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4 février 2024

Plus moche la vie !

Ma mère avait l’habitude de me dire : Quand tu seras vieux, tu comprendras.

Maintenant je suis vieux – j’ai soixante-dix ans - et je ne comprends toujours pas ! Je crois que mes problèmes ont commencé la première fois où je me suis regardé longtemps dans une glace ; à sept ans exactement, l’âge de raison, comme on a l’habitude de dire. Pourquoi je m’étais regardé si longtemps ? Parce qu’une fille m’avait dit que j’étais moche.

A partir de ce moment-là, je me suis dit, jour après jour : pourquoi cette tête là et pas une autre ?

La réponse n’est jamais venue et depuis, j’ai perdu croyance, assurance et bienveillance, sans vous parler du reste…

PS : prochain texte, jeudi.

25 janvier 2024

Hélène

Tic Tac, Tic tac, la pendule égrène les minutes et les heures. Quelle pourrait être sa tactique ? Délicieuse, il la trouve délicieuse. Un bonbon sucré dans sa robe rouge, si frêle, si absente parfois. Faut-il qu’il pense à une tactique pour qu’elle le regarde et qu’elle l’aime ? Le coup de foudre n’existe-t-il que pour les autres ? Il pense toujours à elle en écoutant rêverie de Schuman. Il l’imagine entrer chez lui fraîche, délicate, s’asseoir l’air absent, emprisonner entre le pouce et l’index une boucle brune pendant que ses yeux interrogateurs se poseraient sur lui. Que pourrait-t-il lui dire ? Comment se faire aimer quand votre langue heurte les S et les Z et les enferme entre vos dents. Déjà enfant, il n’osait pas répondre. Mais elle, elle s’appelle Hélène et les Hélène ne se moquent pas de ceux qui zozotent, il en est sûr. Son zézaiement est-il une fatalité ? Hélène lui répondra-t-il ? Regarde-moi Hélène, regarde-moi encore, je t’aime Hélène. Oui il faut que je lui dise, il le faut…

PS : prochain texte, dimanche

 

7 janvier 2024

La nouvelle marionnette

C’était une marionnette actionnée par une armure en métal libéral. Elle ne savait dire que quelques mots, toujours les mêmes - « détermination », fierté française », « nouveau cap », « protéger », unir », « forte » « juste » « travail » « frontières » « sécurité » – et ses discours étaient fort ennuyeux. Tout comme Pinocchio, la marionnette mentait à longueurs de temps, mais son nez ne s’allongeait jamais. Elle avait néanmoins un infime rictus que les spectateurs ne voyaient pas, mais qui creusait une petite ride dans son visage sans vie. Vous aurez deviné sans doute que contrairement à Pinocchio, cette marionnette là n’apprendrait jamais de ses erreurs et jamais bien sûr, elle ne se repentirait !

Son nom ? Allez, je vous le fais connaître – ACROMAN. Pourquoi ce nom ? Parce qu’elle allait de branche en branche dans le labyrinthe de son grand Moi en bois et métal.

PS : prochain texte, jeudi.

13 décembre 2023

Départ

Une pluie battante, un froid glacé, un automne de chien. Mon sac en bandoulière, je m’engouffre dans le hall de la gare. Le panneau d’affichage indique déjà le quai numéro 4. J’ai encore trois quart d’heures avant le départ. Je vais jusqu’au quai où mon train s’est endormi. Il est lugubre le Venise de 18 h 40 en cette triste saison, mais sa présence me rassure, je ne suis pas là en vain. C’est à Venise que je vais rejoindre Vincent, un ami connu il y a 15 ans, réapparu à un moment où j’avais besoin d’une main tendue. Les arrivées succèdent aux départs sous la voix douce qui envahit le hall « le train à destination de Milan partira de la voix 2 », Nous sommes tous un peu amoureux de la femme du haut-parleur. J’observe les voyageuses qui passent. Qui pourrait habiter cette voix ? Cette grande rousse flamboyante, cette petite brune fragile, cette blonde aérienne, cette femme à la peau si brune et au cheveux noirs si noirs, qui ? Ma vie est un port qui n’accueille plus de femme depuis 12 longs mois et cette absence me rend fou. Qui sait si dans le train de Venise je ne rencontrerai pas celle que j’aurais dû rencontrer depuis longtemps ?

 

PS : prochain texte, dimanche.

26 novembre 2023

Au café

Elle était installée au café des deux magots - sa table était juste à côté de celle de l’homme en noir - et, pour la première fois depuis longtemps, elle avait adressé la parole à quelqu’un du sexe opposé.

-          Bonjour – lui avait-elle glissé d’une voix douce - je suis née le même jour que la vierge Marie, dans trente jours donc. C’est beau non ? D’ailleurs je suis moi-même vierge.

