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Presquevoix...

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1 février 2012

Les phrases

C’était un collectionneur de phrases, des plus belles aux plus étranges. Il les accumulait dans des carnets qui garnissaient ses étagères. Voilà 40 ans qu’il s’adonnait à cette passion. Il ne voulait pas qu'elles tombent dans l’oubli. Bien sûr, quand il mourrait – parce que la mort ne l’oublierait pas, elle avait une excellente mémoire – il était sûr que d’autres prendraient soin de ses phrases.

La dernière phrase qu’il avait notée dans son carnet vert, juste avant de mourir,  c’était une pensée personnelle :

«  La mort est suspicieuse. La nuit dernière, elle m’a demandé si j’étais en règle avec la vie. »

PS : texte écrit à partir de quelques éléments piochés dans cet article de Libé sur Franquin « Sautes d’humour ». Un article que Patrick appréciera sûrement… ;.)  

31 janvier 2012

L’actrice

Cette actrice américaine, que les agences de notation avaient longtemps cotée AAA,  n’avait eu d’autre plaisir dans sa vie que celui d’être admirée. Maintenant que les années avaient sérieusement entamé son « capital », une simple caresse sur sa  main tachetée de fleurs de cimetières lui aurait suffi…

30 janvier 2012

Je veux plus tes vœux

voeuxTous les ans, il lui envoyait une carte de vœux le 30 janvier ; non parce qu’il voulait lui faire plaisir, non, juste pour l’empoisonner, une petite vengeance de l’enfance.
Il savait qu’elle serait obligée  de sortir sa règle et son crayon à papier, qu’elle tracerait des traits avec application sur la carte achetée à contrecœur,  et surtout – surtout -  qu’il lui faudrait trouver des mots pour remplir les lignes vides.
D’ailleurs, d’année en année, il remarquait que  les lignes s’étaient réduites. La dernière carte n’avait que quatre misérables lignes :

Merci de tes voeux
Reçois les miens et surtout la santé
Une  bonne année,
Simone. »

29 janvier 2012

Le trapèze

raphCe n’était pas difficile, il fallait juste qu’elle tienne. Faire attention aux bras,  aux mains,  sans oublier la tête qui parfois se laissait distraire et  pouvait   lâcher sans prévenir.  La dernière fois, elle avait juste pensé à lui et la bobine s’était dévidée à toute allure.
Quand elle avait rouvert les yeux, une série de visages était penchés au-dessus d’elle. Elle leur avait assuré que tout allait bien, qu’elle allait se reposer, rentrer chez elle et que dès le lendemain, tout rentrerait dans l’ordre. Seulement, la nuit qui avait suivi sa chute, elle avait fait un cauchemar. Elle voltigeait, faisait une figure, puis deux, mais le porteur  ne la  rattrapait pas, exprès, et le porteur : c’était lui.
Elle s’était réveillée en hurlant. Il avait essayé de la calmer, en vain. Elle l’avait même traité de « salaud », il n’avait pas compris…

PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par R. B.

28 janvier 2012

Le hamster

La dernière fois que son chef de service lui avait demandé de rester un peu plus tard, elle lui avait dit que vraiment c’était impossible, que son hamster était malade, qu’il était seul à la maison et qu’elle devrait rentrer.
Le chef de service avait fini par ânonner  « Votre hamster ? » et elle avait acquiescé en ajoutant que déjà le matin-même il était fébrile.
Son chef de service n’avait rien répondu mais il s’était dit qu’il faudrait sans doute qu’il se débarrasse d’elle au plus vite…

27 janvier 2012

Le boot camp commando

Son nouveau petit copain  lui avait dit le plus grand bien du boot camp commando du club Med, et elle l’avait suivi les yeux fermés, il était tellement beau. Sans doute n’aurait-elle pas dû lui faire confiance. Un ancien parachutiste, nostalgique de la grande fraternité de l’armée et des chambrées à 10, ne pouvait pas être de bon conseil.
Quand elle est arrivée  à Pompadour, elle a été surprise de l’accueil du « sergent-chef ». Le type avait le crâne rasé, un treillis vert, un béret et des lunettes de soleil vissées sur les yeux. Il  leur  a indiqué leur « campement » respectif et leur a  dit, avec un rictus qui se voulait un sourire, que le lever serait à 5 h. Pour ajouter aussitôt, en détaillant sa jupe étroite et ses mocassins.
-    Et demain, tenue sportive, hein ? On commence par de les sauts d’obstacles et les pompes !
Son petit ami est parti guilleret vers la tente des garçons ; quant à elle, elle s’est résignée à aller vers la sienne, le regard morne. Elle appréhendait le lever à 5 heures, mais ce qu’elle craignait le plus, c’était le reste : il y avait 3 ans qu’elle ne faisait plus de sport.


