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Presquevoix...

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5 juillet 2012

Le chemin de croix

Pour avoir confondu deniers du culte et deniers du cul, l’amour du prochain et l’amour de la chair, l’eucharistie et la cocaïne, le voici, sans chasuble  ni livre de messe, devant des juges qui ne sont ni apôtres, ni enfants de chœur.
Il se souvient du  temps lointain où, pénétré, il  brandissait le calice devant le tabernacle. Il dit aux juges qu’il regrette d’avoir  troqué le seigneur pour  un berger cocaïnomane, mais il est trop tard. Ite missa est.

PS : texte écrit à partir de cet article lu dans le figaro.

4 juillet 2012

Duo

Nouveau duo avec caro-carito, du blog les heures de coton. Le texte que vous allez lire est de caro-carito, quant à mon texte, il  est sur son blog. Cette fois-ci, Caro a suggéré de nous laisser porter par ce clip vidéo, cette citation d’Anne Hébert, tirée des fous de Bassan - « Dans toute cette histoire il faudrait tenir compte du vent, de la présence du vent, de sa voix lancinante dans nos oreilles, de son haleine salée sur nos lèvres. » - et cette liste de terrains de camping

 

Camping

Vacances, huit heures de route dans la 4L blanche. Je ne regardais pas le bord des champs, attentive à la première mouette. Avec elle, la mer et les vacances.

Je ne vais plus dans les campings. Rien à voir avec nos éternelles transhumances de la deuxième quinzaine d’août, mon psy en a finalement convenu. Je ne loue pas non plus du samedi au samedi, départ dix heures, ni ne fréquente les clubs Med ou les Centerparks. Tu sais que ce n’est pas une question d’argent, puisque je regarde juste mes comptes au cas où un quelconque escroc ne profiterait de mon inconséquence. Je préfère l’hôtel, les draps impeccables le soir après une ballade sur une jetée, le mini-frigo et ses mignonnettes, puissant remède à la solitude profonde. Surtout l’odeur des savonnettes qui ne rappelle aucune peau. Ou alors un sombre et bel inconnu de passage que le petit matin efface.

De nos vacances à Saubion, tu ramenais des films où l’on voyait papa, Hugo et le sable gris, un morceau de ciel, parfois cette ado plate qui les observait ; sans la bande-son, cela ressemblait presque à un trop-plein de bonheur, avec la petite touche d’ennui que les années estompent.

10 août. Si je laisse douze ans de villégiature familiale reprendre ses habitudes, je tourne au rond-point à droite, deux kilomètres et j’y suis. Le camping de la pomme de pin - pancarte flambant neuve annonçant la fin des toilettes miteuses et d’une pelouse inégale. Va pour les jacuzzis, la piscine chauffée et les gentils animateurs. Une bande sonore colorée qui embaume l’huile solaire, l’été convivial, le rosé.

Je préfère le silence d’un couloir moquetté, parfois un martini pomme dans le piano-bar d’un cinq étoiles. Un numéro, une clef. J’y suis même allée avec Paul et les jumelles qui savaient manger avec couteau fourchette et sans laisser la moindre miette sur les nappes impeccables. Je pars aussi seule.

Car vois-tu maman, pas de cris, pas de bande-son hurlante où papa et toi vous vomissiez dessus votre rancœur. Et tout ça jusqu’à ce que Hugo ne disparaisse et meure, seul, dans le squat de la rue des Carmes à Marseille. Pour moi qui restais, ce fut l’enfer et pour vous aussi avec après… la désertion. Oui, toi et papa. Mais surtout toi, ma mère, parce qu’après tout, à part au camping de la pomme de pin, papa n’était qu’une apparition temporaire. Violente certes, mais Hugo comme moi pouvions encore faire avec.

Je m’en suis sortie, à coup de gorgées d’alcool, de descentes et de bouffées d’espoir. En errant de chambre en chambre d’hôtel en lisière de mer, attentive à la présence des mouettes et au murmure du vent. Le goût sans fin du sel qui gomme encore tous vos cris, tous vos coups à l’âme.

Et quand, devant mes yeux fatigués, repasse le film des vacances sur une plage déserte ou parce qu’un camping est là, à deux pas, j’entends la beuglante de cette chanteuse. Je me dis que ce n’était qu’un mauvais vidéoclip, mauvais acteurs, mauvais scénario et tournage. Allez petite tire ton épingle de ce sale jeu. Concentre-toi, efface le son, joue du mieux que tu peux. Oui, joue puisque ne restera, après les coupes, que le souffle salé du vent et une histoire.

