Le cinéma
- Qu’est-ce qui vous a pris ? Vous êtes indécent*, chuchota-t-elle en lui enlevant la main qu’il avait placée sur sa cuisse comme un propriétaire en terrain conquis.
Il la retira sa main. On ne l’y reprendrait plus. Au café, elle l’avait aguiché en passant sa langue plusieurs fois sur ses lèvres entrouvertes. Elle avait même donné un vibrato sensuel à sa voix, et maintenant qu’il lui mettait la main sur la cuisse dans l’obscurité de la salle de cinéma elle faisait la prude. Il y en a qui méritaient vraiment de tomber sur des goujats.
A la sortie du cinéma, quand elle lui demanda s’il voulait boire un verre chez elle, il lui rétorqua :
- Vous voulez que je vienne chez vous pour ensuite m’accuser de viol ?
Elle fondit en larmes mais il resta de marbre :
- Bonne soirée, dit-il avant de s’éloigner.
Deux minutes plus tard il revenait sur ses pas et lui tendait un mouchoir…
* phrase extraite de « la fuite de M. Monde » de George Simenon