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Presquevoix...

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27 octobre 2008

Je veux le prince charmant (fiction de MBBS)

- Mais tu veux quoi à la fin ?

- Je veux…je veux le prince charmant !

- Tu veux jouer à Cendrillon ? Mais tu n’as plus l’âge.

- C’est quoi ces histoires d’âges ? Parce que je n’ai plus 18 ans, je n’ai plus le droit de rêver ?

- Si, si, ce n’est pas ce que je voulais dire mais le prince charmant, à notre époque, c’est un peu puéril non ?

- Non !

- Ah ! bon. Bien, tu as surement raison…et tu le vois comment ton prince charmant, sur un beau cheval blanc, pourfendant le dragon pour toi ?

- Ne me prends pas pour plus bête que je ne suis, des dragons, il n’y en a pas. Non, moi le prince charmant je le vois…enfin, je ne veux pas tomber dans les mièvreries ni dans les stéréotypes mais je l’aimerais…entre 40 et 50 ans, fort, sensible, attrayant, belle chevelure blanche lui donnant un air distingué, habillé d’un pantalon en velours, d’un pull en cachemire qui serait doux au toucher quand je me presserais contre lui, d’une veste imperméable de bonne coupe et de bottes pour parcourir son domaine. Il aurait un mas dans la nature et serait vigneron par goût.

- Et il aurait bien sûr une fortune lui permettant d’avoir du personnel pour ses vignes et ainsi de vivre sans trop s’échiner à gratter la terre ?

- Tu te moques ?

Un sourire à peine masqué

- Non, pas vraiment…et c’est tout ? Tu l’aurais rencontré comment ?

- En vacances. Alors seule à découvrir la région, ma voiture en panne sur une route paumée en pleine nature, la batterie de mon portable à plat, la nuit qui tombe, la peur qui s’installe et lui qui aurait débouché au volant de sa Range Rover pour me secourir. Je pourrais rajouter la pluie, comme ça, trempée, il m’aurait invitée chez lui pour me sécher, me réchauffer et au passage, m’inviter à souper.

- C’est bien l’histoire de Cendrillon, un peu mise au goût du jour mais c’est bien ça ! Et la suite, tu la vois dans…son lit ?

- Cendrillon n’a pas couché de suite, je te fais remarquer.

- C’est vrai, à l’époque, il fallait d’abord passer devant le curé. Après ce sauvetage et ce souper romantique, il te raccompagne à ton hôtel ?

- Oui car ma voiture toujours en panne sera remorquée le lendemain. Il m’invitera à me promener sur ses terres et me montrera des endroits charmants et nous échangerons notre premier baiser sur une colline surplombant le village. Tu bailles ? Mon histoire ne t’intéresse pas ?

- Tu veux savoir le fond de ma pensée ?

- Euh, oui !

- Pour une écolo, imaginer un prince charmant avec une Range Rover quand on sait combien ces voitures polluent, je comprends pas ! Pour une féministe comme toi, imaginer vivre une histoire style roman Harlequin, je comprends encore moins ! Donc, soit tu deviens débile avec l’âge, soit tu es en manques !

Rire

- Ni l’un, ni l’autre, je m’amusais.

- Tu t’amusais ? A mes dépens ?

- Non. Pour la Range Rover, je suis d’accord avec toi, j’aurais pu choisir une voiture plus écolo, mais pour le reste, qui te dit que dans le bras d’un tel homme, j‘oublie mes convictions d’égalité ?

Moment de silence

- C’est vrai, pas incompatible, mais si tu trouves ce prince charmant, tu me promets une chose.

- Laquelle

- Tu me présentes son frère !

27 octobre 2008

Se ronger ( texte de gballand )

Il faut que j’arrête, se dit-il. Il chercha résolument un sparadrap dans son sac à dos, il n’y en avait pas. Ses doigts, impudiques, exposaient leur souffrance au premier venu. S’il ne trouvait pas de sparadrap,  son index serait bientôt un charnier ! Voilà 40 ans qu’il s’acharnait sur ses doigts, pourtant les choses semblaient aller mieux depuis qu’il était là.

Il pensa à sa femme, partie depuis un an maintenant, à ses enfants qui ne venaient le voir que très rarement, à sa mère, morte deux ans plus tôt, à son frère qui ne voulait plus entendre parler de lui… Il fallait qu’il arrête de se ronger sur le champ, question de survie. Maintenant qu’il était en vacances, il devait en profiter. Son regard se posa à nouveau sur ses doigts et il arracha une peau qui dépassait ; la dernière de l’après-midi, se dit-il.

