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amour
24 août 2015

Le temple de l’amour

20150814_145128Soudain inspiré, il lui avait dit : et si on visitait le temple de l’amour, là-haut ?

Découragée, elle avait essayé de trouver plusieurs excuses  -  la chaleur, sa mauvaise circulation, le coût de l’entrée, eh oui l’amour est tarifé, l’heure qui tourne – mais rien n’y fit, il était déterminé.

Elle s’exécuta. Si elle ne dit rien lors de l’ascension, elle ne manqua pas de laisser paraître fatigue et aigreur, et l’excursion vers le temple de l’amour se termina en supplice.

 

PS : photo prise par mes bons soins à Gerberoy, dans l’Oise. 

 

15 juillet 2015

Le questionnaire

Il voulait tomber amoureux à tout prix. Comment lui en vouloir, à son âge ? Elle lui proposa la chose suivante.

-  Tiens, voilà un questionnaire magique ou presque, tu le fais avec celle que tu auras choisie et en principe, cela devrait marcher.

Elle ne  le revit que six mois plus tard. Sans doute avait-il trouvé la femme de ses rêves.

Dans sa logorrhée inimitable, il lui apprit qu’il avait bien rempli le questionnaire avec la femme de son choix, mais que le lendemain de leur troisième jour de vie commune, elle avait disparu sans laisser d’adresse. Une fois sa confession faite, il s’effondra en pleurs dans ses bras. Elle le consola comme elle put…

 

PS : n'oubliez pas d'essayer le questionnaire avec le partenaire de votre choix !

 

 

 

 

20 janvier 2013

Les draps

IMG_0445Elle lui avait dit : «  Quand les draps seront à la fenêtre, je serai dans la maison ».
Dès qu’il les avait vus, il s’était précipité. Et toujours les mêmes questions l’attendait : « Tu me jures que tu m’aimeras toujours ? Tu me jures que tu ne me tromperas pas ? Tu me jures que tu viendras me retrouver ? » Et lui jurait toujours, il jurait sans savoir ce que jurer veut dire. Il n’avait fait que jurer toute sa vie et les filles avaient défilé, les unes après les autres. Elles attendaient toujours quelque chose qu’il ne pouvait pas donner, mais il s’en moquait. Il savait comment tirer de leur gosier fragile de petits cris extatiques qu’aucun mari de cette petite île perdue n’avait jamais obtenu. Il suffisait de les cueillir dans ses mains de peintres habitués à pétrir les couleurs et d’enfoncer en elle le doux nectar de l’amour.

 

PS : texte écrit à partir de cette photo de C. V. prise à Murano en Novembre 2012.

8 décembre 2012

La robe de mariée

PT212069D’elle, il ne restait que cette robe de mariée posée sur un mannequin au bas des marches. C’est lui qui l’avait installée à cet endroit car cette robe, il l’avait choisie lui-même, 30 ans plus tôt. Depuis combien d’années était-elle morte ? 5 ans ? 10 ans ? Il avait oublié.


Le seul souvenir  qu’il lui restait d’elle - en dehors de la robe - c’était son sourire ce jour-là, et le mot qu’elle avait prononcé juste avant de mourir : «  merci »


Jamais il n’avait compris pourquoi elle l’avait remercié de l'avoir tuée, et il lui en voulait presque…

 

PS : texte écrit à partir de cette photo prise par C. V. à Lisbonne, en 2010, dans ce merveilleux hôtel.

2 décembre 2012

Dormir

Dormir dans le chagrin du vent, dormir pour toujours ”. Il a glissé cette phrase dans une enveloppe rouge où il a écrit mon nom et mon adresse. Il n’a pas posté la lettre. Il est venu jusque chez moi. Il a sans doute regardé une dernière fois la glycine qu’il aime tant, puis il est parti comme un voleur.

Il me  disait souvent  “ Tes yeux sont trop noirs, ils me rappellent le puits de mon enfance. ”

Je n’ai jamais compris de quel puits il parlait. Maintenant, il est trop tard pour le savoir...

 

PS : texte écrit dans le cadre des “ impromptus littéraires ”

27 octobre 2012

La rencontre

« Ce jour-là, il pleuvait à verse. Je sortais du bureau de poste et je venais d’ouvrir mon grand parapluie quand un homme s’est rué sur moi et m’a dit : « La police municipale vous a désignée pour m’accompagner jusqu’au centre-ville » Et, d’autorité, il m’a saisi le bras et m’a fait tourner à droite alors que je voulais tourner à gauche pour rentrer chez moi. »

Elle en riait encore en racontant l’histoire à sa fille, pourtant c’était il y a dix huit ans. Sa fille lui a répondu, l’air rêveuse : « Et c’est vraiment comme ça que tu as rencontré papa ? Eh bien, il a drôlement changé depuis... »

PS : Petite pause pour cause de vacances. Retour le lundi 5 novembre.

