parti chez lui. Quand j’ai frappé à sa porte il a tout de suite répondu :
- C’est qui ?
- C’est moi, Jean Marc !  Je viens parce que tu m’as dit que « la dinde était froide » !
- Je t’ouvre.
Il était blanc comme un linge, J’ai même cru qu’il allait faire un malaise.
- Elle est où ? lui ai-je demandé immédiatement.
- Au congélateur !
- Quoi ?
- Ben oui, où tu voulais que je la mette ?
Quand il a ouvert le congélateur - le grand qu’il avait acheté le mois dernier pour soi-disant mettre ses provisions pour le mois - elle était là, toute recroquevillée. Heureusement qu’elle ne faisait qu’un mètre cinquante et qu’elle était menue sinon il n’aurait pas pu la faire rentrer.
- Mais pourquoi ? Lui ai-je demandé atterré.
- Pourquoi ? Mais parce que ! Qu’est-ce que tu veux que je te  dise ! Et puis ça lui apprendra !
Je me suis assis car je n’en croyais pas mes oreilles. Ça  lui apprendrait quoi ? Il était devenu fou ! J’aurais dû le sermonner, lui dire que je ne pouvais pas cautionner ça, mais comment aurais-je pu, vu sa détresse ?
- Bon, m’a-t-il dit, qu’est-ce qu’on fait ?
- Va me chercher deux grands sacs en plastique  et approche ta voiture de la porte d’entrée.
Il est parti sans demander son reste. Quand il est revenu, je lui ai demandé de m’aider à la sortir du congélateur. C’est à ce moment-là qu’il s’est effondré en sanglots :
- Je l’aimais moi, je l’aimais.
Je n’ai pu m’empêcher de lui dire en l’engueulant :
- Tu l’aimais, peut-être, mais ça  t’a pas empêché de lui donner un coup de marteau où tu sais ! Alors maintenant, tu la boucles et tu portes.
Il a cru bon de conclure en disant :
- T’as jamais eu de cœur ! Tu sais pas ce que c’est d’aimer !
J’ai failli vomir  mais je me suis retenu. Quand je pense que ce salaud essayait de se justifier ! En tout cas, la prochaine fois qu’il me présentera une copine,  je lui rappelerai qu'il m'a donné son congélateur et qu'il n'a plus d'endroit où mettre ses dindes…

PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"

23 décembre 2010

L’eau de cologne

Sa grand-mère avait toujours aimé l’eau de cologne mais, avec l’âge, l’eau de cologne avait peu à peu remplacé les douches. Cinq ans après sa mort, il lui restait encore d’elle ce souvenir un peu rance…

22 décembre 2010

La plaque

murLa plaque avait disparu du jour au lendemain. Il était pourtant sûr qu’elle habitait là. Il était même venu la semaine passée. Il  avait sonné et elle lui avait ouvert immédiatement comme elle le faisait tous les mardis à la même heure. Il n’avait pas pu rêver ça pendant un an, un an tout de même c’était long, une illusion ne dure pas si longtemps. Il eut la tentation de s’informer, mais non, il partit, il avait toujours préféré partir plutôt que de se confronter à la réalité. Il continua l’allée des soupirs, tourna à droite, rue de la résistance, descendit la rue des alouettes, puis longea la rue Paradis qui le mena droit au Canal. Il s’assit sur l’un des bancs qui longeait l’eau grise et réfléchit. Il repartit entre chien et loup, mais quand il voulut revenir chez lui, il se rendit compte qu’il ne savait plus où il habitait…

PS : Texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes du blog sucrebleu

21 décembre 2010

Le départ

Chaque jour, les rituels de départ au travail étaient de plus en plus éprouvants, il vérifiait ci, puis ça, il revenait chercher des documents, puis d’autres, il oubliait son portefeuille, puis revenait le prendre, jusqu’au jour où il ne partit plus  travailler car, une fois les rituels accomplis, il était déjà l’heure de rentrer du travail.

20 décembre 2010

Les étrennes

Quand il voulut mettre le courrier dans la boîte aux lettres du numéro 34, un chien surgi de nulle part lui attrapa la manche et ne la lâcha pas. Il eut beau la secouer dans tous les sens, l’effroyable roquet tenait bon. Une femme glapit de derrière la haie :
- Il est pas méchant, pas la peine d'avoir peur ! et encouragea l’animal à abandonner sa proie.
La dame sortit de derrière les branchages et lui dit :
- A chaque fois qu’il y a un étranger c’est pareil, pourtant il est gentil, je vous assure.
Le facteur, mal remis de ses émotions, conclut d’une voix sèche :
- Quand on a un roquet comme le vôtre, on l’enferme chez soi ou on a une boîte aux lettres ailleurs.
Il pensa que cette année, au 34,  ce ne serait pas la peine de passer avec ses calendriers, il n’y aurait pas d’étrennes…

19 décembre 2010

Les ombres

S’il ne l’avait pas vue sur le carrousel, dans sa robe blanche, rien ne serait peut-être arrivé….

Le montage est de Patrick Cassagnes et le texte de gballand.  Pour lire le texte, c’est ici

18 décembre 2010

La caissière

Contre toute attente, il s’exhiba devant la jeune caissière* du supermarché. Si elle fut surprise, elle n’en montra rien et lui dit sans sourciller :
- Nous n’acceptons que les cartes bleues ou les chèques monsieur.
Le monsieur en question – un homme de taille moyenne d’une soixantaine d’années -  remballa très vite ce qu’il avait eu le toupet de sortir et partit sans demander son reste. Il en oublia même ses articles sur la caisse, mais la jeune femme ne le rappela pas.


*Titre d’un fait divers de Paris Normandie

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