L’île
Cette vieille dame lui donnait l’impression d’être seule en pleine mer, loin, si loin. Elle l’écoutait une fois par semaine et se demandait si Jacqueline – c’est ainsi qu’elle s’appelait - n’était pas prise au piège de l’île du Narcissisme où nul autre n’existe sinon soi.
Pouvait-on être sauvé de cette île-là à quatre-vingts ans passés ? Sans doute allait-elle mourir sur cette île-rocher isolée du monde. Souvent la veille dame disait d’un ton péremptoire : Je suis détachée du monde et mon cœur est sec.
Jamais elle n’avait demandé à Jacqueline ce qu’elle ressentait dans ce monde-là, jamais elle ne le lui demanderait et ce, pour une raison très simple : Jacqueline ne s’interrogeait jamais : elle savait tout sur tout et elle avait toujours raison.
PS : prochain texte, jeudi.