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Presquevoix...

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13 novembre 2008

Le plagiaire ( gballand )

Depuis 15 jours ses idées étaient aspirées par un vide vertigineux et son fichier attendait toujours les brassées de mots qui auraient dû peupler l’écran vierge. Face à l’ampleur du désastre, il se résolut à « emprunter », comme il le disait pudiquement. Il n’en était pas à ses premiers « emprunts », mais il préférait oublier ses larcins passés ; il aimait à se penser fécond alors que sa plume était sèche.

En chasseur de mots éprouvé - plus de trois ans d’expérience et déjà un livre publié – il investit son champ d’action : la toile mondiale. Les mots des autres le fascinaient et il savait choisir les meilleurs, ceux qui habillent les textes de soies légères.

Il n’avait jamais eu aucun remords à prendre les mots des autres ; les textes publiés par d’anonymes écrivants n’étaient-ils pas la propriété de tous ? Et puis, qui aurait pu savoir à quels cambriolages il se livrait devant l’écran de son ordinateur ?

Il ingérait tout ce qu’il pensait pouvoir digérer. Quand un texte l’inspirait au point de le vouloir voler, il opérait sur lui une opération chirurgicale décisive. Depuis qu’il était passé maître en l’art de la transformation, sa conscience s’allégeait. Ne faisait-il pas que s’inspirer ? N’était-ce pas ce que les écrivains avaient fait de tout temps ? Tout texte n’était-il pas que réminiscences digérées d’autres textes ?

Parfois un doute l’étreignait - ne serait-il pas devenu faussaire ? – mais il le dissipait très vite. Son deuxième manuscrit allait bientôt  prendre forme…

PS : pour comprendre ce qu’est plagier, consulter ce site en langue anglaise : http://www.plagiarism.org/

12 novembre 2008

Se refaire une laideur ( MBBS)

Clara Magouille observait son visage et ce que le miroir lui retournait ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout ! Ses rides disparaissaient, les verrues qu’elle avait sur les joues et le front rapetissaient, la bosse sur son nez s’aplatissait et comble de malheur, ses cheveux hirsutes à souhait prenaient une couleur miel tout en ondulant, l’horreur totale !

« Il faut que je réagisse, les autres sorcières vont se moquer de moi et je vais être la risée du bal de la Saint Pétulon » Elle se leva d’un bond et chercha dans sa bibliothèque un grimoire qui pourrait lui donner la recette pour retrouver sa laideur. Elle trouva les « 37 façons pour ternir un teint de pêche en teint terreux », « Nez crochus, becs d’aigle : 99 idées » ainsi que « Cheveux de paille ou huileux, que choisir ? ».

- Parfait, j’ai deux jours pour me refaire une laideur, au travail !

Elle enfourcha son balai et se rendit au marché des Crèves-grenouilles pour trouver tout ce qu’il lui fallait pour ses potions. Sa beauté étant trop évidente, elle mit des lunettes noires à monture de crapaud, un fichu troué sur la tête et des gants en peau de limaces pour camoufler ses mains toutes dodues et roses en se disant que si tôt le matin, le risque de se faire reconnaître serait minime, les autres sorcières fuyant le soleil et les journées éclatantes. Elle avait bien calculé car le marché était quasi désert et ses emplettes furent faites en un temps record. Une horrible robe en fils d’araignées agrémentée de cafards bruns et noirs lui fit de l’œil et elle hésita avant de craquer et de se l’offrir. De retour dans sa grotte, elle se mit tout de suite à l’ouvrage, les onguents et autres crèmes devant être utilisés le plus rapidement possible pour un effet optimal. La colle qu’elle mit sur ses cheveux eut un pouvoir fantastique et fit disparaître les ondulations. Quant à la couleur miel, elle fut remplacée par du gris sale qui allait parfaitement avec les tons de sa robe neuve.

Les verrues se multiplièrent et se disséminèrent sur tout son corps. « Parfait se dit-elle, cela m’évitera de poser un châle sur mes épaules, mes bras et mon décolleté seront hideux à souhait. » Ses rides par contre, refusèrent de se creuser davantage ! Folle de rage, elle passa toute la nuit et toute la journée du lendemain à chercher et essayer les 37 potions de son livre, sans succès. Son visage présentait une surface lisse que les verrues ne parvenaient pas à camoufler et son teint, du rose avait viré au blanc pâle, ce qui accentuait encore plus l’effet de jeunesse qu’elle ne voulait pas. Elle dû donc tricher et à l’aide d’un crayon gris, marqua autour des yeux, au coin de son rictus et sur son front des traits profonds qui de loin pouvait passer pour une peau fripée. « Finalement, ce n’est pas si mal ! » se dit-elle en enfonçant son chapeau noir suffisamment fort jusqu’aux yeux, plaquant ainsi ses cheveux de telle façon que le visage disparaissait derrière eux.