Il ferma son sac à dos, le remit à l’épaule et marcha lentement vers la grande bâtisse  où il résidait. Près des escaliers, il dit bonjour à deux femmes en blouse blanche qui discutaient, elles lui répondirent aimablement. A 16 heures, ce serait le thé, à 19 heures, on servirait le repas du soir et à 21 heures il serait au lit. Finalement, il avait eu raison de choisir cet hôtel en lisère de  forêt. Il ne pouvait pas sortir comme il l’aurait souhaité mais au moins, il y était bien, loin des rumeurs du monde.

26 octobre 2008

A toi (texte de gballand)

effondrementTu vois cette photo, c’est la seule que je n’ai pu ni déchirer, ni te renvoyer ! J’aurais sans doute dû le faire mais j’aime à me voir insouciante, aller d’avant en arrière, sans que rien ne trouble le mouvement de balancier de l’amour. Tu as toujours su prendre les photos de moi que j’aurais voulu prendre ; tu m’avais donné envie de m’aimer.

A quoi sert de vouloir repeindre le passé ? Les souvenirs s’écaillent et mettent à nu les blessures où s’engouffrent les fragments de notre histoire. Les gens me disent : réagis, d’autres hommes peuvent habiller* ta vie ; mais ils ne savent rien de l’absence qui déchire le désir.

Aujourd’hui je  regarde cette photo  et je voudrais m’effacer, j’y arrive presque ; je suis floue, je suis un fantôme… bientôt les fleurs seront coupées, le vent éparpillera des pétales de deuil, la balançoire continuera son mouvement d’avant en arrière, mais je ne serai plus là.

* « habiller » ce mot est une réminiscence de  lecture d’une pensée lue sur le blog  la colline au cigale

PS : cette photo m’a été gentiment prêtée par Lidia, du blog petites régurgitations

25 octobre 2008

comment se débarrasser d'un importun ? (gballand)

J’imagine que vous aussi, on vous téléphone – et en général quand vous faites la cuisine,  quand vous êtes aux toilettes ou quand vous vous installez enfin sur le canapé, après une journée de travail exténuante… – pour vous demander si vous êtes intéressé par des « réductions fiscales ».
Cette question me hérisse et je réponds invariablement que non, que j’adore payer des impôts et que je ne voudrais pour rien au monde les réduire. Et puis la dernière fois, c’est mon mari qui a répondu au téléphone.

- Mais dites-moi, si jamais un jour vous avez un cancer, vous serez bien content de trouver un hôpital qui vous soignera correctement. Et les hôpitaux ? Comment croyez-vous qu’on les gère, les hôpitaux ? Et bien avec l’argent public, avec mes impôts et les vôtres !  Et puis il a raccroché.

Très fort, me suis-je dit, le genre d’argument qui fait mouche. J’ai juste espéré que son interlocuteur n’avait pas de cancer... Imaginez que le pauvre type, désespéré après cette réplique incisive, se jette par la fenêtre du local d’où il « prospecte » ? Je sais, j’ai trop d’imagination, ça me dessert.
Alors moi, la prochaine fois qu’on me parlera de réductions fiscales, au lieu du cancer, je choisirai une petite « maladie », une appendicite… ou des calculs rénaux ; tiens, c’est bien ça, les calculs...

24 octobre 2008

Malentendu (gballand)

A la fin – conclut-elle agacée -   j’en ai eu marre de son monologue et j’ai mis un terme à notre conversation ; d’ailleurs, je ne lui avais pas parlé pour qu’elle me parle d’elle, mais pour lui parler de moi !

23 octobre 2008

L’encyclopédie ( texte de gballand )

- Les encyclopédies, c’est nul !

C’est ce qu’il lui avait déclaré quand elle lui avait dit  ce jour-là.

- Internet, niet ! Et tu sais très bien  pourquoi !

Il n’ouvrait jamais  une encyclopédie : trop lourde, écrit trop petit, pages trop fines… elle connaissait le discours de son fils par cœur, c’était un adepte de la secte du copier-coller ! Elle avait donc continué à vaquer à ses occupations comme si de rien n’était ; entamer  les hostilités n’aurait servi à rien !

- Ben je m’en fous, si j’ai un zéro ça sera de ta faute, y faudra pas te plaindre !

Il avait toujours su  quoi dire pour la faire rugir.

