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Presquevoix...
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8 février 2008

Qui et pourquoi

« Elle comprend pas ! Qui lui a fait ça et pourquoi? » A se poser ces mêmes questions, sa tête bourdonne. Couchée sur son lit dans la position du fœtus, elle pleure en s’interrogeant. Elle fait le tour de ses copains de classe mais ne peut imaginer que c’est l’un deux qui lui a fait ce sale coup.
On frappe à sa porte. C’est Nicole, son amie de toujours, sa copine qui vient aux nouvelles, mais il n’y a rien à dire.
- C’est pas possible, faut les retrouver, on doit tout donner à la prof mercredi, tu lui as parlé ?
- Elle m’a dit que c’était pas son problème et que j’avais qu’à me débrouiller.
- T’es sûre qu’ils sont pas dans tes affaires ?
- J’ai cherché partout, à l’école, chez moi, il y a quelqu’un qui me les a piqués, j’vois pas d’autres solutions.
- C’est dégueulasse ! Mais qui a pu faire ça et pourquoi ?
- Ben j’aimerais bien le savoir.
- Bon, écoute, on va s’y mettre. Toi tu commences le cahier d’histoire et moi celui de géo.
- Mais t’es dingue, on ne va pas pouvoir tout refaire en deux jours.
- Si on va y arriver et tu vas avoir une bonne note, c’est moi qui te le dit.
Elles se regardent et l’œil encore humide, Maude lui saute au cou. Elles se mettent ensuite toutes les deux au travail.
Le jour dit, les cahiers entièrement recopiés sont déposés sur le bureau de la prof pour la note finale de tenue et créativité. Une semaine plus tard, Maude, en rentrant chez elle, découvre dans le caniveau des cahiers. Ce sont les siens. Ils ont été jetés là, pour elle !
Adulte, elle se pose toujours la question de qui et pourquoi ?

6 février 2008

Il est temps de s’ennuyer

« Il est temps de s’ennuyer », ai-je lu dans un journal. S’ennuyer est bon pour la santé, favorise l’imaginaire et aide à réfléchir, voire à prendre du recul. Le problème, c’est que s’ennuyer a mauvaise presse, peut donner une impression négative dans ce monde où chacun est toujours super-occupé, où n’avoir pas un agenda rempli peut donner des boutons!

Synonyme de s’ennuyer : se languir. Tiens j’aime mieux ce mot qui évoque des états d’indolence, de nonchalance, qui fait surgir des images de hamacs, de chambres aux volets clos pour la sieste, de couverture posée sous l’arbre invitant à la rêverie. Se languir…de l’autre, d’un précédent état, d’une situation, d’un endroit, d’un souvenir ? Cela sonne plus doux à mon oreille et mon imaginaire pourrait s’emballer.

Donc, à partir d’aujourd’hui, j’ai décidé que j’allais me languir régulièrement, il est temps ! Je ne sais pas encore de qui ou de quoi, mais est-ce important?

5 février 2008

Quel est le gain des gaines ?

gaine2

Le journal Le Monde du 3 février nous signale que les gaines reviennent en force. Il paraît que 80 % des anglaises décident de recourir à « l’artifice » de la gaine.
Je me demande pourquoi les femmes choisissent de se « serrer la ceinture », surtout en cette période de « vache maigre » ?  Une double peine ?
En faisant une recherche sur internet – je sais, il y a des recherches plus intéressantes à faire - j’ai vu qu’il y avait une infinité de gaines : la gaine culotte, le panty gainant, la gaine ventre plat, le combiné gaine, la gaine taille minceur, le porte-jarretelles gainant etc. Le nombre de ces petits accessoires intimes de torture est impressionnant ! La guerre est donc déclarée pour envelopper, maintenir, enserrer, soutenir, ceindre, ceinturer ces chairs « disgracieuses » qui ne cherchent qu’à s’échapper afin de reprendre leur liberté…
Qui n’a jamais entendu ce dicton chuchoté aux filles depuis leur plus tendre enfance : « Il faut souffrir pour être belle » ?  Oui, les canons de la beauté ont un prix : le supplice de la gaine, sans parler des autres supplices…

photo vue sur le site http://www.3suisses.fr

4 février 2008

Le théâtre ou l’écriture ?

