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29 août 2019

Ressemblance

Il m’écrasait sous sa générosité et son extrême prévenance provoquait chez moi des allergies inexpliquées. Je ne supportais plus ses cadeaux, ni même ses mots. Son dernier cadeau en date : un pot à tabac africain. Je dois dire que je m'étais étonné de ce cadeau qui venait comme un cheveu sur la soupe, d’autant plus que je ne fume pas, que je n'ai jamais fumé et que l'Afrique ne m'interesse pas.

Par la suite, en observant ce pot, je me suis rendu compte de la ressemblance entre lui… et moi. Vous penserez sans doute que je suis atteint de paranoïa galopante, mais non, je ne crois pas, simple affaire de lucidité.

La semaine suivante, cet ami et moi nous sommes rencontrés par hasard chez une connaissance. Je lui ai fait part de ma réflexion. Il a ri, et tellement fort que je m'en suis senti mortifié. Je me suis contenté de lui dire.

- Ton rire est une réponse.

 Il m'a regardé avec étonnement.

Lorsque j'en ai parlé à ma femme, le lendemain, elle a changé de conversation. Pourquoi ? J'ai insisté et elle m'a simplement répondu.

- Tu t'es toujours trouvé trop gros, c’est normal !

Est-ce là une réponse qu'une femme fait à son mari pour le rassurer ? Et pourquoi ce « c’est normal », laissé en suspens ? Depuis ce jour là, je me demande si lui et ma femme n’auraient pas une liaison. Comment expliquer, sinon, son attention répétée à mon égard ? 

 

PS : prochain texte vendredi 6 septembre.

 

 

27 août 2019

Le monde funéraire est-il funèbre ?

Après une réponse à une annonce du journal local, elle était devenue « deuilleuse » dans une agence funéraire très particulière. Il lui était demandé, lors d'un étrange rituel,  de loger chaque défunt au royaume des morts afin que les vivants puissent tranquillement continuer leur vie sur terre.

Deux choses lui avaient semblé difficiles dans ce travail dont nul ne parlait en France : le masque qu’elle devait porter et le fait de toucher le corps des défunts.

Comment avait-elle pu s’habituer à cet entre-deux ? Elle n’aurait pu le dire mais, quand son heure viendrait, elle savait qu'elle pourrait se glisser  sans peur dans le royaume des morts afin de laisser les vivants vivre en paix…

 

25 août 2019

L’armada

20190614_080941-1

 

Ils astiquaient ensemble à l’avant du bateau quand José lui dit.

-          Tu te souviens de notre nuit, nos deux corps dans l’eau pure ?

-          Pourquoi ? lui répondit Juan.

-          Pour savoir.

-          Les souvenirs ne servent à rien, oublie tout.

José continua à astiquer la figure de proue, silencieux. Juan avait l’art et la manière d'oublier, alors que lui faisait du passé un présent qui se prolongeait invariablement dans le futur.

Mais comment pourrait-il l'oublier alors que l'âme de Juan était entré en lui, aussi violente que celle de ce père qu'il avait si peu connu.

 

PS : photo prise durant l’armada 2019 à Rouen

22 août 2019

Une étrange histoire

La dernière fois que Marie avait vu sa mère, celle-ci lui avait dit.

-          Malheureusement, j’ai toujours raison.

Etrange, avait-elle pensé, comment peut-on si mal se connaître ? Elle avait presque eu envie de téléphoner au Docteur Freud, mais celui-ci avait changé d’adresse. Alors, elle l’avait fait passer de vie à trépas, une méthode simple et efficace d’éloigner sa mère d’un monde qui ne la laissait pas en paix.

Ensuite, Jésus était né et Marie était devenue mère elle-même. Dirait-elle la même chose que sa mère à son fils ?

 

PS : prochain texte dimanche 25 aout.

20 août 2019

L’immaculée Conception

 

 

 

20190725_195912

 

Quand j’ai vu « Nossa Senhora da Conceição » pour la première et la dernière fois, c’était à Aveiro, au Portugal, dans cette ville qu’on appelle la Venise verte, mais qui ne ressemble en rien à Venise, à part les quelques canaux qui parcourt la ville.

Vous voulez savoir ce qu’elle m’a annoncé ? Je suis prête aujourd’hui à vous répondre, bien que cela se limite à une seule phrase, aussi courte que les canaux d’Aveiro eux-mêmes. D’abord, elle m’a appelée par mon prénom - qu’elle connaissait de longue date, vu mon grand âge - et ensuite, elle m'a dit :

 

« Ne crois aucun dogme, ma fille, et vis l’instant présent ! »

 

Sans doute est-ce la bonne voie car maintenant, loin des doctrines ou opinions dont le monde nous abreuve, je vis l'instant présent, et il me semble que mon   esprit et mon corps s'harmonisent bien mieux.

 

PS : photo prise à Aveiro, le 25 juillet 2019

 

 

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