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Presquevoix...

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15 décembre 2008

Enfance ( gballand )

Nous parcourions le rayon « homme » du printemps, quand soudain il s’immobilisa devant un enfant tétant tranquillement sa sucette dans sa poussette, étranger à l’agitation du rayon.

- Ah le bienheureux  - s’extasia-t-il, un sourire béat aux lèvres - parfois je me dis que j’aimerais bien être dans une poussette et  ne rien faire !

Mais immédiatement il se reprit, l’air inquiet, comme s’il avait oublié un détail important.

- Ah mais j’y pense, c’est pas possible, parce que celle qui me pousserait, ça serait ma mère !!!!!

Et il traversa le magasin d’un pas rapide, comme si l’image maternelle le pourchassait.

14 décembre 2008

Se perdre… (texte de gballand)

museeIls étaient au bar des fleurs et Marie lui avait dit en souriant.

-         - Souvent je me perds de vue.

Sa remarque l’avait pris au dépourvu. Pour éviter le silence, il avait renchéri.

-         Achète des jumelles !

Elle n’avait pas trouvé ça drôle, et leur face à face s’était terminé  dos à dos.

Il avait essayé de lui téléphoner le lendemain, pour s’excuser, mais il tombait toujours sur le répondeur. Lassé, il avait fini par laisser un message qui disait.

-         Désolé pour hier. Rappelle-moi vite, je ne voulais pas te blesser.

Mais Marie n’avait jamais rappelé et il n’avait jamais pu lui expliquer. La vie avait suivi son cours et Mélanie, Julie, Agnès… avaient presque réussi à effacer Marie.

En deux ans, il ne l’avait jamais croisée, étrange dans une si petite ville. Jusqu’au jour où il crut la voir au musée des Beaux-Arts. C’était elle, certainement, il n’y avait qu’elle pour marcher ainsi. Il alla à sa rencontre dans le silence de la salle dédiée aux impressionnistes et il l’appela.

- Marie !

Elle fit volte face.

- C’est à moi que vous vous adressez ?

-         Tu ne me reconnais pas ? Antoine !

Elle l’observa attentivement et répondit.

-         Non, je n’ai jamais connu d’Antoine.

-         Enfin Marie, tu te souviens bien, cette histoire de jumelles, il y a deux ans, et à cause de ces jumelles tu t’es fâchée avec moi !

-         Non, je ne vois vraiment pas, désolée ; Antoine, ça ne me dit rien. Mais au fait, votre Marie, qui est-ce qui vous dit qu’elle veut vous revoir ?

Et elle tourna les talons. Perplexe, il murmura «  Combien de mensonges  faut-il pour faire une vérité ? »

* photo vue sur ce site

13 décembre 2008

La météo ( gballand )

Ils étaient attablés devant la télévision qui venait de cracher la dernière information du journal de 20 heures. Elle savait qu’ensuite il y aurait l’inévitable météo, avec Tania Young. Elle lui fit remarquer, un peu irritée.

- Tu as déjà vu la météo avant le journal, il faut vraiment que tu la voies juste après, aussi ?

Il lui répondit  calmement.

- On ne sait jamais, ça peut changer.

Elle préféra quitter la table.

12 décembre 2008

Maman ( texte de gballand )

Aujourd’hui maman est morte* et je suis soulagée. Maman s’est suicidée en se jetant du troisième étage. Bizarre, parce que maman était parfaite. Papa, lui, dit que maman est tombée en faisant les carreaux. Papa a toujours vu la vie comme ça l’arrangeait. Comment peut-il croire que maman faisait les carreaux ? Elle  détestait les faire ! Inutile de discuter avec papa, papa vit dans le déni ; il m’écœure.

J’ai toujours cru que maman avait droit de vie ou de mort sur moi, mais ce n’est pas moi qui suis morte, c’est elle. Quand j’étais petite, les bras de maman me faisaient peur. Quand ils m’entouraient, je croyais qu’ils allaient m’étouffer. Tout le monde disait que nous nous entendions tellement bien ! Moi aussi je l’ai longtemps cru. Pourtant je peux dire aujourd’hui que maman était mon bourreau.

