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5 octobre 2010

La belle-mère

Hier soir, coup de fil à 23 heures et nuit blanche. On a séquestré ma belle-mère. Les ravisseurs demandent 50  000 euros pour nous la rendre. 50 000 euros ! Mais ils sont fous ? Où va-t-on trouver ça ? Et puis après tout je m’en fiche, ce n’est pas ma mère c’est la sienne ! Qu’il se débrouille pour réunir les fonds. Quand je le lui ai dit, il a souri. J’ai trouvé ça bizarre mais à vrai dire je ne connais pas ma belle-mère. Elle n’a jamais voulu me voir et, de mon côté, je n’ai jamais insisté.
Ce matin, à 10 heures, nouveau coup de fil : c’était les ravisseurs. Quand mon mari a  raccroché il était aux anges et il m’a dit :

- Je m’en doutais.
- De quoi ? Ai-je répondu.
- Ils ne peuvent plus la supporter et ils me supplient de venir la chercher : mon prix sera le leur !
- Et alors ?
- J’ai demandé 50 000 euros en petites coupures !

PS : texte écrit à partir des paroles de cette samba malicieuse de Bezerra da Silva qui s’intitule « Sequestraram minha sogra »  : On a séquestré ma belle-mère 
Le refrain dit « On a séquestré ma belle-mère, bien fait pour le kidnappeur, au lieu de se faire payer la rançon, c’est lui qui me l’a payée

4 octobre 2010

La clinique

A 14 heures, elle avait l’estomac dans les talons. Quand elle demanda à l’aide-soignante si elle pouvait manger quelque chose, Celle-ci refusa sèchement.
- Mais je n’ai rien mangé hier, argumenta-t-elle.
Elle s’entendit répondre qu’elle aurait dû se forcer. La conversation laissait augurer le pire. Soudain elle s’énerva :
- Arrêtez de le prendre d’aussi haut, sachez bien que si on n’était pas malade, vous n’auriez plus de boulot !
L’aide-soignante sortit de méchante humeur. Un quart d’heure plus tard tout le personnel savait que la dame de la chambre 24 était une « emmerdeuse » !

1 octobre 2010

Le psychiatre

Elle y était allée pour lui, il n’allait pas bien. A vrai dire, elle en avait marre de le voir courir après sa queue. A aucun moment, le psychiatre ne s’adressa  à son partenaire, elle s’en étonna. Il conclut la consultation d’une voix calme :
- Pour lui je ne peux rien faire, par contre pour vous… Un rendez-vous la semaine prochaine, ça vous irait ?
Elle aboya qu’elle n’était pas malade. Le berger allemand, lui, ne dit rien.

PS : En lien, ce sketch hilarant des Deschiens : « le psychanalis »

30 septembre 2010

Le maquereau sur le grill

Il était maquereau comme d’autres étaient cuisiniers. Il n’avait pas la vocation, c’était arrivé comme ça, par désœuvrement,  quand il avait rencontré Maryse à Clichy. Et puis de filles en filles, il s’était construit une clientèle et son portable sonnait à toute heure du jour et de la nuit. Maintenant il faisait travailler 10 filles sur le boulevard des Belges, le soir. Jamais la journée, la journée elles se reposaient. Ce n’était tout de même  pas un négrier, et c’est pour ça qu’elles le respectaient. Elles lui disaient même :
- Avec toi, c’est pas pareil ! Et il les croyait.
Seulement, il avait commis imprudence sur imprudence. Maintenant, dans cette salle du tribunal où on le bombardait de questions, il avait l’impression d’être sur le grill et cette fois-ci, il n’échapperait pas aux braises ardentes de la justice...

25 septembre 2010

L'histoire

fen_treMait_Le premier jour, elle était passée devant la fenêtre sans s’arrêter, le deuxième et le troisième aussi, mais le quatrième, elle n’avait pu s’empêcher de coller son visage à la vitre et elle avait nettement vu deux yeux noirs et un masque blanc.
Le soir même, elle en parla à sa mère. Celle-ci lui intima de se tenir à distance :
- On ne sait jamais, il est peut-être dangereux, tu sais ce qu’on dit sur lui !
Elle haussa les épaules. Un jour elle sonnerait à sa porte, elle en était sûre ; mais avant elle écrirait une histoire que lui seul lirait…

PS : fragment écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Maïté du blog « éclats de mots ».