Il l’observa rapidement, hocha de la tête et dit.

-          Ah bon, ça ne se voit pas. Excusez-moi, je dois partir, j’ai rendez-vous.

-          Dommage. C’est la Vierge ou la virginité qui vous font peur ?

-          Les deux je crois. D’abord parce que je ne suis pas catholique et ensuite parce que je suis vierge moi-même. J'espère que vous aurez de la chance dans votre recherche.

-          Merci. Eh bien bonne journée à vous monsieur, et à bientôt, peut-être. Pour moi, vous serez l'homme en noir.

Il ne répondit rien. Déçue, elle le regarda s’éloigner dans sa petite veste noire, étriquée. Quant à elle, corsetée dans son pull vert tendre, elle reprit sa lecture de « mémoire d’une jeune fille rangée ».

PS : prochain texte, jeudi.

14 novembre 2023

Mort subite

A chaque fois que leurs opinions divergeaient, il lui répétait qu’il avait besoin de sérénité, d’apaisement et de tranquillité, non d’oppositions et de conflits. Alors, elle lui répliquait.

-          Mais comment être d’accord si on n’est pas d’accord, et le tout dans la sérénité la plus complète ? Certes, je suis parfois impulsive, mais tout de même, n’exagère pas !

Un jour, afin de sortir de la boucle des habitudes, et en désespoir de cause, elle souligna.

-          Bon, moi je ne vois qu’une solution au calme ad vitam aeternam : la mort !

Aussitôt, il passa l’arme à gauche. Était-elle coupable ?

 

PS : prochain texte, samedi.

10 novembre 2023

Le bureau des droits de l’homme

« Le bureau des droits de l’homme sera fermé pour une durée indéterminée », voici ce qui était écrit sur la porte de ce bureau qui existait dans chacun des 195 pays actuellement répertoriés dans le monde.

Personne ne s’en étonnait. Les guerres succédaient aux guerres, la désinformation succédait à l’information, l’aveuglement succédait au discernement et, derrière chaque chose surgissait une croyance qui se nourrissait d’aliments simples à digérer afin d’éviter toute réflexion ou toute idée extérieure à la norme de chacun de ces 195 pays.

Inutile de dire que les hommes au pouvoir adoraient cette apathie citoyenne. Quant aux habitants de ces 195 pays, nombreux étaient ceux qui se soumettaient car ils avaient oublié cette ancienne règle qui disait qu’à chaque « dite vérité », émanant de quelque pouvoir que ce fût, on se devait d’avoir en tête la phrase suivante : « Toute RANCOEUR est une AMPUTATION 

PS : prochain texte, mardi.

2 novembre 2023

L’ennemi

« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ! » (Pierre Desproges)

Un petit trait d’humour alors que les guerres nous renvoient un sombre reflet du monde dans lequel nous vivons. Mourir, mourir et encore mourir ? Jusqu’à quand ? Il est vrai que c’est un beau royaume que celui de la mort !

Comment se trouve-t-il que nul pays – en connaissez-vous un ? – n’enseigne l’éducation à la paix dès l’école maternelle et jusqu’à l’université ?

Et,si Dieu existait, n’aurait-il pas déjà mis en psychanalyse tous les "grands" de ce monde !

 

PS : prochain texte, dimanche.

1 octobre 2023

L’île

Cette vieille dame lui donnait l’impression d’être seule en pleine mer, loin, si loin. Elle l’écoutait une fois par semaine et se demandait si Jacqueline – c’est ainsi qu’elle s’appelait -  n’était pas prise au piège de l’île du Narcissisme où nul autre n’existe sinon soi.

Pouvait-on être sauvé de cette île-là à quatre-vingts ans passés ? Sans doute allait-elle mourir sur cette île-rocher isolée du monde. Souvent la veille dame disait d’un ton péremptoire : Je suis détachée du monde et mon cœur est sec.

Jamais elle n’avait demandé à Jacqueline ce qu’elle ressentait dans ce monde-là, jamais elle ne le lui demanderait et ce, pour une raison très simple : Jacqueline ne s’interrogeait jamais : elle savait  tout sur tout et elle avait toujours raison. 

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

8 septembre 2023

Enigme

A 60 ans, après deux divorces, il avait épousé une femme de vingt ans de moins que lui qui avait toujours vécu seule. « Cela ne va pas durer longtemps ! » avait dit certains mauvais esprits. Pourtant si ! Et à 90 ans, avec ses cheveux teints, il en faisait vingt de moins ; quant à elle, avec ses cheveux blancs, elle en faisait vingt de plus.  La couleur des cheveux était-elle la seule explication de ce  rajeunissement  et de ce vieillissement chez l'un et chez l'autre ?

PS : prochain texte, mardi.

 

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