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amour
22 avril 2012

Le heurtoir

IMG_3899[1]Elle avait coulé sa main dans le bronze et elle en avait fait un heurtoir. Une belle fin, pour une main.  Personne ne s’était jamais douté de rien et tout le monde avait accepté sa version : il était parti vivre avec une autre femme.


A chaque fois qu’elle rentrait chez elle, elle ne pouvait s’empêcher de sourire en regardant le heurtoir. Qui aurait pu imaginer qu’il finirait ainsi ? Ni lui, ni elle. Il lui avait toujours dit : « Toi, je ne pourrai jamais te faire de mal », et il avait tenu parole, jusqu’au jour où il avait voulu partir. « J’étouffe ! », lui avait-il dit, « Il faut que je prenne l’air ! ». Et de fait, sa main prenait l’air depuis un an, à la porte de chez elle.

PS : texte écrit à partir d’une photo de J.C.D.

8 janvier 2012

La chambre close

MaitéElle était dans cette chambre depuis trois mois et il lui apportait ses repas à heure fixe,  matin,  midi et  soir. Les teintes rousses des arbres lui rappelaient  leurs longues promenades en forêt du temps où il  disait que sans elle, il n’était rien, et il insistait sur ce  « rien » qui le rendait mélancolique. Leur bonheur avait duré un an, puis il avait eu peur et il l’avait enfermée.   Elle était sûre qu’elle n’était pas la seule pensionnaire de la maison. À plusieurs reprises, elle avait entendu des cris. Y avait-il une autre femme ? Un homme ? Qui tenait-il au secret, et pour quelles raisons ?


Dès la première semaine, à sa demande, il  avait apporté du papier et un stylo pour qu’elle puisse écrire. Après le repas du soir,  il lisait à voix haute les pages qu’elle avait noircies pendant la journée en faisant quelques commentaires ici ou là ; puis il lui dictait la suite. Elle aimait ces phrases étranges qui déroulaient les méandres de son âme troublée. La sensualité de leurs voix mêlées la faisait souvent pleurer.


Peu à peu, leur roman prenait forme. N’écrivaient-ils pas un pan d’une vie qu’il ne pouvait  vivre ?  La veille,  elle lui avait proposé un titre pour leur livre : « Les âmes égarées ». Il l’avait regardée, surpris, puis avait acquiescé en précisant qu’il faisait avec elle quelque chose qui était sans doute plus beau que la vie. Ce soir-là, avant de fermer la porte, il lui avait envoyé un baiser du bout des doigts.

PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Maïté

4 décembre 2011

L’arbre

pagpastIl lui disait souvent « Je t’ai dans la peau », mais elle, dans sa peau, elle ne voyait qu’un arbre qui avait planté ses racines si profond que rien, ni personne, ne pouvait l’ébranler. Un jour, lassée de ses certitudes, elle l’avait menacé de trouver un autre arbre qui enlacerait son corps. Il l’avait laissée dire, comme souvent, mais ses branches avaient frémi ; elle ne s’était pas méfiée.

Le lendemain, les voisins virent son corps attaché au tilleul, près de l'allée qui menait à leur maison. Elle avait le visage collé contre le tronc et sur son pullover, on avait épinglé ce petit mot :  « Ton désir a été exaucé ! »

PS : « montage » de Patrick Cassagnes, réalisé à partir d’une photo de Pastelle. 

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