Je dois avouer que j’envie Anne Brochet* ! Il nous est dévoilé, dans Le Monde du 3 février, qu’elle a décidé d’arrêter le théâtre « pour se consacrer à l’écriture ».
Moi aussi j’aimerais arrêter le « théâtre de l’enseignement » pour me consacrer à l’écriture, mais qui voudrait de mes écrits ? Personne, c’est à craindre. Je l’ai d’ailleurs expérimenté il y a 6 ans ! Je pourrais peut-être vendre mes « nouvelles » à la criée, et j’annoncerais à qui ne voudrait pas l’entendre « Un euro messieurs dames, un euro la nouvelle, c’est pas cher, un euro la nouvelle, approchez ! »
Non, tout bien  réfléchi, je pense que je vais continuer " le théâtre " !

* Anne Brochet fait partie de ces actrices au charme particulier. Je l’ai vue  dans « Cyrano de Bergerac » de Jean Paul Rappeneau, "La chambre des magiciennes » de Claude Miller et « Tous les matins du monde » d’Alain Corneau. A chaque fois, la même émotion...

1 février 2008

Petite scène de la vie ordinaire

Assise dans le bus, je rêve. Soudain, j’entends derrière moi.
- T’as été élevé où ?
- …
- Ici c’est un transport public, c’est pas une poubelle !
-…
- Et tes pieds, tu les gardes par terre, t’as pas à les mettre sur les sièges !
-…
- Je déteste les malhonnêtes et les malpolis. Non mais, t’as été à l’école, hein, hein ? Et ils t’ont rien appris à l’école, hein ? Ils t’ont pas appris la politesse à l’école ?
- …
« Eh ! je me dis en moi-même, la politesse ce n’est pas l’affaire de l’école, c’est l’affaire des parents, faut pas tout mélanger. »

30 janvier 2008

Une journée moche

C’est la désolation totale. Tout est gris, brun, le ciel est bas, le froid n’est même pas vif, il n’y a pas de vent qui pique, la nature est en berne, bref, c’est une journée à ne pas mettre un dépressif dehors.

Lu dans le journal que le chocolat noir est un antidépresseur. Chic, en plus du plaisir, on pourrait en manger et ceci sans devoir chercher une bonne excuse ?

Elle fouille dans son garde-manger, dans ses placards à la recherche de cette gourmandise chocolatée mais sans succès. La saveur promise l’a fait déjà saliver, donc soit elle passe au supermarché le plus proche pour acheter les plaques industrielles, soit elle va un peu plus loin jusqu’à la première pâtisserie-confiserie pour les truffes faites maison, soit elle pousse encore plus loin pour déguster dans un endroit presque charmant le chocolat maison, onctueux, riche, fort, voluptueux à souhait.

Dilemme qui n’en est pas un, donc choix difficile car sans contrainte si ce n’est celle de son propre plaisir. Finalement ce sera le chocolat chaud à l’ancienne, servi sur un petit plateau rectangulaire, dans une petite cruche blanche.

Elle verse dans le petit bol en porcelaine, blanc lui aussi, un peu de ce breuvage des dieux, le hume, en boit une gorgée, se brûle la langue et laisse ses papilles découvrir cette sensation mi-amère qui lui emplit la bouche. Elle ferme les yeux et se dit que cet instant est un petit bonheur volé à la tristesse de cette journée qui décidemment n’est pas si moche que ça !

30 janvier 2008

La Fantastrophe

J’ai entendu au théâtre des Arts un jeune pianiste brillant, David Greilsammer, qui interprétait, entre autres, une Fantastrophe de Jonathan Keren. J’avoue que je ne me souviens plus du tout de cette Fantastrophe, par contre le mot, lui, est resté… La Fantastrophe observe, selon ce même pianiste, « l’apparition simultanée de la fantaisie et de la catastrophe, du sublime et de l’effroi. »  Fantastrophe ! Quel merveilleux mot-valise ! La vie ne serait-elle pas, à elle seule, une Fantastrophe ? Et, créateurs de l’ombre que nous sommes, nous prêtons à cette Fantastrophe la force de nos mains aveugles qui pétrissent le sublime et l’effroi.