 

 



3 juillet 2012

Les rêves

C’était la 698ième fois qu’elle rêvait qu’elle ratait son baccalauréat et la 354ième qu’elle suivait son propre enterrement. Sa vie nocturne était un parcours du combattant…

2 juillet 2012

Le pantalon

C’étaient les soldes et il regardait les pantalons dans cette boutique, plutôt calme, en début de matinée. La vendeuse s’est approchée, souriante.
- Je peux vous aider ?
Il a répondu aimable, malgré sa haine atavique des vendeuses.
- Je cherche un pantalon, plutôt léger.
- Et vous faites quelle taille ?
Troublé par la question, il a fini par répondre.
- Oh, je ne sais pas, ça change tout le temps !
Elle l’a examiné attentivement et a conclu, péremptoire.
- Un petit 56, je pense !
Comment pouvait-elle oser ? Lui qui faisait du 50 six mois plus tôt !

1 juillet 2012

Le chien

banc2C’était là, dans les herbes folles, qu’il avait trouvé le chien mort  il y a 20 ans, et il ne l’avait jamais oublié. Des mouches, comme autant de soldats prêts à l’attaque, voletaient au-dessus de la plaie béante qui avait vidé l’animal de son sang. Alors qu’il contemplait la scène,  stupéfié, une main puissante l’avait saisi, lui avait passé une laisse autour du cou, et l’avait attaché au banc. Un homme dont il avait oublié le visage lui avait ligoté les poignets à l’aide d’une corde rêche. Avant de  partir, il lui avait dit.
-  Maintenant, t’as plus qu’à aboyer, comme ce connard que je viens de tuer ! Peut-être qu’on viendra te chercher. Vas-y,  aboie !  avait-il ricané.


Et il avait aboyé jusqu’à ce que l’homme disparaisse à l’horizon. Aujourd’hui encore  il aboyait ; mais personne ne l’entendait...

PS : texte écrit à partir de cette photo, gentiment prêtée par Patrick Cassagne.

30 juin 2012

Les autres

Quand elle avait rencontré son collègue de philo dans la rue, elle lui avait demandé s’il allait mieux ; il faut dire qu’ il était en congé maladie depuis trois mois. Il l’avait regardée étrangement puis  avait dit, en laissant sa phrase en suspens.
-  Moi, je vais beaucoup mieux, mais les autres…
Et il avait conclu.
-  Les autres sont fous.
Elle s’était demandée s’il parlait d’elle, mais non, pourquoi aurait-il parlé d’elle ?

29 juin 2012

La tunique

Hier, je me suis acheté une tunique dans une boutique «  femme forte », juste pour avoir l’air mince. La première taille, c’était le 42 -  pile poil la mienne -  la dernière le 60.
Quand j’en ai parlé à mon mari et que je lui ai dit que psychologiquement, cela m’avait fait un bien fou, il a conclu.
- Méfie-toi, quand on commence comme ça, on sait jamais où ça va s’arrêter.
Pourquoi devrais-je me méfier ? Décidément, je ne comprendrai jamais mon mari…

28 juin 2012

L’heure

C’était la troisième fois qu’il regardait sa montre  et il était toujours 8 h20. En demandant l’heure à un passant, il a prié pour que l’heure ait changé mais non,  l’homme lui a répondu qu’il était 8 h 20. Troublé, il s’est assis sur un banc et il a regardé passer - pendant ce qui  lui a semblé une éternité - les voitures sur le boulevard St Germain.
Au moment où le soleil se couchait à l’horizon, il a fait une dernière tentative auprès d’une femme qui promenait son chien. Elle s’est arrêtée, a consulté sa montre et lui a dit aimablement.
-    Il est exactement  8 h 20.
Il l’a remerciée, s’est rassis et il s’est mis à pleurer. Dorénavant il serait toujours 8 h 20. Personne à part lui ne semblait en être affecté…

27 juin 2012

Les emballages

Elle emballait tout dans des sacs en plastiques : les  produits d’entretien, les journaux, les produits de bain, les chaussures, les chaussettes... même sa carte vitale et sa carte d’identité étaient emballées. Elle ne supportait pas qu’un seul objet puisse vivre sa vie sans emballage. Et si elle avait pu s’emballer elle-même, elle l’aurait fait avec plaisir, c’aurait été une bonne chose de réglée.

25 juin 2012

Le slip

Isabelle lui avait dit qu’elle s’était tout de suite aperçue du jour où son mari l’avait trompée.
- Ah bon, mais comment ? avait répondu Sylvie qui se demandait justement si son mari était aussi fidèle qu’il lui jurait l’être.
- C’est tout simple, du jour au lendemain, Bertrand a changé de slips. Il est passé du slip classique taille haute, genre « hissez la grand-voile » au slip de couleur, taille basse, qui le comprimait de partout…
Une fois chez elle, Sylvie fouilla de fond en comble le tiroir où son mari rangeait ses slips. A première vue, rien d'anormal, mais en cherchant bien, elle trouva un slip vert qui ne ressemblait en rien à ce qu’il portait d’habitude…

PS : prochain texte, le mercredi 27 juin à 7 heures sonnantes !

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