Depuis un an, maman commençait à avoir des doutes. Ils sont arrivés sur la pointe des pieds et avec les mois, ils ont tissé leur cocon de deuil. Il y a une semaine, maman m’a dit avec force : « Tu dois vivre ta vie ! ». Je l’ai regardée à deux fois, mais elle ne m’a rien dit d’autre, et moi, je suis restée silencieuse, comme d’habitude.

Aujourd’hui je descends les escaliers, ma valise à la main, je passe le seuil de la porte et je ne regarde pas derrière moi. Papa doit m’observer derrière le rideau de la fenêtre de sa chambre, peut-être qu’il pleure, mais je ne me retournerai pas pour lui dire adieu…

Aujourd’hui maman est morte, c’est mon anniversaire : j’ai vingt ans.

* Consigne proposée par les impromptus littéraires, à partir de la première phrase de l’Etranger de Camus

11 décembre 2008

Mes non-cours de piano ( gballand )

Je me souviens de mes non-cours de piano. J’avais 9 ans et j’allais le jeudi matin – jour des enfants, à l’époque -  chez mon professeur qui habitait une grande maison au fond d’un parc ; et au milieu du parc, un cèdre singulier dont les longues branches   arrivaient presque au deuxième étage de la maison.

J’aimais jouer du piano, mais j’aurais voulu jouer « comme ça », sans travailler, j’aurais voulu qu’un miracle se produise, j’aurais voulu être « douée »  ! Mon professeur - une dame sympathique et dotée d’un certain humour, si je me souviens bien - sans doute lassée de me répéter les mêmes choses, a fini par se plier aux règles que ma « paresse » lui a insensiblement fixées : c’est elle qui jouait, et moi qui l’écoutais…

J’ai arrêté le piano à 11 ans. J’ai essayé de recommencer à 16 ans, puis à 42 ans, mais le passé resurgissait.  Je ne désespère pas d’y arriver… un jour…

10 décembre 2008

Méprise ( texte de gballand )

Elle le sentait derrière elle depuis longtemps, mais elle faisait comme si de rien n’était. Heureusement, c’était l’heure de pointe, les couloirs grouillaient de gens pressés de rentrer dans leur boîte pour s’anesthésier devant le journal de 20 heures. Seulement, une fois sur le quai, elle n’y tint plus. Elle se tourna vers l’homme qui la suivait et hurla.

- Vous n’avez rien d’autre à faire que de suivre les femmes dans le métro !

Il tourna les yeux dans sa direction, interloqué, suffoqué qu’on puisse s’adresser à lui sur ce ton-là. Que lui avait-il fait ? Il l’avait regardée plus qu’il n’aurait dû ? Il avait marché derrière elle sans s’en apercevoir ? Elle avait été gênée par sa présence ? La femme continuait à vitupérer et il ne trouvait rien à répondre. Soudain, il fouilla dans son sac et en sortit sa canne blanche, pliée en quatre. Il la déplia rapidement et la tint ostensiblement à la main. Le métro arrivait. Il décida de rester sur le quai, il attendrait le prochain. Il ne valait mieux pas qu’il prenne le risque de se retrouver dans le même compartiment que cette folle.

Quand le métro partit, il fut soulagé, mais il sentit immédiatement une présence derrière lui, comme un souffle légèrement haletant.


- Que voulez-vous ? dit-il fermement.
- M’excuser, répondit une voix de  femme qui s’évanouit aussitôt.

9 décembre 2008

le chaudoudou (MBBS)

Connaissez-vous l’histoire des chaudoudoux* ? Je l’ai entendue ce week-end et j’ai trouvé qu’en période de blues, de tristesse, de doute, de mal-être, de besoin de chaleur, tendresse et affection, c’était une façon de se faire du bien. Pour résumer, un chaudoudou est quelque chose qui nous fait du bien, quelque chose qui nous apporte un certain réconfort et qui par sa douceur, nous enveloppe dans un sentiment de bien-être. Chacun peut avoir son propre chaudoudou, j’ai testé le jeu « cadavre exquis façon chaudoudou » et j’ai envie de continuer cette expérimentation avec vous.

