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Presquevoix...

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11 décembre 2019

Citation

 

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Quand cette visiteuse parisienne  lui avait dit en se mettant  face à lui   “Soyez donc résolu à ne plus servir, et vous serez libre.”,  il lui avait immédiatement répondu.

“ Ta gueule, on n'a pas tout à fait le même problème. Moi, je suis coincé pour des siècles et des siècles dans ce putain de musée  ! ”

Elle n’avait pas insisté et était partie. La prochaine fois, elle ne dirait cette citation de la Boétie qu’à ces collègues de travail, et encore…

 

 

 

 

 

9 décembre 2019

Routine

Le « Bonjour, ça va ? » appelle souvent un « oui, ça va et toi ? » ; ça ne peut qu’aller bien de toutes les façons, même si ça va mal, où l’autre à qui nous nous adressons, et qui ne va peut-être pas bien lui-même, ira encore plus mal, qui sait ?

D’ailleurs si vous allez mal et que vous le dites, vous ennuyez l’autre, même s’il va bien, et il finira par  vous fuir systématiquement ! Dans ce monde qui nous use, nous préférons fermer les yeux, souvent, bien souvent.

Parce que le problème du « ça va ? » c’est qu’il est souvent dit d’un ton enjoué, alors on se met à la place de l’autre – qui pourrait être nous  – et on n’a pas envie de le pousser dans ses retranchements l’autre, en répondant : « Non, ça va pas et toi ? ». Car il est vrai que commencer à se regarder soi-même, c’est la porte ouverte vers une longue, très longue introspection…

7 décembre 2019

S’ouvrir

L’autre jour, dans le bus, les yeux fermés, centrée sur ma respiration, je me demandais quel était le secret d’une vie réussie. A l’arrêt final,  j’en étais arrivée à la conclusion qu’une vie ne se réussissait pas, elle était, tout simplement, entre vents et marées, ouverte à soi et aux autres…  

 

4 décembre 2019

Les forces de l’ordre

Il y a bien longtemps – et cela n’a pas dû changer, bien au contraire -  j’avais entendu deux policiers dire  que lorsqu’ils voyaient des jeunes de banlieue qui détalaient à leur approche, c’était certainement parce qu’ils avaient quelque chose à se reprocher… Mouais, je veux bien ! Mais qu’est-ce qu’ils voudraient qu’ils fassent les jeunes de banlieue ? Qu’ils les attendent pour leur donner l’accolade et leur parler de leurs problèmes avec leurs parents ?

Je dois dire que moi-même  – alors que je pense entrer dans la catégorie des gens intégrés socialement -  la dernière fois que j’ai été arrêtée par des gendarmes mobiles sur le bord de la route je n’ai eu qu’une envie c’est de détaler car je me suis sentie en faute ; sans doute de vieux réflexes reptiliens réactivés par tout ce qu’on voit à la télé ! Tout, dans le comportement du gendarme à qui j’ai eu affaire, tendait à me prouver que j’étais coupable : « Descendez de voiture ! » « Suivez-moi ! » « Montez dans notre voiture ! » « Et le contrôle technique ? Vous auriez dû le faire ! » « Donnez-moi vos papiers ! » « Ce qu’on va faire de vos papiers ? On les garde et vous viendrez les rechercher dans nos bureaux ! ». Une soudaine bouffée de colère contre lui est montée mais je me suis contrôlée.

Total, une semaine plus tard, le même gendarme mobile sonnait chez moi pour me rapporter mes papiers – ordre du chef ! - parce qu’il avait commis une erreur. Ah, il n’était pas si fier sur mon palier, le regard terne, la botte moins conquérante, l’uniforme en berne et l’excuse aux lèvres. Je vous jure que j’ai tout fait pour ne pas l’humilier !

Tout ça pour dire que Jeudi 5 décembre, je serai dans la rue car cette réforme des retraites - comme toutes les précédentes depuis 1993 - n’a qu’un objectif : diminuer les retraites, sauf que, avec ce projet de retraite par points, nous allons encore plus loin dans la duperie. Maintenant, j’ose espérer que les policiers ne réagiront pas jeudi, comme ils l’ont fait depuis novembre 2018 dans la plupart des manifestations qui ont eu lieu. Par prudence, je garderai mon casque dans ma sacoche de vélo, au cas où… sans oublier un foulard, bien sûr.

 

PS : prochain texte, samedi matin. C'est fatigant une grève !

2 décembre 2019

Une autre vie

 

 

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Il lui avait fallu attendre 43 ans pour que cette révélation - vécue le jour de ces 19 ans - en Grèce, refasse surface. L’inconscient a d’étranges chemins qu’il parcourt au rythme de la mémoire intemporelle des choses.

Sans doute fut-ce aussi la souffrance surgie de ce Stabat mater de Vivaldi qui, dans un éblouissement, l’avait fait voyager dans le temps. Cette “Mater dolorosa” n’était-ce pas elle, aussi, elle qui marchait au rythme des violons du ciel ?