Rassurée sur son image, elle s’octroya un petit verre de Muscadet, car on a beau être sorcière, on peut être sensible à certains petits plaisirs plus communs…

12 novembre 2008

Les handicapés (gballand )

Désespérés, ils erraient dans les rues de cette ville de bord de mer depuis 10 minutes sans trouver aucune place pour se garer, quand soudain sa mère s’écria d’une voix impatiente.
- Non, mais regarde-moi ça, il y a plein de places handicapés et ils occupent même pas leur place, les handicapés  ! Tu n’as qu’à t’y mettre !

11 novembre 2008

Les lettres ( gballand )

Voilà un an qu' il s'envoyait des lettres, tous les jours, sans jamais indiquer l'expéditeur.  Sa femme s'étonnait de ce courrier massif, mais elle préférait se taire, elle ne voulait pas lui laisser penser qu'elle s'intéressait à lui. Quand il les parcourait, il prenait un air mystérieux. Parfois il souriait, mais la plupart du temps son visage n'exprimait rien.

Jamais elle n'avait ouvert son courrier, mais  l'envie la tenaillait de lire l'une de ces lettres, non qu'elle fût jalouse - elle ne l'aimait plus depuis  longtemps – mais curieuse.

Le jour où elle le retrouva pendu à la cave et où elle vit le sol jonché de lettres, elle comprit. Chaque lettre répétait le même texte, mot pour mot :

" Voilà une bonne chose de faite, je me suis suicidé ; j'ai cru que je n'y arriverai jamais, mais si, la méthode Coué fait des merveilles, n’est-ce pas ce que tu me disais ? Tu es devant moi, ma tête pend au bout d’une corde et je  suis enfin débarrassé de moi… et de toi.

Jean

PS : les enfants sont grands, tu inventeras le mensonge qui t'arrange, comme d'habitude, je te fais confiance."

10 novembre 2008

Au secours ! ( gballand )

Etrange, cette panique qui s'empare de nous lorsque les premières rides arrivent, sans parler de la détresse qui nous saisit quand deux poches impitoyables soulignent nos yeux presbytes et de l'angoisse qui s'installe quand nos joues, autrefois si fermes, se ramollissent irrémédiablement  !

Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux se faire opérer dès la naissance… pour avoir une tête de vieux !

9 novembre 2008

C’est par où… ? ( gballand )

Il n’a eu qu’un but dans sa vie : me contredire. Quand j’indiquais une route, il en prenait une autre ; si je montrais le Nord, il regardait le Sud et si je disais rouge, il me répondait vert. Notre vie était un contresens. Nous avions atteint ce que j’ appellerais « le seuil de l’angle mort ».

Au bout de 5 ans, nous ne nous parlions plus. Nous griffonnions sur des papiers les mots du quotidien : « Ferme le gaz !», « Donne à manger au chien ! » ou « Achète du pain ! »…

Un beau jour, j’ai cessé de lui écrire, je n’avais plus d’encre. C’est  à ce moment là qu’a germé en moi l’idée de le tuer, idée chassée très vite. Moi ? Le tuer ? Non, je respecte trop la vie, même la sienne !

Lui, par contre, il n’a pas hésité, et maintenant je coule des jours paisibles sur cette colline… Vous voulez savoir où j’habite ? Et bien c’est par là… vous suivez l’allée centrale, vous prenez la cinquième allée à gauche, et c’est tout au fond, juste sous l’érable. Vous verrez, elle est en marbre rose. Ah, ça, il m’a gâtée !

* texte écrit dans le cadre d'une consigne proposée par "les impromptus littéraires".

8 novembre 2008

Comment elle va ? (gballand)

- Et Christine, comment elle va ? M’a demandé mon amie à la fin du repas.
En cinq minutes, je lui ai dit tout le mal que je pensais de Christine. Dommage qu'elle n’ait pas eu plus de temps à me consacrer !
Avant qu’elle ne parte, je l’ai  remerciée chaleureusement. Je me demande si elle a compris pourquoi

7 novembre 2008

Mille mots d'amour (MBBS)

Je voudrais t’envoyer mille mots d’amour pour contrer la maladie qui s’empare de toi. Chaque mot serait comme un aimant qui garderait collé à lui les souvenirs, les idées, les pensées que ton cerveau laisse partir sans que tu en sois consciente.

Mille mots d’amour pour te dire tout ce que j’ai oublié de te dire durant toutes ces années, obnubilée par une vie où tout était pressant sauf toi !

Mille mots d’amour pour récupérer la chaleur de ta tendresse si peu expansive par une pudeur que peut expliquer ta vie d’orpheline.

Mille mots d’amour pour retrouver les fous-rires, les peines et les joies que nous avons partagés au fil des jours communs.

Mille mots d’amour pour te remercier d’avoir su me transmettre tes valeurs même si elles se sont envolées au fil des années, écrasées par les chocs de la vie.

Mille mots d’amour pour m’avoir si bien défendue face à ceux et celles qui me faisaient le mal que tu ne pouvais tolérer.

