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Presquevoix...

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6 janvier 2011

Le nègre

Cet homme politique de renom voulait écrire un livre. Il pensait que le moment était venu pour lui de publier, une étape dans sa carrière. Il avait une idée : le titre. Pour  le reste, c'était à moi de jouer. J’acceptais. Bien sûr mon nom n’apparaîtrait pas sur la couverture, mais la somme qu’il me proposait pour écrire ce livre était loin d'être négligeable. En travaillant une semaine avec lui  je m’aperçus d’une chose : il n’avait rien à dire et tenait à le faire savoir.

PS : pour avoir quelques renseignements croustillants sur les nègres, lisez cet article : profession nègre

5 janvier 2011

Les ronds dans l’eau

honfleur_dimIl l’avait connue en faisant des ronds dans l’eau, une habitude des jours de déprime. D’une pierre lancée dans l’eau, l’inconnue avait rompu le charme des cercles qu’il s’amusait à créer sur la mer impressionniste.
- T’en a pas marre des cercles, ça fait dix minutes que t’en fait ? lui avait-elle lancé narquoise.
Il l’avait juste regardé sans rien dire. Inutile de se mettre en colère pour une paumée qui n’avait rien de mieux à faire que d’emmerder le premier venu. Elle avait posé son sac à dos et s’était assise à côté de lui :
- Je cherche quelqu’un pour aller prendre un café et je me suis dit pourquoi pas toi ?
Il l’observait, curieux : ni belle ni moche, des cheveux en bataille, une grande bouche et cet air perdu de ceux qui n’ont aucun but si ce n’est savoir où ils coucheront le soir même. Lui, il se foutait des filles, d’ailleurs il se foutait de tout, surtout de la vie. Il joua leur rencontre à pile ou face : pile je pars, face je reste.
- T’as une pièce ?
Elle lui tendit un euro qu’il lui demanda de lancer.
- Face, lui dit-elle.
- Alors  d’accord pour le café.
Elle parla tout le long du chemin. Il l’écoutait en hochant la tête, il ne savait faire que ça, pas le goût aux mots superflus. Ils finirent par s’arrêter devant une terrasse ensoleillée où ils s’assirent. 
- Tu parles jamais ?
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
- Je sais pas, ton nom, ce que tu fais…
- Je  m’appelle pas.
Elle le considéra d’un autre œil, ce type qui ne s’appelait pas était sans doute sa chance puisqu’elle aussi avait oublié son nom.

PS : texte écrit à partir de cette photo de C. V. prise à Honfleur en 2008.

4 janvier 2011

Le casque

Depuis qu’il avait eu un casque pour Noël, il passait sa journée déguisé en martien et la communication était devenue impossible. Il ne l’enlevait que pour dormir, et encore… Ses parents avaient failli consulter un pédopsychiatre, mais à quoi bon, il y avait bien longtemps qu’ils ne vivaient plus sur la même planète.

3 janvier 2011

Les vœux du président

Les six cartes étaient étalées devant lui, toutes aussi moches les unes que les autres, et son carnet d’adresses étaient ouvert. S’il n’y avait eu que lui, jamais il n’aurait écrit de cartes de vœux, mais il y avait les convenances. Six cartes, six enveloppes, toutes prêtes à être envoyées. Il ne restait plus qu’à écrire le même texte six fois de suite. Après une demi-heure de travail acharné, règle et stylo en main, il ferma les enveloppes et alla se chercher une récompense dans le frigo. Il revint dans la salle à manger avec un pack de bières. Six canettes de Kronenbourg qu’il plaça devant lui sur la table : une bière par carte, il le méritait bien ! Après la troisième canette, il alluma la télé : c’étaient les vœux du président. Dès qu’il vit le bouffon désarticulé il grogna, puis quand il entendit sa voix, il éructa :
- Va te faire foutre ! Travailler plus pour gagner plus, mon cul, t’es bien le seul à en avoir profité ! Allez, casse-toi !
Mais le président ne l’écoutait pas, il continuait à enfiler ses clichés comme des perles sur un rosaire alors que lui avalait ses bières. Il en était à sa cinquième bière quand il entendit le président annoncer solennellement :
- Je veux vous adresser mes voeux, mes voeux  de bonheur les plus sincères pour cette année 2011…
C’en était trop. Malgré son état d’ébriété avancée, il appuya sur off et quand l’écran fut noir il ânonna :
- T’es mort connard, t’es mort et compte pas sur moi pour te ressusciter !

2 janvier 2011

Le silence

« Un jour, alors qu’elle l’observait,  il lui avait dit, méprisant : Tu pues le poisson ! » Si vous voulez lire le texte, c'est ici. Le montage est de Patrick Cassagnes et le texte de gballand.  

1 janvier 2011

Le portable

Il avait ingéré son portable le 30 décembre à 18 heures - une thérapie contre la dépendance avait-il précisé à un ami - mais dans la nuit du 31, il avait ressenti de telles douleurs abominables qu'il avait dû être transporté aux urgences du CHU de Rouen…

31 décembre 2010

L’acteur

Son physique de rêve lui avait permis de passer la barrière du casting, mais dès le premier jour de tournage, il s’avéra tellement mauvais qu’on remodela le scénario pour le faire mourir au troisième épisode.

30 décembre 2010

Le cocu

Elle était partie, grand bien lui fasse, il n’aurait pas de mal à vivre sans elle. Seulement, elle était partie parce qu’elle en aimait un autre et cela changeait bien des choses. Juste après son départ, il descendit à la cave pour chercher un carton. Il en trouva un blanc qui conviendrait à merveille.
Après le déjeuner, il commença à travailler sur la grande table de la salle à manger. Il découpa le carton de façon à en faire une pancarte et écrivit au feutre noir, en très gros caractères, des mots qui claqueraient au vent de son infortune. Ensuite, muni d’un escabeau, il sortit et fixa la pancarte juste au-dessus de la porte d’entrée. Il recula de quelque pas et la  contempla  satisfait : « La maison du cocu ». C’était parfait. Maintenant, il pouvait dormir sur ses deux oreilles, les voisins sauraient à quoi s’en tenir et lui aussi.

29 décembre 2010

Les pancartes

Au bout de quarante ans de vie commune, il avait décidé de communiquer avec elle par pancartes interposées. Le week-end passé, il en avait créé six  : Parle plus fort ! – Tais-toi ! –  Eteins la lumière ! - Qu’est-ce qu’on mange ? – Tu as fait les courses ? A quelle heure tu reviens ?
Il était assez satisfait du résultat. Maintenant, il n’avait plus besoin de lui adresser la parole.

28 décembre 2010

Les lettres anonymes

Elle s'envoyait des courriers anonymes depuis un mois et, à chaque courrier reçu, elle en parlait à ses voisins. Tous lui avaient conseillé d'aller voir la police, ce serait plus prudent ; mais qu'est-ce qu'elle attendait pour le faire ? Que l'irréparable se produise ?
Elle se décida la semaine suivante, le jour où elle reçut ces mots dont elle avait patiemment découpés  les lettres dans la dépêche du midi :
" Ta dernière heure est arrivée. Les connasses de ton espèce ne méritent pas de vivre."
Cette fois-ci elle était allée trop loin dans la détestation de soi, il fallait que quelqu'un l'arrête ; n'était-elle pas capable de mettre son projet à exécution ?

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