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Presquevoix...
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27 novembre 2012

La frange

Alors que la coiffeuse se saisissait des ciseaux, elle avait eu le sursaut du désespoir.
- Ah non, pas de frange, je vais ressembler à ma mère !
La coiffeuse a juste répondu.
- Pourtant vous m’aviez dit...
- Je sais, mais je m’étais trompée, l’a-t-elle interrompue.
En se regardant dans la glace immense, sous la lumière blafarde, elle se disait qu’à 50 ans bien sonnés, elle avait de plus en plus l’impression d’être un clone de sa mère.
Elle a  fermé les yeux et ne les a pas rouvert, même lorsque la coiffeuse a dit " c’est fini "...

25 novembre 2012

Péremption

Avant-hier, sa voisine de 86 ans lui a aimablement donné une boîte de chocolat pour la remercier de l’avoir aidée à résoudre deux petits problèmes.  En rentrant, elle a vérifié la date de validité des chocolats et elle a lu : février 2010. Elle savait que sa voisine vivait dans le passé, mais à ce point ! La boîte a fini à la poubelle.
Quand sa voisine lui demanderait s’ils étaient bons, elle lui dirait : vous savez, ils n’ont pas traîné !

24 novembre 2012

FIN

Il  disait qu’il la trouvait merveilleuse, intelligente, drôle, aimante, mais il avait décidé de la quitter. Quand elle lui a posé le fatal   Pourquoi ?, il a juste répondu : je ne sais pas, ou peut-être si, tu es trop parfaite !
Hors d’elle, elle lui a décoché un coup de poing dans le nez. Il s’est aussitôt mis à saigner abondamment.
- Mais pourquoi ? a-t-il balbutié le visage en sang.
- Comme ça j’aurai au moins l’impression qu’il  y a un motif à ton départ.
Et elle a tourné les talons.

23 novembre 2012

L’installation

Au vol2_DHIl était sorti très tôt pour mettre l’installation en place et il en était  satisfait. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre : mais comment serait-elle comprise ?
Il s’était assis sur l’escalier à mi-hauteur, en plongée et il observait la réaction des gens. Quand le type en bleu est arrivé, il a tout de suite remarqué quelque chose de bizarre. Mais ce n’était rien à côté de ce qui allait suivre. L’homme s’est adressé à lui.
- C’est vous le préposé au confessional ?
Il n’a pas osé répondre que non et il a descendu l’escalier.
- Bon, comment on fait ? A demandé le type qui avait l’air pressé.
Et il a répondu naturellement.
- Eh bien vous vous asseyez aussi confortablement que possible, le dos tourné à la rue, je me mets derrière vous et je vous écoute.
En cinq minutes, le type lui avait raconté l’histoire la plus improbable qu’il n’ait jamais entendu. Ensuite, il est parti comme si de rien n’était, en emportant la chaise avec lui.
De son histoire, il en a fait un livre, épuisé aujourd’hui, auquel il a donné le titre suivant : “ confession impromptue ”

PS : photo gentiment prêtée par D. Hasselmann du blog Le Tourne-à-gauche.

22 novembre 2012

Dépression

Depuis que le médecin lui avait annoncé qu’il faisait une dépression – ce dont il se doutait depuis plusieurs mois – il se répétait en boucle, de nuit comme  de jour : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Mercredi, en s’asseyant dans le square des papillons, non loin de l’hôpital Beauséjour, il eut LA réponse, celle d’une enfant qui sautait à la corde. Comme elle l’entendait marmonner sa question, elle s’approcha de lui tout en sautant et dit : « Parce que tu es vivant monsieur. »
D’abord il  la regarda sans la voir, puis sa voix et ses deux yeux rieurs rentrèrent dans son champ de vision alors qu’elle répétait plus fort : « Parce que tu es vivant ! »
Il eut l’impression de se réveiller d’un long cauchemar. Comme il la remerciait, elle eut un petit rire claire et s’éloigna en sautant de plus en plus vite...