Mille mots d’amour pour les idées tapies en toi, refoulées par une éducation rigide que tu as quand même pu me transmettre même si à ton insu.

De ces mots posés sur le papier, j’ai tiré une citation qui m’a fait penser que le monde qui devient le tien n’est peut-être pas si mal pour toi.

« Il y a des cas où la vieillesse donne, non pas une éternelle jeunesse, mais au contraire une souveraine liberté »*

Savoure ta liberté, tu l’as gagnée !

 

*Gilles Deleuze.

7 novembre 2008

Le voyage ( gballand )

Ils se faisaient face dans le compartiment de deuxième classe qu’ils occupaient seuls. L’homme pencha légèrement sa tête vers la femme et lui dit.

- Je voudrais ne jamais quitter ce compartiment.
- On se connaît à peine, protesta-t-elle.
- J’ai l’impression de vous connaître depuis toujours.

Le soleil se couchait et on entendait, de temps à autre, des bruits de conversations dans le couloir. Elle lui avait déjà confié qu’elle ne pouvait pas rester longtemps avec un homme et qu’elle ne savait pas aimer…. Tant de choses en si peu de temps ! Il la dévorait de ses yeux gris et elle ne savait plus où poser son regard, il était si près.

- Il y a en vous quelque chose de... Donnez-moi votre main.

Il n’attendit pas sa réponse et la lui prit. Il la caressa d’une façon si étrange qu’elle finit par la lui abandonner totalement. Il lui chuchotait des mots tendres qu’elle connaissait trop bien. La nuit commençait à tomber, on ne distinguait plus  le contour des choses, et le compartiment se laissait gagner par l'obscurité. Elle ferma un instant les yeux et sentit ses lèvres sur les siennes ; la sensation était délicieuse,  mais soudain elle pensa à l’arrivée du train et à Charles qui  l’attendrait. Elle avait encore trois heures devant elle, mais saurait-elle encore embrasser Charles si elle avait le goût de l’étranger sur la bouche ?

6 novembre 2008

Galanterie (réflexions de MBBS)

Le TGV s’apprête à démarrer, les dernières personnes s’installent. Une jeune femme arrive, essoufflée et cherche sa place, située deux rangs après la mienne. Elle fait le geste de saisir sa petite valise pour la ranger au-dessus de sa tête et aussitôt, deux messieurs volent à son secours. Remerciements de la belle et sourire satisfait de celui qui a emporté la mise, à savoir être galant et se faire récompenser ! Il faut avouer que la jeune femme est mignonne et répond aux critères de séduction qui font qu’un homme peut y être sensible. Arrive une autre femme qui me faire revivre la même scène que précédemment sauf que la personne qui tient le premier rôle est sensiblement plus âgée. Là, aucun homme ne vient à son secours alors qu’elle fait mine de soulever sa lourde valise. Elle évalue l’effort mais finalement demande au plus proche représentant du sexe fort de l’aider. La galanterie spontanée ne serait donc réservée qu’à de jeunes et belles femmes ?

Lors d’une conférence donnée par Benoîte Groulx (encore elle !) et dans les questions qui lui ont été adressées, une a suscité les rires de la salle par sa réponse. A la question : « comment sont les hommes autour de vous ? » elle a répondu : « Inexistants car pour eux, je suis devenue transparente. ».

Hélas, dois-je comprendre que mon âge avançant, mon quotient attractif diminuera de telle sorte que plus aucun regard masculin ne se posera sur ma petite personne ? Pourquoi un homme aux tempes argentées, à la chevelure blanche reste-t-il séduisant et pourquoi une femme aux mèches grises l’est-elle moins ? Pourquoi un homme mûr peut-il convoler avec une femme de 20 voire 30 ans de moins que lui sans provoquer quolibets et critiques qui seront le lot d’une femme épousant jeune beau ?

Un doute m’assaille au moment où j’écris ces lignes et je pars à la recherche des définitions* des mots séduire, « détourner du bien, faire tomber en faute », attractif-ve « qui attire » et galanterie « courtoisie que l’on témoigne aux femmes ». Un homme galant peut aussi être « un homme redoutable pour la vertu des femmes » mais il n’est pas précisé qu’une galante peut être une femme redoutable pour la vertu des hommes…

Et pourquoi ne pas renverser les rôles, changeons la donne…mais à notre façon ! On pourrait aller vers un collègue et lui dire qu’il a de belles mains, que son petit ventre rond est un oreiller où l’on poserait volontiers notre tête, que sa calvitie naissante est attachante, tout comme ses kilos en trop, que nous aimerions bien lui faire le coup de la panne, que….Mais je repars dans les stéréotypes alors que je voulais proposer des choses différentes ? Caramba, difficile d’éviter les clichés quand il s’agit des rapports hommes-femmes-séduction et il faut reconnaître que j’aime les hommes galants et courtois. Pfff, je ne suis pas au bout de mon questionnement !

*tirées du petit Robert

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