Je vous propose donc de m’aider à faire mon propre chaudoudou-presquevoix, que je pourrais lire à volonté pour me sentir bien avec l’idée que je veux bien aussi participer au vôtre si vous êtes tenté d’en avoir un à vous. Comment faire ?

Vous ne me connaissez que par mes écrits, je ne vous connais que par les vôtres mais les écrits parlent…un peu, beaucoup…Vous qui me lisez, ce serait chouette si vous pouviez m’envoyer dans les commentaires de ce message un signe de reconnaissance positif, une petite phrase positive sur moi, mon écriture, mes idées, ma façon de paraître à travers les mots, chaque phrase étant une parcelle de ce cadavre exquis tout doux et tout chaud qu’il me plaira de lire quand je serais en panne, en doute, en déprime passagère.

Mais attention, je ne suis pas preneuse du Froidpiquant, le contraire négatif que je ne crois pas utile de vous présenter, son appellation étant bien assez explicite…

Alors, cela vous dit ?

 

* le conte chaud et doux des chaudoudoux. Claude Steiner, inter Editons 1984

9 décembre 2008

Félix Fénéon, nouvelles en trois lignes* (gballand)

Les nouvelles en trois lignes sont tirées de faits divers réels notés avec précision et cruauté. Par exemple :

« Danielle L, 53 ans, empoisonna son jeune amant. Puis, trop fatiguée pour le traîner jusqu’à la cave avec les autres, elle alluma une cigarette. »

A la manière de Felix Fénéon, voici ma nouvelle en trois lignes :

Emile B, 60 ans, boucher, assomma sa femme avec un rouleau à pâtisserie puis la découpa en morceaux  au couteau de boucher. « Elle m’a roulé dans la farine pendant 40 ans ! » se justifia-t-il calmement quand la police vint le chercher.

Vous avez, ici, une biographie de Félix Fénéon 

* les nouvelles en trois lignes sont publiées au Mercure de France, 3 euros.

8 décembre 2008

L’homme en slip (gballand)

Il est en slip sur le pallier, sa chemise lui arrive en haut des cuisses, une chaussette est  remontée, l’autre non, et il regarde dans le vague, l’air perdu. Elle lui demande un peu étonnée.

- Tu vas travailler en slip aujourd’hui ?
- Oui, comme ça  j’irai à l’hôpital, répond-il en souriant
- Et tu y feras quoi à l’hôpital ? dit-elle machinalement.
- Rien justement. C’est bien de rien faire, non ?

Elle hausse les épaules et continue de taper sur le clavier la fin d’un exercice qu’elle devra donner aux élèves le jour même. Avant de partir, elle lui crie un « au revoir » sonore. Elle ne monte pas le voir, pas le temps, ses photocopies ne sont pas faites et elle met une demi-heure avant d’arriver au travail.


Sa journée se déroule comme à l’habitude, sans joie ni peine particulière. Au moment d’aller à la cantine, son téléphone sonne, elle décroche. Après une entrée en matière assez longue, une voix administrative lui annonce.

- Votre mari errait dans les rues en slip, alors on l’a amené à l’hôpital.
- Quel hôpital ? S’entend-elle dire.
- Sainte Anne. Passez à 16 heures, Secteur 3, vous pourrez voir le psychiatre, M. Tardif, il vous expliquera.

Elle remercie, raccroche et décide de ne pas assurer ses cours de l’après-midi. Elle repense à la conversation du matin. Pourquoi avait-elle passé sous silence ce qu’il lui avait dit ? Pourquoi avait-elle oublié ce qu’il ne lui avait pas dit mais qui maintenant, lui semblait si clair…

7 décembre 2008

Des rossignols pas comme les autres

Ils sont drôles et leur quatuor est parfait.

L'un des membres du quatuor présente ainsi le groupe :

"DVD de démo d'un quatuor humoristico vocal que j'ai créé avec Gérard Yon, Pierre Gaudin, et Guillaume Payen...
Succès unanime partout où nous jouons...
Si vous êtes, ou connaissez des organisateurs intéréssés, écrivez moi à :
patgui4@wanadoo.fr"

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