9 septembre 2012

Le prince et le vaporisateur

US141917Tous ces arbres lui donnaient le vertige. Epuisée, elle s’est allongée sur l’herbe et a fermé les yeux. Soudain, elle a senti quelque chose de mouillé sur son visage. Elle s’est immédiatement redressée.  Un homme était  devant elle, un vaporisateur à la main et il s’amusait à l’asperger de fines gouttelettes.


-  Vous trouvez ça drôle ? lui a-t-elle dit énervée.


Il a répondu.


-  Je suis le prince charmant, celui que l’on a désigné pour vous  réveiller d’un long et profond sommeil. Savez-vous que vous dormez depuis trente ans ?


L’endroit était désert. L’homme l'observait en souriant mais son discours était plus qu’inquiétant, sans parler de son déguisement de prince et du vaporisateur qu’il brandissait dans sa main droite. Elle lui a rendu prudemment son sourire avant de répondre.


-  30 ans ! Merci mon prince, votre intérêt m’honore.


Le prince a conclu, amusé.


-  C’est fou l’effet que je fais avec mon costume de prince. Je devrais le mettre plus souvent.
-  Parce que vous n’êtes pas prince tout le temps ? s’est-elle risquée
-  Non, juste de temps en temps. Il faut bien que je  donne mon costume  au nettoyage.


Inquiète de la tournure que prenaient les choses, elle s’est excusée de ne pouvoir continuer à bavarder avec un personnage de son rang, mais son devoir l’appelait ; et elle est partie à toutes jambes en le laissant cloué sur place.


Le lendemain, elle apprenait qu’une jeune femme avait été  laissée pour morte dans la forêt ; à ses côtés, on avait trouvé un vaporisateur…

PS :  photo prise par C. V. dans "sequoia park" en juillet 2010

29 juillet 2012

Altruisme ?

Devant le tribunal, il avait dit : « J’ai tué ma femme pour qu’elle ne souffre pas. J'ai un cancer du poumon et les médecins  ne me donnaient plus qu’un mois à vivre. Elle n'aurait pas supporté mon absence. » Les jurés avaient été impressionnés par la prestance de cet homme, ancien directeur général de la banque HMC.

Seulement, aucun des témoins qui avaient défilé à la barre n’avait fait état de telles volontés de la part de sa femme. L’accusé avait alors conclu : « J’ai peut-être mal interprété ses paroles… »

17 juin 2012

La vengeance du fleuve

FleuveTu croyais que personne ne te verrait, allongé à plat ventre dans la barque, pourtant…

Tu les as entendus rire, s’ébrouer, se dire des mots d’amour, s’embrasser, rire encore. Ils avaient l’air heureux. Combien de temps sont-ils restés dans l’eau ? Longtemps. Le temps t’a paru si long. Tu l’entendais rire comme elle n’avait jamais ri avec toi. Ils sont sortis de l’eau, et puis tu n’as plus rien entendu. Alors tu as levé la tête et tu les as vus debout sur la rive, juste devant la barque où tu étais allongé, tels Adam et Eve. Ils te regardaient, le visage sévère. Toi, tu n’as rien dit, qu’est-ce que tu aurais pu dire ? Elle ne t’aimait plus, elle en aimait un autre, les choses étaient claires. Tu devais t’incliner. Mais tu n’as jamais su t’incliner ; ce jour-là non plus. Alors tu as commis l’irréparable. Toi qui ne sais pas nager, tu t’es jeté à l’eau. Tu voulais te noyer, disparaître. Et c’est lui qui t’a sauvé, celui qui te volait celle que tu aimais. C’est lui qui t’a empêché de mourir.

Maintenant tu es à l’hôpital, on te dit que tu vas mieux, que tu as eu de la chance de t’en sortir, mais toi tu ne voulais pas t’en sortir et tu lui en veux de t’avoir sauvé. Tu te demandes même s’il ne l’a pas fait exprès pour t’humilier, pour t’obliger à voir sa victoire.  Tu te dis que quand tu sortiras de l’hôpital, tu le tueras.


PS : texte plublié dans le cadre des impromptus littéraires. "© crédit photo : Toncrate"

2 juin 2012

La rose inaccessible

Tu es cette rose inaccessible, lui avait-il murmuré.  Moi ? Une rose ? avait-elle répondu, et des grappes de notes  s’étaient échappées de son rire lumineux. Il l’avait regardée, comme seuls savent regarder ceux qui n’aiment qu’une fois.

Un mois plus tard, la rose avait commencé à se faner, et il lui retirait  un à un ses pétales flétries par la mort.

PS : texte suggéré par une musique d’Anthony Girard : « la rose inaccessible » ( Dans la rubrique "écouter" colonne de gauche)

 

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