A toi (texte de gballand)

Tu vois cette photo, c’est la seule que je n’ai pu ni déchirer, ni te renvoyer ! J’aurais sans doute dû le faire mais j’aime à me voir insouciante, aller d’avant en arrière, sans que rien ne trouble le mouvement de balancier de l’amour. Tu as toujours su prendre les photos de moi que j’aurais voulu prendre ; tu m’avais donné envie de m’aimer.

A quoi sert de vouloir repeindre le passé ? Les souvenirs s’écaillent et mettent à nu les blessures où s’engouffrent les fragments de notre histoire. Les gens me disent : réagis, d’autres hommes peuvent habiller* ta vie ; mais ils ne savent rien de l’absence qui déchire le désir.

Aujourd’hui je  regarde cette photo  et je voudrais m’effacer, j’y arrive presque ; je suis floue, je suis un fantôme… bientôt les fleurs seront coupées, le vent éparpillera des pétales de deuil, la balançoire continuera son mouvement d’avant en arrière, mais je ne serai plus là.

* « habiller » ce mot est une réminiscence de  lecture d’une pensée lue sur le blog  la colline au cigale

PS : cette photo m’a été gentiment prêtée par Lidia, du blog petites régurgitations

Comments

[gballand]

Si mon texte a pris des chemins qui rencontraient le vôtre, j'en suis heureuse.
Ce qu'il y a de fascinant dans une photo, c'est ce moment qu'elle fige à jamais alors que les sentiments eux, et les hommes et femmes qu'ils font vivre, sont mouvants.

[Lidia]

Je n'aurais pas pu écrire un texte aussi beau, qui par certains moments de ma vie me ressemble un peu comme si je l'avais écrit.
La photo raconte des instants d'existence qui se mêlent intimemment aux mots que vous lui avez offerts. Je suis un peu émue et très troublée.
Merci, je prends ce travail comme un véritable cadeau, qui me fait du bien, beaucoup de bien.

[frasby]

Cette photo est fantômatique ...(Pardon mais il semble que vous l'écrivez un peu )
Je pense à Marienbad en noir § blanc aussi (-Souvenez vous...-non laissez moi, je ne me souviens plus de rien ")
Enfin que d'autres hommes "habillent" la vie, je n'y crois pas, l'Amour n'est pas une boutique de prêt à porter ;-), même si la formule est jolie
Merci de vos visites chez moi

[Manuel]

C'est mélancolique, alors que sur la photo, la demoiselle sourit. Enfin, on a l'impression qu'elle sourit.

[gballand]

Polipoterne : merci de votre lecture qui ouvre mes yeux.

Mû : il vaut mieux se tourner vers l'espoir.