PS :  Et puis cette citation de Flaubert qui ne sera pas sans vous plaire, je pense  : « Il faut tout apprendre, depuis parler jusqu’à mourir ».

20 novembre 2012

Le train

On lui a demandé pourquoi il avait dégradé plusieurs voitures du train, pourquoi les accoudoirs avaient été arrachés et les sièges tagués et il avait répondu qu’il ne savait pas. Enfin, reprit le juge vous avez aussi brisé des vitres, vidé des extincteurs, tagués des grossièretés à l’extérieur des voitures, pourquoi ?
Finalement, l’homme a consenti à répondre.
- Je suis contre la privatisation du réseau ferré français.
Le juge n’a pu se retenir de sourire.
- C’est tout ce que vous trouvez pour vous justifier.
Alors, l’homme a poursuivi violemment.
- Oui, vous croyez que ça  suffit pas ? Vous verrez quand aucun train  s’arrêtera dans votre gare parce qu’elle est trop petite, quand vous  saurez même plus où vous renseigner pour connaître les horaires des trains, peut-être que vous aussi vous arracherez les accoudoirs !
Le juge lui a annoncé que ce serait six mois fermes et le type a ajouté en levant le poing.
- Vous verrez quand on vous fermera votre tribunal !

19 novembre 2012

Liberté ?

Il faisait la queue chez le marchand de journaux et il commençait à s’impatienter. Pour comble de malchance, la femme devant lui a demandé un bingo, un joker +, un keno, un rapido, un astro, un solitaire, un black jack et elle a terminé sa longue liste par Liberté dimanche.
La liberté de s’enchaîner ! a-t-il maugréé en soupirant bruyamment à plusieurs reprises...


16 novembre 2012

Mots pour maux

Elle lui avait juste dit de suivre le cours et d’arrêter de parler. Il lui avait répondu : " je m'en bats les couilles de votre cours ". Sonnée, elle s’était assise à son bureau, répétant la phrase en boucle. Puis soudain, elle s’était levée, avait soulevé le bureau et avait foncé droit sur l’élève en hurlant « Ah tu t’en bats les couilles ! On va voir ça si tu vas t’en battre les couilles longtemps ! », et le meuble avait valsé.
C’était il y a un an. Depuis, elle n’avait pas repris le travail…
 

PS : voici, sur Rue 89, un reportage intéressant sur les codes de langage chez les jeunes

15 novembre 2012

Twin paradox

Les lumières se sont éteintes, le spectacle va commencer. Elle a lu sur le prospectus donné à l’entrée qu’il s’agissait d’un spectacle intégré dans le festival “Automne en Normandie”. La présentation du spectacle – “extatique” comme à l’habitude – signalait “ la danse est par moment organique, comme avalée par la partition de Luc Ferrari, portée par une distribution de talents...”. Elle s’est calée dans son fauteuil pour s’extasier, elle aussi, devant ce Twin Paradox de Mathilde Monnier.

Au bout de 15 minutes, elle s'ennuient toujours mortellement. Les gesticulations des danseurs l’irritent, sans parler de la “partition”, et 10 minutes plus tard, elle décide qu’elle en a assez vu et entendu. Seulement, quand elle veut s’extirper de son fauteuil – elle est en bout de rangée – elle se rend compte que son manteau est coincé. Il lui faut se mettre à genoux dans l’allée centrale et tirer comme une folle à plusieurs reprises pour le décoincer. Heureusement, la salle est plongée dans le noir. Une fois délivrée, elle se précipite vers la sortie, heureuse...

PS : pour voir un extrait de Twin paradox, c'est ici.

 

12 novembre 2012

L’auteur

Aucun des nouveaux romans policiers sortis ces six derniers mois ne trouvait grâce à ses yeux. A l'aide de dix pseudos choisis avec soin, il éreintait les livres de ses confrères de commentaires assassins sur tous les sites de vente en ligne. Eliminer la concurrence lui semblait plus prudent…

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