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Presquevoix...

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8 juillet 2008

On a tous besoin d’un cerveau ?

cerveauPour cette campagne, l’ICM – l’institut du cerveau et de la moelle épinière - a fait appel à Jean Reno ! Cette pub m’a fait pouffer bêtement, mon esprit déformé a tout de suite imaginé autre chose…
Moi, pour cette campagne, j’aurais plutôt fait appel  à des célébrités du monde politique. Il y a des montages qui se perdent… Certains ont déjà sans doute profité de cette aubaine pour faire disparaître la tête de Jean Reno et faire apparaître celle de… 

Eh oui, comme le dit la campagne – et le constat est implacable - « On a tous besoin d’un cerveau ! » N’est-il pas vrai que certains – et je ne citerai pas de noms -  sont bien mal servis ?

7 juillet 2008

Le professeur de piano

blogam_1Sa fille était maintenant installée au piano. Comment pouvaient-elles être aussi différentes ? Elle la voyait empruntée, hésitante, les doigts raides, appliquée comme souvent l’étaient les élèves sans disposition aucune pour la musique, alors qu’elle, au même âge, enchaînait les valses de Chopin sous le regard admiratif de son père. L’échec de sa fille était un peu le sien, et elle lui en voulait. Les petites phrases qu’elle lui glissait à la fin du cours en était la preuve « Ma pauvre chérie, tu l’as bien martyrisé, cette valse ! » ou « Je suis sûre qu’en jouant ce morceau tu as réveillé M. Diabelli qui dormait bien tranquillement dans sa tombe ! »
Quand elle constatait que les mains de sa fille s’avachissaient sur le clavier, mon dieu, elle n’en pouvait plus ! Elle s’excusait auprès du professeur et allait prendre l’air dans le jardin. Cette enfant ne ferait jamais rien de bien au piano, jamais ! Alors, pourquoi continuer à lui faire donner des cours particuliers qui lui coûtaient les yeux de la tête et  ne servaient à rien, sinon à entretenir le professeur ?
Le professeur de sa fille était un homme jeune et courtois. Il avait un visage mince aux pommettes saillantes  et ne se départissait jamais de son sourire, quoi qu’il arrive. Quand la leçon était terminée, elle lui remettait le chèque hebdomadaire en  plongeant son regard dans ses yeux dont la couleur  était si particulière… ce n’était ni du bleu, ni du gris, mais une teinte unique qui lui rappelait les reflets de la rivière où elle allait se baigner enfant. Elle dut admettre que les cours de sa fille n’étaient qu’un prétexte pour  voir le professeur. Il était si doux, si patient, tout le contraire du père de l’enfant. Et ses doigts merveilleusement longs, quel bonheur de les voir courir sur le clavier lorsqu’il jouait un nouveau morceau à sa fille ! Le dernier cours, en l’observant à la dérobée, elle n’avait pu s’empêcher de se demander quel goût avaient ses lèvres et comment il faisait l’amour.
Du jardin où elle avait trouvé refuge, elle entendait encore sa fille qui butait sur les notes de cette petite valse de Diabelli. Mon Dieu comme elle était maladroite ! Elle lui en voulait de donner une aussi mauvaise image d’elle au professeur.

* Texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par  Mû, du blogamû

6 juillet 2008

Le départ à la retraite

NB : ce texte est une fiction

Quelle merveilleuse représentation ses collègues lui avaient faite pour son départ à la retraite. Elle s’était donnée corps et âme à son métier et maintenant elle était devant ses collègues – ceux qu’elle avait aimés mais aussi ceux qu’elle avait détestés -  pour les remerciements rituels.  Elle avait bien préparé quelque chose, mais comment le lire après ce spectacle-là ? Elle s’était vue croquée, caricaturée et elle ne pouvait plus se permettre de rejouer tout à fait la même partition. Et si elle parlait d’elle ? Si elle se laissait voir un peu - juste un peu - telle qu’elle était vraiment ? Mais il ne fallait pas qu’elle pleure, ah ça non, elle ne donnerait pas ce plaisir-là au proviseur ! Elle aurait tout le temps de pleurer sur son sort, chez elle, loin de tous, et tous les jours, si elle le souhaitait. Etait-elle vraiment telle que ses collègues l’avaient montrée ? Amoureuse des textes et des auteurs, amoureuse de la culture, rebelle, icône laïque et syndicale, amoureuse de la scène - parce que chaque cours était une petite pièce de théâtre – amoureuse de l’amour qu’elle portait à l’école ? Et les élèves, les avait-elle aimés pour ce qu’ils étaient ou pour la pâte malléable qu’ils avaient représentée ? Ou bien parce qu’ils étaient ce public captif qui la regardait heure après heure, sur la scène de la littérature ? Ce public qu’elle provoquait à coup de remarques acides, de bons mots, d’autoritarisme, de paroles élogieuses aussi….  Il y avait une chose qu’on  ne pourrait pas lui reprocher, c’était de ne pas avoir fait travailler les élèves. Elle avait toujours voulu leur donner le meilleur, ce qu’on lui avait donné à elle,  ce qui l’avait élevée. Elle aurait souhaité les éclairer, leur insuffler une passion – sa passion ? - mais ne l’avait-elle pas fait, souvent, au prix de l’intransigeance et sous le masque d’un personnage qui n’était pas tout à fait elle  ?
Et les hommes, ceux qu’elle voyait dans la salle, les avait-elle appréciés  ? Et les femmes, n’en avait-elle pas envié certaines parce qu’elles étaient ce qu’elle n’était pas et n’avait jamais été, même jeune ?
Et pourquoi avait-elle élevé le conflit au rang de Grand Ordonnateur du chaos ? Parce que toute vie était un chaos - elle y croyait profondément - et se devait d’être organisée, autant que faire se pouvait. Au prix d’un immense effort, elle  avait mis de l’ordre dans sa vie, avec les auteurs, ses auteurs : Hugo, Flaubert, Châteaubriant, Balzac, Shakespeare… beaucoup d’hommes… ils avaient remplacé les amants qu’elle n’avait pas eus.
Maintenant c’était à elle d’être sous le feu des projecteurs, elle devait faire son discours. Elle improviserait un peu, cabotinerait beaucoup, leur donnerait un peu d’authenticité, la touche suffisante pour jouer juste ; ça elle savait le faire, elle l’avait fait toute sa vie ; quant à lever un pan du voile, non, elle ne pouvait pas, c’était trop douloureux.
Ce soir encore, elle serait une artiste.

5 juillet 2008

Le terreau de la mémoire

Lors d’une formation qui avait pour thème « la solitude », j’ai noté, entre autres, ces quatre phrases simples qui mériteraient qu’on ne les oublie pas :
- Apprivoiser la solitude, ce n’est pas supprimer l’angoisse, mais apprendre à y faire face.
- Du moment que quelqu’un parle, il fait clair ( de Freud, semble-t-il )
- C’est de la capacité de faire le deuil des objets perdus que dépend la capacité de découvrir de nouveaux objets.
- La solitude est liée à l’angoisse de séparation.

4 juillet 2008

On n’est jamais tout seul dans sa peau

On n’est jamais tout seul dans sa peau* ! Je suis multiple et me multiplie depuis des années à ne plus savoir que faire de mes « moi » qui s'empilent. Je n’ai jamais su combien on était au juste, mais on vit à l’étroit, on se gêne, on s’encombre, on se déteste… Quand l’un veut parler, l’autre prend la parole, et on ne s’entend plus. Quand l’un veut bouger, l’autre ne veut pas, et on se marche sur les pieds. Je crois que je vais déménager ; cette fois, c’est décidé, mais qui vais-je habiter ? Et comment  ? On ne peut pas arriver dans la peau d’un autre, comme ça, ses valises à la main et le mettre devant le fait accompli, c’est monstrueux ! Je le sais parce qu’on me l’a déjà fait, et ça c’est mal  terminé.
Il est temps que je me quitte pour aller vivre ailleurs. C’est dur de se quitter, mais qui sait si on ne renaît pas de ses adieux ? Je suis fatiguée de moi-même, il me faut voyager dans d’autres corps, d’autres âmes, d’autres langues…Il y a une semaine, je me suis écrit une lettre que je me suis lue, mais ça m’a fait plus de mal que de bien, j’aurais dû y mettre les formes, j’aurais dû me ménager – je n’ai jamais su être bonne avec moi -  j’aurais dû montrer plus de compassion à mon égard, j’aurais dû  m’aimer ! Enfin c’est trop tard, le mal est fait, les valises sont à la porte, je dois partir…

* citation tirée d’un livre de Patricia Highsmith

3 juillet 2008

Les femmes sont-elles des personnes?

 

mai_2008_Canada_105                                                            

Les femmes sont-elles des personnes?

