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Presquevoix...
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7 novembre 2008

Le voyage ( gballand )

Ils se faisaient face dans le compartiment de deuxième classe qu’ils occupaient seuls. L’homme pencha légèrement sa tête vers la femme et lui dit.

- Je voudrais ne jamais quitter ce compartiment.
- On se connaît à peine, protesta-t-elle.
- J’ai l’impression de vous connaître depuis toujours.

Le soleil se couchait et on entendait, de temps à autre, des bruits de conversations dans le couloir. Elle lui avait déjà confié qu’elle ne pouvait pas rester longtemps avec un homme et qu’elle ne savait pas aimer…. Tant de choses en si peu de temps ! Il la dévorait de ses yeux gris et elle ne savait plus où poser son regard, il était si près.

- Il y a en vous quelque chose de... Donnez-moi votre main.

Il n’attendit pas sa réponse et la lui prit. Il la caressa d’une façon si étrange qu’elle finit par la lui abandonner totalement. Il lui chuchotait des mots tendres qu’elle connaissait trop bien. La nuit commençait à tomber, on ne distinguait plus  le contour des choses, et le compartiment se laissait gagner par l'obscurité. Elle ferma un instant les yeux et sentit ses lèvres sur les siennes ; la sensation était délicieuse,  mais soudain elle pensa à l’arrivée du train et à Charles qui  l’attendrait. Elle avait encore trois heures devant elle, mais saurait-elle encore embrasser Charles si elle avait le goût de l’étranger sur la bouche ?

Commentaires
D
@ gballand : C'est exact, et n'ayant pas trouvé de "Love-gum" à la gare de Lyon, j'ai mangé un sandwich, acheté au bar du TGV dépourvu ("par suite d'un problème de logistique") de tout autre choix, avant d'arriver à Nice. <br /> <br /> Pâteux, l'alibi, avec des morceaux de carotte.
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F
Je m'en doutais et pour les passants je suis d'accord , c'est un goût d'une saveur un peu trop passe partout, on s'en lasse ;-)
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G
Lidia : Charles est aveugle, voyons, au propre comme au figuré...<br /> <br /> Frasby :ça pourrait mais ça n'est pas. A vrai dire, je n'ai pas "visualisé" Charles. Au fait, le goût pour "les passants" est un goût qui passe.<br /> <br /> A D.Hasselmann : votre texte m'a fait sourire, on voit que vous avez pris le train il n'y a pas longtemps...
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D
Le fabricant du "Love-gum" en vendait surtout dans les gares, là où les enseignes "Relay" préparaient déjà les voyageurs à sauter le pas.<br /> <br /> Emballé de rose, le "Love-gum" avait pour effet d'effacer toute odeur de rouge à lèvres, toute effluve de langue s'étant agitée autour d'un autre appendice de rencontre.<br /> <br /> Mieux qu'un chewing-gum à la chlorophylle (on devinait facilement qu'il avait été mâché juste avant l'arrivée pour dissimuler un comportement déviant), le "Love-gum" faisait pénétrer dans la bouche une saveur tenace de sandwich SNCF : quelque chose de moisi, de spongieux, de baveux, avec un soupçon (hitchcockien) de mayonnaise.<br /> <br /> - Oh, Charles, je t'embrasse, mais excuse-moi, dit la passagère pas sage en descendant du train, je viens juste de grignoter au bar du TGV, il serait vraiment temps qu'ils changent de fournisseur !
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F
Ca ressemble furieusement à une histoire vécue ;-) <br /> qui n'a pas un jour "essayé" ? (enfin "furieusement", j'exagère) ce goût charmant de l'étranger"... a quelque chose de si provisoire,de si ardent.<br /> Charles ? j'espère que ce n'est pas ce petit pharmacien de province ???
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