Sur une photo proposée par Corinne - du blog les heures de coton - voici la deuxième partie de notre Duo de juillet avec la publication de mon texte.
Comment les idées viennent aux filles
Sa mère aimait les petites filles modèles, celles qui ne se salissent pas, celles qui ne bougent pas, celles dont les yeux papillons rêvent de contes de fées, celles qui jamais ne butineraient le moindre pollen défendu.
Seulement sa mère n’était plus et les portes de la prison s’étaient ouvertes, offrant à ses yeux le vaste monde qu’elle avait embrassé avec fougue malgré la réprobation familiale.
Un frère de la disparue – sans doute délégué par la famille - lui avait dit.
- Tu n’en as pas marre de changer de type tous les deux jours ?
- Tu me trouves trop gourmande ?
- Je trouve juste que tu vas trop loin, d’ailleurs même ton père...
Elle lui avait rétorqué sèchement de laisser son père là où il était et de se mêler de ses affaires ! Son oncle était parti fâché et jamais plus elle ne l’avait revu, sauf le jour de son enterrement, 15 ans plus tard, allongé dans un cercueil de bois sombre.
Après la cérémonie religieuse au terme de laquelle on lui avait décerné le "label" du meilleur époux et du meilleur père, les questions avait fusé de toute part, tous voulaient savoir : Mais que deviens-tu ? Que fais-tu ? Où vis-tu ?
Satisfaire leur curiosité vorace ne l’enchantait guère mais elle avait fini par leur dire qu’elle vivait seule, qu’elle n’avait pas d’enfants et qu’elle habitait à l’étranger.
Une cousine – mais laquelle précisément ? – avait conclu avec férocité : « C’est étrange, certains parents vous dégoûtent tellement de la vie de famille que le couple et la « reproduction » vous sont barrés à jamais… »
Elle n’aurait pas mieux dit.