18 septembre 2010

Le dîner en amoureux

Hier, on dinait au restaurant avec mon mari, un dîner en amoureux comme cela ne nous était pas arrivé depuis longtemps. Juste après l’entrée, il a fallu qu’il mette la conversation sur un sujet qui fâche. Il aurait pu attendre, mais non, il est bien comme sa mère ! Ni une ni deux j’embraye et je lui réponds d’un ton plus que vif. A ce moment-là j’ai senti une main sur mon épaule. Je me retourne agacée et un homme aux cheveux grisonnants me dit en me tendant une carte :

- Tenez,  je suis avocat.
- Et alors ? Lui ai-je fait agressive.
- Eh bien je m’occupe de divorces.

Mon mari a éclaté de rire. Moi, non. Il ne perd rien pour attendre…

17 septembre 2010

Les fleurs disparues

A chaque fois qu’elle disposait des fleurs sur sa tombe, elles disparaissaient. Même les fleurs en plastique s’étaient volatilisées. Et puis un jour il y eut  l’enveloppe à son nom, placée sur la tombe. La lettre qu’elle déplia disait :

« Sylviane,

Merci pour les fleurs. Ne t’étonne pas de leur disparition, je préfère les mettre en lieu sûr, il y a tellement de gens mal intentionnés.
Ta mère qui pense à toi
. »

Elle replia la lettre et la rangea dans son sac.
Le lendemain elle revint au cimetière. Sur la tombe de sa mère, elle laissa  une enveloppe à son nom où elle avait glissé la lettre suivante :

« Chère maman,

Si telle est ta volonté, soit, mais permets-moi de te dire que tu ne t’arranges pas ! Moi qui pensais que l’éternité ferait son œuvre …
Ta fille qui pense à toi.
»

16 septembre 2010

Le cinéma

- Qu’est-ce qui vous a pris ? Vous êtes indécent*,  chuchota-t-elle en lui enlevant la main qu’il avait placée sur sa cuisse comme un propriétaire en terrain conquis.
Il la retira sa main. On ne l’y reprendrait plus. Au café, elle l’avait aguiché en passant sa langue plusieurs fois sur ses lèvres  entrouvertes. Elle avait même donné un vibrato sensuel à sa voix, et maintenant qu’il lui mettait la main sur la cuisse dans l’obscurité de la salle de cinéma elle faisait la prude. Il y en a qui méritaient vraiment de tomber sur des goujats.
A la sortie du cinéma, quand elle lui demanda s’il voulait boire un verre chez elle,  il lui rétorqua :
- Vous voulez que  je vienne chez vous pour  ensuite m’accuser de viol ?
Elle fondit en larmes mais il resta de marbre :
- Bonne soirée, dit-il avant de s’éloigner.
Deux minutes plus tard il revenait sur ses pas et lui tendait un mouchoir…

* phrase extraite de « la fuite de M. Monde » de George Simenon

15 septembre 2010

Les pellicules

Le coiffeur lui avait dit que c’était un produit miracle. Avec ça, les pellicules disparaitraient en un mois. Et effectivement, il avait raison.
Après le premier lavage ses cheveux partirent par poignées entières et après le deuxième – car il s’obstina à utiliser le même shampoing par souci d’économie -  il devint  chauve. 

13 septembre 2010

Le père

Cela faisait deux heures qu’ils roulaient sur l’autoroute du Sud et ils n’avaient échangé aucun mot depuis le départ. Quand le père mit une cantate de Bach son fils bougonna et dit qu’il avait mal à la tête.
- Mal à la tête ? Mais quand tu mets ta musique de merde à fond dans la chambre tu te fous bien de savoir si les autres ont mal à la tête. Est-ce que dans ta vie d’adolescent égoïste tu t’es dit,  une fois au moins, que tu pourrais parfois faire plaisir à tes parents ?
Son fils répliqua qu’il lui donnait  envie de gerber. Enervé, le père freina brusquement, s’arrêta sur la bande d’arrêt d’urgence et gueula :
- Prends ton sac et dégage !
Il lui jeta 20 euros, claqua la portière derrière lui et démarra en trombe. Il n’eut pas même un regard dans le rétroviseur.

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