Son mari, voyant la tournure que prenaient les choses lui avait fait prendre rendez-vous avec le médecin généraliste qui, lui-même, lui avait donné l’adresse d’un psychiatre qui, lui-même - avec l'acceptation de son mari - l’avait conduit en “détention” psychiatrique.

Etrange, avait-elle pensé sans aucune colère, comme les chemins des uns peuvent être incompris des autres ?

 

PS : photo prise en Grèce, par une amie, il y a très très très longtemps...

 

30 novembre 2019

Le Â

Dans sa vie, comme si elle n’ avait pas assez de sujets d'énervement, elle avait décidé de mener une croisade pour les accents circonflexes. Comment se faisait-il que journalistes, présentateurs, hommes politiques même,  prononcaient tache comme tâche ? Et puis tous ces blâmes, bâtards, bâillons, bâtons, bellâtres… à qui on faisait perdre  la profondeur de leur A qui était, parfois, la seule profondeur qu’ils avaient. Elle ne pouvait plus supporter les massacreurs de la langue française, sans se rendre compte qu’elle même – et les occasions ne manquaient pas -  faisait parfois vivre à cette même langue de durs moments !

28 novembre 2019

Les élèves

Face à ses élèves de terminales dont l’attention, parfois, se dispersait étrangement, sans parler du travail – ce vilain mot  - elle déclara calmement.

-           Comme je vous l’ai déjà dit, une langue - étrangère ou non - s' entretient au fil des jours. Notamment  en notant des mots que l’on ne connaît pas, en les utilisant dans de petites phrases qui permettent, peu à peu, d'en créer de plus grandes qui  rendront compte de vos pensées et de vos réflexions. Si vous  maltraitez votre mémoire, elle ne vous le pardonnera pas, sachez-le !

Devant l’incompréhension générale elle précisa.

-           En résumé, vous allez avoir une sale note à l’oral et à l’écrit du baccalauréat.

Un élève répondit.

-  Moi je m’en fous du bac.

Elle lui sourit et ajouta.

- Libre à vous, mais n’y a-t-il pas d’autres moyens de se mettre sur le chemin de la liberté que de se foutre du bac ?

 

26 novembre 2019

Changement

 

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Je me souviens qu’avant, elle voyait tout en noir et blanc, maintenant elle voit tout en noir. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Elle ne me dit plus rien. Est-ce Soulage qui l’a tranformée ? Moi, sa peinture m’ est étrangère. Mais peut-être qu’elle voyage dans un monde d’ “Eau - Forte” et d’ ”Antagonismes” ?

Hier, je lui ai demandé  s’il fallait venir de l’”Outrenoir” – comme dit Soulage -  pour  voyager en elle ? Elle m’a souri et m’a longuement regardée, comme si elle voyait des lumières qui n’existaient plus depuis longtemps.

Las, et si loin d’elle, je lui ai dit que j’avais décidé de partir, que nos mondes ne communiquaient plus et qu’il me fallait trouver un autre pays.

Elle ne m’a rien répondu, mais à nouveau elle a souri. A quoi pensait-elle ?

 

PS : photo prise à Chinon en juillet 2018

 

 

24 novembre 2019

Echange non standard

Quand il avait volé le sac de la vieille, il avait couru aussi vite que sa grande taille le lui permettait. Hélas, sous l’effet de la panique, il avait ouvert la bouche et son dentier était tombé. Pas le temps de le ramasser, on était déjà à ses trousses. Une semaine plus tard, la police lui rapportait son dentier mais, en échange, il dut mettre des menottes...

22 novembre 2019

La couturière de Montmartre

 

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La couturière avait disparu du jour au lendemain. Le quartier ne s’était pas posé de questions. Elle, oui. Où était-elle, cette jeune-femme souriante qui donnait aux vêtements anciens la légèreté du présent ? Cette petite main qui façonnait et confectionnait à merveille avait-elle été enlevée ? Était-elle partie ailleurs, accrochant de longs fils colorés qui lui avaient servi de corde pour voyager au pays des tissus heureux ? Peut-être.

Elle se souvenait encore de l’ourlet classique piqué qu’elle lui avait fait au bas d’une robe en mousseline mauve qui avait surgi de la nuit des temps. Oui, c’était une artiste.

Elle ne fut pas surprise quand, neuf mois plus tard, elle reçut dans sa boîte aux lettres, une enveloppe où, au dos, on avait tracé en lettres d’or : « votre couturière ». Ce « votre » l’avait émue.

La lettre cousue main disait :

« Madame,

Je vous envoie, avec mon aiguille préférée, cette petite lettre pour vous dire que je pense à vous dans cet atelier qui met en scène les robes et dentelles des grandes de ce monde.

Surtout, continuez à garder ces vieilles robes que jamais vous ne vouliez jeter, et qui donnaient à mon quotidien la couleur des jours passés. Gardez-les pour moi, et pour vous. Un jour je passerai les chercher pour les faire vivre au présent.

Adèle. »

Adèle était partie il y a cinq ans. Elle n’était toujours pas revenue, mais elle savait qu'elle reviendrait...

 

PS : Photo prise à Paris en 2017

 

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