- Putain de merde, prends l’encyclopédie dans la bibliothèque je te dis, c’est pas difficile ça, non ? C’est ce que je faisais, moi, quand j’avais ton âge ! Je cherchais dans l’en-cy-clo-pé-die et j’en suis pas morte !

Pourquoi lui avait-elle dit « putain de merde » ? Ce n’était pas digne d’elle. Elle devait se reprendre, faire deux ou trois respirations ventrales et tout irait pour le mieux. Ensuite elle relaxerait ses épaules si tendues et elle pourrait peut-être lui adresser la parole sur un ton moins agressif.

Mais son fils ne l’entendait pas de cette oreille.

- Bon, c’est toi qui l’auras voulu, après faudra pas m’accuser ! Et il se planta devant la télévision.

Quand elle le vit avachi sur le canapé, la télécommande à la main,  elle hurla dans la cage d'escalier.

- MICHEL – EL- EL, occupe-toi de ton fils ou je fais un malheur !!!

22 octobre 2008

Rome ( voyage de MBBS)

079

Tous les chemins mènent à Rome !

C’est ce qu’on dit souvent, moi je dirais autre chose du style :

« Rome, d’antique, tu es devenue tragique »

 « A Rome, mot d’ordre pour les motos, scooters, voitures: foncez !

A Rome, mot d’ordre pour les piétons : faites gaffe à votre vie ! »

 « Colisée, tes murs sont-il encore empreints du sang des victimes de tes jeux?»

« Rome, lieu idéal pour apprendre la patience dans les queues d’attente »

 

Bon ça c’est pour le côté râleur…passons au côté un peu plus sympa

« Rome, si riche d’Histoire que c’en est étourdissant »

« Musées, églises, places, monuments, mon regard ne savait plus où se poser pour se reposer »

« Rome, ta beauté et ta grandeur côtoient ta décadence »

«  A Rome, même dans les restaurants touristiques, les pizzas et les pâtes sont bonnes »

« A Rome, le Frascati (vin blanc du coin) coule rafraichissant dans les gosiers assoiffés »

22 octobre 2008

Le chiffre 6 ( texte de gballand )


- N'en mangez surtout pas,  c’est très mauvais !

C'est ce qu'il lui avait dit la première fois qu'elle l'avait vu au restaurant ; ils mangeaient à deux tables séparées, seuls l’un comme l’autre. Elle avait tout de suite aimé ses yeux noirs légèrement cernés, elle n’aurait pas dû. Il lui avait téléphoné le lendemain  et ils s’étaient donnés rendez-vous devant Notre Dame. Elle coucha avec lui le soir de son sixième rendez-vous – le six était son chiffre fétiche – dans un  hôtel tranquille du quartier St Germain : ce fut un fiasco ! Il la supplia de le revoir, « pour réparer », disait-il. Elle accepta. Ils se rencontrèrent deux,  trois,  quatre, cinq, six fois : le même néant.

Elle renonça à lui ; il ne pensa qu’à elle.

21 octobre 2008

Une phrase

"L'écriture, une sorte de peau qui doit coller à son contenu comme notre peau colle à notre corps tout en lui permettant de respirer"
Alice Rivaz

Simplement envie de partager cette phrase avec vous...

21 octobre 2008

Ma vraie voisine (texte de gballand)

Ma vraie voisine est sans doute pire que ma voisine fictive , c’est pour ça que je préférais ne pas en parler… Par contre, elles ont toutes les deux un point commun : elles parlent trop !

Souvent je me pose la question suivante : pour quoi parler quand on n’a rien à dire ? Et je me tais. Ma vraie voisine, elle, se demande plutôt : pour quoi se taire quand on n’a rien à dire : et elle parle ! Ma vraie voisine n’a pas peur des idées reçues, non, elle les charrie par brassées, par cageots, par tombereaux que dis-je, et elle les déverse d’un seul coup, à la figure de la première venue, moi en l’occurrence, quand elle me voit dans le jardin ou sur le balcon.

Justement, la semaine dernière, j’étais sur le balcon parce que je voulais  couper les branches de notre forsythia, mais mon mari est sorti comme un cinglé et m’a dit d’un ton brusque.

- Ne coupe rien  !
- Mais pourquoi ? Il repartirait mieux le forsythia.

Il m’a mis violemment les points sur les « I ».

- Ne coupe rien, je te dis ! Au moins, avec les branches, la voisine me voit pas quand je suis assis sur le balcon !!! J’ai bien le droit d’être tranquille chez moi, non ?

J’ai rangé mon sécateur. Le forsythia passe  après mon mari.

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