PS : texte écrit à partir de ce petit article du Figaro.

26 janvier 2012

Le craquement

Ce matin-là, alors que  mon fils mangeait ses miel pops, avachi sur la table de la cuisine, je n’ai pu m’empêcher de lui dire :
- Tu en as fait tomber un par terre.
Il m’a répondu taciturne qu’il allait le ramasser. Je dois signaler que mon fils ne fait jamais les choses tout de suite, il se laisse toujours un temps pour la réflexion.
15 minutes plus tard, je suis revenue dans la cuisine qu’il avait désertée, pour mettre le linge dans la machine à laver. Soudain, j’ai entendu un craquement suspect qui ressemblait fort au craquement d’un miel pops sous une semelle énervée. J’ai lentement soulevé mon pied droit et  je l’ai vu de mes yeux vus : le miel pops était bel et bien collé à ma semelle. J’ai failli dire « Connard ! », mais non. A quoi cela servirait-il de s’énerver contre un miel pops ?

25 janvier 2012

La glace

Hier, mon mari est resté planté devant la glace de la salle de bain pendant de longues minutes. Je n’ai pu m’empêcher de lui demander.
- Ben qu’est-ce que tu fais ?
Il m’a répondu d’une voix monocorde.
- Je m’habitue !
- A quoi ?
- A moi.
J’aurai pu lui dire qu’il n’était pas au bout de ses peines, mais je me suis tue. Inutile de l’accabler, il ne manquerait plus qu’il fasse une dépression...

24 janvier 2012

Le petit boudoir de Mademoiselle

Dans le petit boudoir de Mademoiselle, elle s’était souvent endormie de fatigue,  mais c’était il y a longtemps, quand elle jouait les chaperons, à la demande de sa mère.

Maintenant, elle a 17 ans et elle se tient très droite dans le petit boudoir de Mademoiselle, car Mademoiselle l’observe sous toutes les coutures et lui dit d’une voix cérémonieuse.

-    Ma petite, l’heure est venue. Ne bouge pas ! et elle s’éclipse dans un envol de frou-frou.
Elle aurait voulu l’interroger, mais Mademoiselle est pressée. Dix minutes plus tard, le visage radieux,  Mademoiselle pénètre dans le boudoir avec un homme - un lointain cousin précise-t-elle – puis elle  referme la porte sur eux.

Après un toussotement gêné, l’homme  rompt un silence devenu pesant.

- Mademoiselle m’a dit que Madame votre mère souhaitait vous voir mariée.

Elle, mariée, comment avait-on pu parler de son mariage et ne pas l’en aviser ? Elle regarde l’homme un peu rougeaud dont le col trop serré comprime la chair abondante du cou. Mon Dieu, comme il est gauche ! Et comme il est cocasse : chacune de ses inspirations semble menacer de faire sauter les boutons de son gilet guindé qui cache à grand peine un embonpoint préoccupant.

Contre toute attente, il s’approche d’elle. La jeune fille recule, surprise. Il lui prend la main. Elle la lui retire brutalement. Il s’approche à nouveau. Elle se retrouve immobilisée contre le mur du boudoir, du côté opposé à la porte. Ahanant, il  plaque alors son gros corps congestionné contre le sien, si délicat, et c’est à ce moment-là qu’elle  crie ; un cri  d'effroi qui  résonne de la cave au grenier.

Quand Mademoiselle arrive, elle découvre horrifiée l’homme raide mort, aux pieds de la jeune fille. Elle hurle..


-    Jeanne qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous fait mon dieu ?

Et la jeune fille répond calmement.

- J’ai crié Mademoiselle, voilà tout.

PS : texte écrit dans le cadre des « impromptus littéraires »

 

23 janvier 2012

Le tatouage

Elle s’était fait tatouer le prénom  de son copain sur son épaule droite. Seulement, il y a deux jours, elle avait reçu un SMS qui disait : « C fini avec toa Kevin »
Depuis, elle n’arrivait plus à dormir. Qu’allait-elle faire pour masquer son putain de prénom sur son épaule ? Allait-elle devoir en trouver un qui ait le même prénom que lui ?

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