Non, dit la Cour suprême du Canada le 24 avril 1928!
   
Revirement de situation le 18 octobre 1929  et  finalement, oui les femmes sont des personnes...

Pourquoi la question ne s'est-elle jamais posée pour les hommes?


"Famous 5" à Calgary   

3 juillet 2008

Jugement et stéréotype

Il fait une chaleur à crever dans ce bus bondé. Coincée comme souvent lors des heures de pointe, elle patiente et pousse un « ouf » de soulagement quand son arrêt la libère. Sur le trottoir, elle rajuste son sac sur l’épaule et suit le mouvement de la foule quand un objet lui passe devant le nez. Elle s’arrête et ses yeux tombent sur l’emballage en papier qu’un homme, marchant presque à ses côtés, a lancé dans la haie. Cette façon de polluer par des déchets alors que des poubelles sont à disposition l’agace prodigieusement, elle ne peut s’empêcher de râler. Elle lance à l’homme.
- La rue et la haie ne sont pas des poubelles, pouvez pas jeter vos déchets ailleurs, non ?
L’homme se retourne et la regarde.
- T’as dit quelque chose connasse ?
La moutarde lui monte au nez.
- C’est qui la connasse, c’est moi ?
Il ricane.
- T’en vois d’autres !
- Alors si je fais une remarque sur votre façon de polluer la ville avec vos déchets, je suis une connasse, c’est ça. Mais si tout le monde fait comme vous, vous voyez le bordel ?
Le mec vient vers elle. Il la toise de ses 20 cm de plus qu’elle. Crâne rasé, un gilet noir comme t-shirt, pantalon noir bouffant sur bottes noires à tige haute, il lui envoie son haleine en pleine face. Dans sa robe en lin couleur framboises écrasées, ses talons plats, elle se sent une toute petite chose. Son cœur se met à bondir dans tous les sens comme un animal affolé. Elle a la trouille qui lui serre le ventre.
- Tu vas pas m’emmerder avec tes histoires d’écolo à la con ? lui lance-t-il.
Elle ne sait ce qui lui a pris mais instinctivement, elle n’a pas réfléchi. Elle lui a balancé son genou dans ses parties génitales de toutes ses forces. Le mec s’est plié en deux. Les gens alentour sont restés pétrifiés. Elle a lancé.
- Je suis peut-être une connasse mais vous êtes un pauvre type et j’aime pas votre haleine !
Et aussi dignement que possible, elle a tourné les talons et s’en est allée. Elle n’a pas osé se retourner et s’attendait à tout instant à ce qu’une main la saisisse par l’épaule. Son cœur continuait à battre la chevauchée fantastique quand arrivée chez elle, elle s’est effondrée sur le divan. Elle a mis du temps à se remettre mais finalement, elle était assez fière même si sa croisade pour un papier sale ne valait pas forcément pareille aventure
.

3 juillet 2008

La petite pièce à écriture

blogamu« Avant tu me refusais ton corps, maintenant tu me refuses tes mots. Je ne peux même pas dire que je sois triste. J’entends le bruit des vagues qui se brisent sur la grève… »
- Tu écris ?
Elle lève la tête, surprise de le voir de si bon matin dans « sa pièce à écriture »  ; mais après tout, cette maison est la sienne, c’est lui qui l’a achetée. Elle ne supporte pas qu’il pénètre dans cette pièce dont la fenêtre s’ouvre sur l’océan. S’il reste, son inspiration la quittera, comme à chaque fois.
- Tu m’excuses mais il faut absolument que je termine ça. Une commande !
- Une commande ? Mais personne ne te commande plus rien depuis longtemps !
Elle ne répondra pas à sa provocation, il en sera pour ses frais. Il est vrai que son éditeur ne l’appelle plus depuis longtemps, mais elle a encore quelques petites commandes à droite et à gauche. Elle entend les cris des goélands qui se fondent dans ses mots ; pourquoi ne s’envole- t-elle pas, elle aussi, comme ces goélands qui tournoient au-delà des murets ? Elle devrait partir, mais comment se résoudre à quitter cette fenêtre qui s’ouvre sur l’océan ?
- Alors, elle est de qui cette commande ? Insiste-t-il.
- Un nouvel éditeur.
Elle espère bien qu’avec cette réponse-là, il la laissera tranquille. Elle  sent qu’à cause de lui, elle perd une fois de plus le fil de sa narration ; son écran restera aussi blanc que le sable découvert après que la mer s’est retirée. Pourquoi choisit-il toujours les moments où son monde s’ouvre à l’écriture pour lui parler ?
- Je veux faire l’amour avec toi.
- Hein ?
- Oui, tu m’as bien entendu. Je veux faire l’amour avec toi, maintenant !
Voilà tout ce qu’il a trouvé pour l’arracher à son inspiration. Elle le connaît, à chaque fois qu’elle est dans sa « pièce à écriture » il cherche des prétextes – même les plus improbables – pour qu’elle cesse d’écrire.
- Ecoute, pas maintenant, je n’ai pas envie.
- Tu n’as jamais envie.
- C’est faux. Je dirais plutôt que je n’ai pas envie quand toi, tu as envie.
Maintenant il va repartir l’air contrit, comme d’habitude, et de sa fenêtre elle le verra arpenter la plage pour sa promenade quotidienne vers l’océan. Peut-être qu’un jour il ne reviendra pas, peut-être. Tiens, ça c’est  une idée, elle le tient son nouveau texte, l’histoire d’un homme qui marchera vers l’océan et qui ne reviendra jamais…
- Je me demande pourquoi on vit ensemble, fait-il avant de disparaître.
Elle, elle ne se le demande pas. Ils sont encore ensemble grâce à «  la petite pièce à écriture » qui s’ouvre sur l’océan.

