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29 septembre 2009

Dilemme (gballand)

La veille, quand son fils lui avait demandé où était sa mère, il avait voulu lui dire qu’elle était enfermée à la cave depuis quatre jours mais il n’avait pas pu. Il avait inventé un rendez-vous chez le dentiste, comme la fois précédente, et son fils l’avait cru ou il avait fait semblant. Ne préfère-t-on pas souvent les mensonges à la vérité ?
Bientôt, il lui faudrait descendre à la cave pour voir si elle était toujours vivante mais il avait peur. Quatre jours déjà. Il l'y avait mise  pour avoir la paix, mais c'était une paix chèrement payée. Demain, sûr, il irait la voir. Oui, mais si elle était vivante, comment réagirait-elle ? Accepterait-elle qu'il l'ait laissée pendant plus de quatre jours enfermée ? Certainement pas. Elle hurlerait, l’insulterait et ne manquerait pas de lui dire que c’était vraiment un « pauvre type » ! Il lui faudrait alors passer à autre chose…

26 septembre 2009

S’excuser (gballand)

Elle s’excusait toujours pour un oui ou pour un non. Elle se serait giflée. Combien de fois ne s’était-elle pas entendu dire « C’est de ma faute » ou « J’aurais dû faire attention » ou « Désolée, je… » ?.
L’enfance lui avait donné ce pli qu’elle lissait au fer rouge.

23 septembre 2009

Les sardines (gballand)

Avec son optimisme il ferait fleurir un désert*. C’est odieux. Je n’ai jamais supporté les gens qui ont une fleur à la boutonnière. Moi, c’est treillis et mitraillette.
Notre premier différend, c’est quand il a empuanti mon jardin avec ses sardines grillées. Ma femme me suppliait de ne pas entamer les hostilités, mais je n’ai pas cédé, si on ne peut plus rien dire chez soi c’est le comble ! Je lui ai gueulé de la fenêtre que ça empestait et il a eu le culot de se foutre de ma gueule :
- Les sardines, c’est le Portugal à notre porte !
Que Josiane  parle au voisin, ça la regarde ! Qu’elle  lui porte des confitures, qu’elle le couvre de fleurs, qu’elle lui donne des recettes de cuisine, grand bien lui fasse, ça lui évite de m’emmerder ! Mais moi, non, pas question.
Décidément, Josiane a mauvais goût, je l’ai toujours su ! 

* phrase extraite du Magasin des suicides (Jean Teulé)

22 septembre 2009

Toujours… (gballand)

cr_teTous deux contemplaient le coucher de soleil, tendrement enlacés, et le refrain de l’amour éternel faisait battre leurs pouls à l’unisson. Toujours, était le seul mot qui leur importait, ils s’aimeraient toujours. C’est à ce moment-là qu’elle eut l’imprudence de lui dire :
- J’ai une confidence à te faire…

PS : texte écrit à partir d’une photo gentiment prêtée par Pierrick. Pour voir son blog : http://croklaphoto.over-blog.com/

18 septembre 2009

La mode du suicide* (gballand)

Quand le DRH l’avait fait venir il lui avait dit clairement :

- Si vous me changez de service encore une fois, je me suicide.
- C’est du chantage ! avait-il répondu.
- Appelez-ça comme vous voulez, mais une chose est sûre, je me foutrai en l’air.
Il avait préféré ne pas le croire. Le surlendemain on le retrouvait pendu dans son bureau. Quand on l’annonça au DRH, celui-ci téléphona au Directeur qui eut la réponse suivante :
-  Le vingtième ? Ils veulent notre peau ou quoi ?
Le Directeur raccrocha aussitôt pour téléphoner au Président :
- Ici Jacquemard, un de plus, on en est à 20 suicides, qu’est-ce qu’on fait ?
- On continue à restructurer, lui répondit une voix glaciale, les résultats sont là, on n’arrête pas une entreprise qui gagne. Il n’y a quand même pas écrit « assistance sociale » au fronton du siège, non ? Et on lui raccrocha au nez.

* allusion à la « mode du suicide » évoquée par le PDG de France Telecom.

17 septembre 2009

Mrs Hyde en elle… (gballand)

Hier, mes fenêtres étaient grandes ouvertes et j’ai entendu ma voisine crier – comme souvent elle le fait - de sa voix si caractéristique de Mrs Hyde «  Sale morue, salope,  t’es qu’une putain  comme ta mère, v’là la police qui arrive, tu vas voir… ».

Ma voisine, âgée, vit seule. Il lui arrive souvent de parler de cette voix rocailleuse qui semble venir du tréfonds d’elle-même ; mais qui parle en elle ? Mystère. Revit-elle des épisodes douloureux de sa vie ? Quand je l’entends crier ainsi, j’imagine son visage déformé sous l’effet de la haine… je suis d’autant plus surprise quand je la croise ensuite le visage apaisé.

Le cerveau a des raisons que la raison ne connaît pas.

8 septembre 2009

La miette (gballand)

A chaque fois qu’elle nous invitait, j’étais tendue et je me surveillais en permanence, surtout à l’apéritif. Il ne s’agissait pas que quelque chose tombe par terre. La pelle et la balayette attendaient toujours dans un coin, non loin d’elle, et à la moindre miette elle s’avançait, une banderille dans chaque main, prête à donner l’estocade afin de faire disparaître immédiatement l’objet du délit.

4 septembre 2009

L’erreur (gballand)

Lorsque la sonnerie retentit, elle faillit ne pas répondre, il y a tellement longtemps qu’on ne lui téléphonait plus. Elle  laissa sonner 7 fois puis elle décrocha. Après quelques secondes de silence, elle répondit que c’était une erreur, que non, elle n’habitait plus là où on disait qu’elle habitait et qu’elle ne voulait plus être dérangée.
Une fois le téléphone raccroché, elle s’assit dans son fauteuil, ferma les yeux et se dit qu’elle allait enfin être tranquille.

29 août 2009

Parce que (gballand)

Parce que. * C'était tout. Tout ce qu'il avait daigné lui dire. Juste parce que. Comme si on pouvait justifier l'injustifiable avec un simple parce que. Mais elle devait lui rendre justice, même s'il avait fait toutes les phrases du monde possibles et imaginables, elle ne l'aurait pas écouté.
Sept années de vie de couple et il voulait partir. Parce que.

* Phrase extraite d'une nouvelle tirée du recueil  de Annie Saumont, "Un soir à la maison"

26 août 2009

Les questions (gballand)

Hier, une amie m’a dit :
- Moi, je ne pose jamais de questions.
Etonnée, je lui ai demandé pourquoi et elle a rétorqué, catégorique :
- Parce que je n’aime pas qu’on m’en pose.
Je lui ai quand même fait remarquer  que si tout le monde raisonnait comme elle, on n'aurait plus grand-chose à se dire. Contre toute attente, elle n'a rien répondu et a tourné les talons.
La prochaine fois, quand je la croiserai, je ne lui demanderai même pas comment elle va.

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