29 janvier 2008

Une femme

« On ne nait pas femme, on le devient »*. Cette phrase lui trotte dans la tête alors qu’elle dévale les escaliers. Sa robe légère danse à chaque marche, ses pieds volent sur la pierre irrégulière et sa main court le long de la balustrade en bois. Comment devient-on femme ? Comment arriver à sentir en soi cette féminité, comment en prendre conscience, comment en arriver à cet état de jouissance qui ne dépendra pas des hormones mais d’un bien-être particulier ?

Elle saute la dernière marche et atterrit souplement sur le sol encore humide de l’averse du matin, tourne au coin de la rue et progresse le long du mur qui ceint le parc Laurier. Etre une femme, une vraie, c’est ce qu’elle veut mais visiblement il n’y a pas de mode d’emploi, c’est une façon d’être qui s’apprend avec de l’expérience, petit à petit selon les circonstances de la vie lui a dit sa mère. Elle, elle n’a pas la patience d’attendre, elle est jeune et désire vivre cet état le plus vite possible, pour ne pas en perdre une miette, pour en jouir pleinement, pour en apprendre tous les rouages, pour en déguster chaque moment. Apprend-on à devenir femme avec les hommes, avec d’autres femmes, avec les deux ? Et si c’est avec les hommes, il faut bien un début, un départ, une source d’inspiration ? Les jeunes de son quartier ou de son cercle sont trop niais, pas assez matures, il lui faut des hommes, des vrais, ceux qui savent traiter une femme comme une reine. Elle en connait mais ils ne la regardent pas, alors elle a décrété que les choses allaient changer.

Elle fait une moue qu’elle juge « terrible », s’admire dans la vitrine du fleuriste, ajuste une mèche qui s’est échappée de son bandeau et repart de son pas aérien.

Ce matin, en se levant, elle a pris sa décision. Aujourd’hui sera le premier jour de ce devenir, aujourd’hui, elle a choisi son destin, elle a su qu’elle allait devenir une femme !

*Simone de Beauvoir

28 janvier 2008

Miroir dis-moi comment je vieillis.

Elle caresse son visage, contourne ses yeux avec son index, palpe ses joues, souligne ses sourcils, tapote les poches qu’elle a depuis des années et qui lui donnent un air de fatigue continue. Elle cherche, face au miroir, les ravages du temps, les rides supplémentaires, les sillons qui marquent immanquablement les années qui passent.

Ce matin, en montant dans le bus, un homme plus âgé qu’elle, s’est levé et lui a offert son siège. Encore un ! Depuis quelques mois, cela devient courant et cela l’interpelle. Comment doit-elle interpréter cela ? Comme une marque de courtoisie, un geste chevaleresque ? Oui sûrement…du moins elle veut y croire.

Vieillir est naturel se dit-elle en se déshabillant pour avoir une idée précise de ce corps qui subit lui aussi les ravages du temps. Nue devant son reflet, elle s’épie, s’ausculte et cherche la chair molle et tombante. Elle a toujours de beaux seins, une taille qui s’est épaissie avec la ménopause, des hanches étroites et toujours ses belles et longues jambes. L’examen la rassure, elle est une belle vieille à la carrosserie correcte car bien entretenue. Bon, la mécanique mériterait bien quelques changements de pièces détachées comme ce genou qui l’empêche de pratiquer son sport favori- Elle ne se résout pas encore à troquer le tennis contre le taïchi ou le yoga mais cela ne saurait tarder. Faudra-t-il aussi qu’elle troque les soirées entre copines pour le club de tricot ou de points de croix ?

Comme ces idées la font frissonner, elle se rhabille et part se promener en compagnie de son chien. Au moins, avec lui elle ne se pose pas de questions...

28 janvier 2008

J’ai envie de dire…

"On n’écrit pas parce qu’on a quelque chose à dire, mais parce qu’on a envie de dire quelque chose". Cioran, ébauche de vertige
Oui, c’est bien ça, ai-je autre chose à dire que mon envie de dire qui, de toutes les façons, ne dira parfois rien aux autres si ce n’est à ceux qui auraient pu penser la même chose que moi en le formulant différemment ou, à ceux qui auraient pu avoir envie de le dire mais ne trouvaient pas les mots car toutes les pièces du puzzle n’étaient pas encore en place.

J'écris parce que j'ai envie de dire...

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