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Presquevoix...
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30 septembre 2019

le mari

Aujourd'hui, au petit déjeuner, j'ai dit à mon mari qu'il m'était apparu dans un rêve. Il m'a tout de suite demandé.


-    Et je servais à quoi ?

C'est fou comme mon mari veut toujours servir à quelque chose. Je me demande d'où lui vient cette manie, mais lui ne se demande rien. Evidemment, se demander veut dire s'interroger et ça, c'est la porte ouverte vers l'inconscient ; un truc qui n'existe pas, me dirait-il, alors pourquoi ouvrir une porte sur le vide ?

J'ai fini par lui répondre, évasive.


-    Oh, tu avais juste un rôle de figurant.


Il n'a rien rétorqué, mais en voyant sa mine déconfite je me suis sentie coupable. Il faudra vraiment que je surveille mieux mes rêves...

28 septembre 2019

Les lettres

Quand elle avait vu l'affiche, sur le mur de la rue du calvaire, elle l'avait longtemps regardée le visage pensif :

 " Ils ne sont grands que si nous sommes à genoux "

Oui, pourquoi était-elle restée si longtemps à genoux ? Peur de tout ? Peur du monde ? 

C'est ce jour-là qu'elle écrivit sa première lettre à personne, nombreuses furent celles qui suivirent et elle les rangea toutes  dans un même tiroir. Sa dernière lettre fut écrite le jour de ses cinquante ans, et elle la conclut par  une citation de Lewis Caroll :

" Mais alors dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ? "

Elle avait passé cinquante longues années a déambuler dans un monde inconnu où elle transpirait à corps perdu. Maintenant, la vie allait commencer, vraiment, et elle inventerait un nouveau monde, le sien.

26 septembre 2019

Confiance

Souvent, Solange allait sur les plages blanches de ce qu’elle appelait « sa confiance » et elle attendait. Quand ses amies s’étonnaient, elle disait qu’elle voyageait au pays de la confiance.

-          Oui, mais pourquoi voyages-tu là ? s’obstinaient-elles.

-          Pour réfléchir.

Solange   refusait d’avouer qu’elle n’avait aucune confiance en elle - sans doute de vieux démons de l’enfance l’en empêchaient – jusqu’au jour où elle rencontra Jean, un musicien qui adoraient les voix qui venaient d’ailleurs. Un jour il lui dit.

-          Pourquoi tu ne chantes pas ? Tu as une merveilleuse voix grave. J’adore quand tu fredonnes « Dream a little dream of me »

-          Manque de confiance, osa-t-elle lui dire.

-          Je ne suis pas un apôtre et je ne fais pas de miracles, mais essayons, moi à la guitare, toi à la voix, et on verra.

Il suffit d’une seule chanson pour que leur duo démarre. Son titre : « les plages blanches de ma confiance ».  Elle en écrivit les paroles, lui la musique...

 

24 septembre 2019

Madame la Mort

Le visage triste, dans la nef de l’église, il lui avait dit.

-           Tu vois, moi, je n’ai pas vraiment peur de la mort mais franchement, je préfére ne pas être là le jour où elle viendra me rendre visite.

Elle n’avait rien répondu et avait attendu la suite qui arriva instantanément.

-          Et toi, tu en penses quoi de la mort ?

Le problème c’est qu’elle n’en pensait rien. Pourquoi en penser quelque chose si tôt ? Evidemment, il avait l'âge de son père, et entre 67 ans et 40 ans, l’écart se creusait durement.

Elle se contenta de lui dire.

-          Bon, Madame la Mort est une femme de haute culture, et je suis sûre qu’elle pourra trouver un moyen fort délicat pour nous faire passer de vie à trépas

Il sourit et continua sa visite de l’église. Quant à elle, elle s’assit dans le choeur et respira calmement.

22 septembre 2019

La montre

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Il voulait que je photographie sa montre partout. Il était fou, j’aurais dû m’en douter et ne pas passer mes vacances avec lui.

Au début, tout était normal ou presque, les visites normales des vacances normales : églises, musées, palais, jardins, plages etc. C’est vers la fin du séjour que tout s’est aggravé et que j’ai découvert le sens de sa vie : le temps.

Oui, il n’est jamais bon de découvrir le sens de la vie de l’autre. D’ailleurs parfois, leur vie n’a aucun sens – pensons-nous -  ou bien ils sont en contresens. Et vous connaissez bien - vous lecteurs -  tous les aléas de ces vies qui se croisent et se décroisent.

Certes, ainsi va la vie et il suffit juste – et parfois cela demande d’énormes efforts - de  remettre l’horloge en marche.

 

PS : photo prise en Espagne, en juillet 2019

20 septembre 2019

Une nouvelle force

Hier, le visage lumineux – peut-être trop d’ailleurs – Hélène lui avait dit que la force de l’Eïnothérapie était de pouvoir travailler sur une tension corporelle sans avoir besoin de connaître l’origine de la tension.

Véronique l’avait regardée l’air étonné et s’était contentée de répondre, le plus banalement du monde, qu’elle préférait savoir d’où venait ses tensions.

-          Toi oui, mais les autres non.

-          Tu crois ?

-          Oui.

Hélène continua.

-          Au fait, tes problèmes de dos, tu pourrais les résoudre grâce à l’Eïnothérapie.

-          Peut-être, mais comme j’en ai plein le dos de mon boulot, je ne pense pas que l’Eïnothérapie puisse m'en libérer.

-          Alors essaie la méditation de pleine conscience.