* Photo gentiment prêtée par Mû du  blogamû.

2 juillet 2008

Ma petite chatte noire

Pourquoi suis-je « gaga » devant ma chatte noire ?

Elle vit sa vie, fait ce qu’elle veut, nous prend pour ses portiers car dès qu’elle est sortie elle veut entrer et vice-versa, miaule dès qu’elle a une réclamation à formuler, boude ses croquettes, laisse ses poils partout, se roule dans le gravier puis vient se coucher sur mon lit, me dérange le nuit en s’étendant sur mes pieds, gratte la porte à minuit pour sortir dans la fraîcheur du soir, bref, me prend pour sa boniche !

Et moi ? Moi je continue à l’aimer et à lui passer tous ses caprices ou presque…

J’aime quand elle s’étire à mes pieds quémandant un câlin, j’aime quand elle vient se mettre entre mon clavier et moi, créant parfois des confusions sur l’écran, tout cela pour frotter son petit museau contre ma joue. Le matin, elle attend sagement derrière la fenêtre et me salue dès que je la fait entrer, zigzaguant entre mes jambes en ronronnant. Parfois, elle vient sur mes genoux et les pétrit le tout accompagné d’un miaulement rauque et de yeux langoureux qui me font craquer.

Je l’observe dans le jardin, elle se poste à des endroits stratégiques et réagit différemment selon qui entre. Pourquoi laisse-t-elle pénétrer tel chat et pas tel autre, mystère ? Ou a-t-elle tout simplement ses « têtes » comme moi j’ai les miennes ? On dit souvent qu’il y a un mimétisme entre les animaux et leurs maîtres…je dois avouer que si on me comparait à ma chatte, j’en serais honorée, elle est féline, souple, fine, belle, soyeuse, yeux verts en amande, espiègle, mystérieuse, indépendante, féroce, câline, tendre…bon, faut pas rêver, j’ai encore du chemin à parcourir avant d’y arriver !

2 juillet 2008

Maria Bethânia, « la » voix du Brésil…

Maria Bethânia est l’une des plus grandes voix brésiliennes. Quand elle était petite, à l’école, on lui disait de se taire, parce que sa voix était trop grave… Elle a maintenant plus de 40 ans de carrière et une voix dont le timbre ne s’oublie pas… Ecoutez-là interpréter « Jeito estúpido de te amar » ( cette façon stupide de t’aimer), et même si vous ne comprenez pas le portugais, vous serez surpris par sa façon d’incarner chaque phrase du texte, même la plus anodine. Gilberto Gil  dit de sa voix que c’est « la friction entre le tout et le rien ». Sans doute connaissez-vous le frère de Maria Bethânia, Caetano Veloso, qui interprétait la chanson « Cucurucucu paloma » dans le film « Parle avec elle » de Pedro Almodovar. Sur cette autre vidéo, trouvée sur Youtube, Maria Bethânia interprète deux chansons : la première « Você e eu » ( « toi et moi ») du compositeur brésilien António Carlos Jobim et la deuxième, « Como dizia o poeta » ( « comme le disait le poète »), du poète et chanteur brésilien Vinicius de Morães.

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