-          Je te remercie de tes conseils Hélène, conclut-elle quelque peu agressive, mais, quand je t’observe, je n’ai pas vraiment l’impression que tu vas mieux qu’avant. Par exemple, tes problèmes avec tes enfants semblent toujours provoquer quelques tensions en toi.

Puis elle  quitta le café sans lui dire aurevoir.

Deux jours plus tard, elle envoya un SMS à Hélène pour s'excuser de son attitude. Hélène, elle, se contenta de lui envoyer le titre d'un livre  : " Comment bien vivre avec soi-même". Livre, bien sûr, que jamais Véronique ne lut.

 

 

18 septembre 2019

L'amie

 

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Malgré ses 60 ans passés, Juliette se prenait pour un ange. Allez savoir pourquoi ?

Je n’osais pas lui dire qu’elle ferait mieux d’aller voir un psy, pourtant ce n’était pas l’envie qui me manquait.

Elle passait son temps à projeter - le mal de préférence – chez les autres.

Juliette était un ange qu’aucun homme n’avait voulu accompagner pour la simple et bonne raison – disait-elle – qu’elle savait trop de choses.

Un jour, au cours d’une conversation dans un salon de thé, je lui ai demandé ce qu’elle savait sur les hommes. Et elle m’a répondu, l’air sérieux.

-          Je les vois au fond d’eux-mêmes et ça les dérange.

-          Et que vois-tu ?

-          Ce qu’ils veulent cacher, bien sûr.

Je n’ai pas insisté. J’aurais eu envie de lui dire qu’on voyait mieux le mal chez l’autre que dans sa malle personnelle, mais cela en valait-il la peine ? J’ai juste ajouté.

-          Je crois que  j’ai eu de la chance avec mon mari. 

Et elle m’a répondu.

-          Ton mari, de toute façon, c’est un gentil petit chien !

-          Un gentil petit chien ? Je ne m’en étais pas rendu compte.

-          Eh oui, Les anges ont les yeux ouverts, les autres ont les yeux fermés.

Je n’ai plus jamais revu Juliette, et je crois que je m’en porte mieux.

 

PS : photo prise au Tréport en 2016

16 septembre 2019

Demande

- Excusez-moi de vous dire ça tout de suite, mais j’ai l’habitude d’aller  à l’essentiel, profession oblige : alors, on couche ou pas ?

Sa question eut sur lui l'effet d'une douche glacée. Toute l'excitation qu'il avait senti monter  retomba d'un coup, d’un seul. Il sentit son sexe se recroqueviller, misérable, et il eut l’impression de se vider de son sang. Non, il ne pouvait plus rien imaginer avec elle, l'affaire était classée.

- Alors ? Insista-t-elle.
- Oui, enfin non ! On ne couche pas !
- La franchise ne paie décidément pas avec les hommes, constata-t-elle un peu amère.

Puis elle prit son manteau et claqua la porte.

 

 

14 septembre 2019

Rêves

 

 

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Le jour où Béatrice les a vus sortir de terre, son visage s’est liquéfié. Ils existaient donc. On ne lui avait pas menti, ou plutôt il ne lui avait pas menti. Car c’est lui, cet ami étrange et merveilleux - appelé Joseph - qui lui a dit que ses frères allaient sortir de terre avec leurs lunettes de plongée. Ensuite il a ajouté.

-          Ils sont fous, mais ne crains rien, ils ne sont pas violents. Tout au plus te parleront-ils, si tu les inspires, ou plus, si affinité.

Il l’avait tellement habitué à ses histoires loufoques que Béatrice a souri. Seulement, ce matin-là, ils étaient tous présents et elle était seule dans le parc. Elle a essayé de leur dire bonjour, mais aucun mot n’est sorti de sa bouche. Elle a voulu courir, mais son corps était figé.

C’est à ce moment-là que le premier est sorti complètement de terre et a éclaté de rire. Un rire tonitruant qui l’a glacée  des pieds à la tête. Il lui a dit.

-          Regarde-moi godiche, je ne ressemble à rien. C’est moi qui devrais avoir peur de toi. Sale temps dans ton cerveau, on dirait, pourtant il fait beau dehors.

Comment pouvait-il se moquer d’elle de cette façon ? Elle a voulu lui répondre, mais elle ne pouvait pas articuler et seul un borborygme est sorti.

-          T’es bourré ou quoi ? Mon frère me l’avait bien dit, tu es folle à lier. Les fous ne sont pas ceux qu’on croit.

Depuis cette rencontre, Béatrice a disparu. Où ? Nul ne le sait, même Joseph, mais ne ment-il pas ? Quand je lui ai posé la question, il m’a répondu.

-          Il ne vaut mieux pas en parler. Béatrice a disparu car elle voulait disparaître, c’est tout. Un jour, elle reviendra, et elle t’expliquera tout.

Je n’ai plus jamais revu Béatrice, sauf dans mes rêves, des rêves où elle me raconte des choses étranges mais qui maintenant se transforment en cauchemar.

D’ailleurs, hier, elle m’a demandé de tuer Joseph. Seulement, maintenant, Joseph est mon amant, que puis-je faire ?

 

PS : photo prise à Lausanne en 2014

12 septembre 2019

les mots

-          Un mot a un corps, tu sais ? lui avait-il dit avec son ton sentencieux.

Cet idiot croyait toujours qu’elle marchait un pas  derrière lui, ou peut être plus. Elle, savait bien que les mots avaient un corps puisqu’elle venait de terminer un roman qui, tel un jeune arbre, avait laissé ses racines en elle.

Ce roman, bien sûr, il ne l’avait pas lu, tout comme il n’avait lu aucun des textes qu’elle lui avait laissés ; mais ça, peu lui importait puisque des corps naissaient en elle…

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