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Presquevoix...
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31 mai 2012

La majordome

Grâce à sa connaissance du chinois – appris à l’Institut des langues orientales – et aux cours reçus à l’International Butler Academy, elle était devenue « majordome » chez un riche chinois aux goûts étranges. Elle l’accompagnait du matin au soir, du moment où il mettait le pied sur sa descente de lit à 5000 euros, au soir où elle lui servait son doigt de porto sur un plateau en argent massif à 4900 euros.


Elle avait droit à une pause de deux heures dans la journée, au moment de sa sieste qu’il jugeait capitale. Le reste de la journée se passait en activités aussi diverses que : dresser des tables de 20 convives ou plus, acheter un polo rayé rose et blanc – et pas une autre couleur – ou trouver une compagne de jeux à cet « honorable » milliardaire qui avait un goût des plus exécrables.


Bien que le travail fût fatigant, elle restait. Il faut dire qu’il la payait 5000 euros par mois, nourrie et logée. Où aurait-elle pu espérer trouver un salaire aussi avantageux à 28 ans ? Certes pas dans l’enseignement.

30 mai 2012

L’autopsie

La veille, alors qu’elle se moquait de toutes ses maladies imaginaires, il lui répondit :
- Quand je serai mort, tu demanderas une autopsie et là, tu comprendras !

29 mai 2012

Le hang

Depuis que Hai lui avait fait écouter le hang, Hélène avait développé une addiction. Il lui fallait sa dose de hang chaque jour. Lui s’étonnait de cette passion ; Hélène lui avait paru si frivole avec ses minauderies et ses petites robes aussi légères que décolletées…


Deux semaines après l’avoir rencontré, elle lui avait demandé s’il pouvait lui donner des cours de hang. La perspective de lui enseigner les rudiments du hang ne lui était pas indifférente, mais Hai craignait que cette relation ne l’éloigne de la pratique de son instrument dont il aimait à faire résonner la surface en se léchant les doigts. Il se demandait d’ailleurs, en toute innocence, si Hélène ne voulait pas qu’il joue de son corps comme du hang…

28 mai 2012

La psychanalyse

Après avoir mûrement réfléchi, il avait décidé d’entreprendre une psychanalyse, juste pour arriver à en vouloir à ses parents. Vingt ans plus tard, il parlait toujours d'eux et n'arrivait pas à leur pardonner...

27 mai 2012

Le boudoir

Dans le petit boudoir de Mademoiselle, elle s’était souvent endormie de fatigue,  mais c’était il y a longtemps, quand elle jouait les chaperons, à la demande de sa mère.


Maintenant, elle a 17 ans et elle se tient très droite dans le petit boudoir de Mademoiselle, car Mademoiselle l’observe sous toutes les coutures et lui dit d’une voix cérémonieuse.


- Ma petite, l’heure est venue. Ne bouge pas ! et elle s’éclipse dans un envol de frou-frou étourdissant.


Elle aurait voulu l’interroger, mais Mademoiselle est pressée. Dix minutes plus tard, le visage radieux,  Mademoiselle pénètre dans le boudoir avec un homme - un lointain cousin précise-t-elle – puis elle  referme la porte sur eux.


Après un toussotement gêné, l’homme  rompt un silence devenu pesant.


- Mademoiselle m’a dit que Madame votre mère souhaitait vous voir mariée.


Elle, mariée ? Comment avait-on pu parler de son mariage et ne pas l’en aviser ? Elle regarde l’homme un peu rougeaud dont le col trop serré comprime la chair abondante du cou. Mon Dieu, comme il est gauche ! Et comme il est cocasse : chacune de ses inspirations semble menacer de faire sauter les boutons de son gilet guindé qui cache à grand peine un embonpoint préoccupant.


Contre toute attente, il s’approche d’elle. La jeune fille recule, surprise. Il lui prend la main. Elle la lui retire brutalement. Il s’approche à nouveau. Elle se retrouve immobilisée contre le mur du boudoir, du côté opposé à la porte. Ahanant, il  plaque alors son gros corps congestionné contre le sien, si délicat, et c’est à ce moment-là qu’elle  crie ; un cri  d'effroi qui  résonne de la cave au grenier.


Quand Mademoiselle arrive, elle découvre horrifiée l’homme raide mort, aux pieds de la jeune fille. Elle hurle :


- Jeanne, qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous fait mon dieu ?


Et la jeune fille répond calmement :


- J’ai crié Mademoiselle, voilà tout.


PS : texte écrit dans le cadre des impromptus littéraires

26 mai 2012

Le « cul »

Elle se passait en boucle « j’adore ton cul », juste pour le plaisir de penser qu’elle pensait ainsi…

25 mai 2012

La caisse

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai remarqué qu’à ma caisse, il y a toujours moins de clients qu’à la caisse de Cindy. Jusqu’alors, je croyais au hasard, mais la remarque d’un client, hier, a remis les pendules à l’heure. Comme je disais à un vieux monsieur qui attendait à la caisse d’à côté qu’il pouvait passer à ma caisse, celui-ci m’a répondu poliment.


-    Non merci, je préfère passer chez votre collègue. Elle est plus jolie.


J’aurais pu tout simplement accepter sa réponse, après tout, pourquoi pas, ils ont bien le droit de préférer Cindy !  Mais non, ça a été plus fort que moi, je n’ai pas pu m’empêcher de le traiter de « connard ».
Ce matin, le Directeur m’a fait appeler. Cindy m’a tout de suite dit, souriante, que c’était à cause d’hier…

24 mai 2012

Le baccalauréat

La veille, elle avait croisé dans les couloirs du lycée un élève de terminale STG  qui ne venait plus en cours depuis les vacances de Pâques. Elle aurait pu faire semblant de ne pas le voir mais elle lui a dit, ironique.


-  Alors Kevin, vous êtes déjà prêt en anglais, c’est pour ça que vous ne venez plus en cours ? Pourtant… et elle a laissé sa phrase en suspens. Etait-il bien nécessaire de rappeler à Kevin que sa moyenne avoisinait les 7/20 ?


Et Kevin lui a répondu le plus sérieusement du monde.


-  Ben vous savez, m’dame, avec toutes les révisions, là, j’suis surbooké. Et pis Y faut que j’finisse mon projet.

Elle l’a contemplé, l’air incrédule, puis elle lui a souhaité bonne chance, pour la forme. Elle s'est retenue de ne pas lui conseiller un pélerinage à Lisieux, laicité oblige. Cela faisait tout de même deux ans et demi que Kevin se montrait hostile à toute forme de travail quelle qu'elle soit...

23 mai 2012

La vitrine

IMG_3857[1]- Putain, t’as vu toutes ces bières Bernard !


Bernard jeta un coup d’œil blasé à la vitrine et répondit à Albert.


- Ouais, ça donne envie de se saouler la gueule, c’est sûr, mais comptes-y pas, et il lança un coup d’œil vers Arlette et Josiane qui continuaient à marcher bras dessus bras dessous.

 

Bernard laissa Albert  rêver devant la vitrine. C’est la voix de sa femme qui le sortit de son extase.


- Bon, t’avances ou quoi, tu commences à nous emmerder à  toujours traîner les pieds !


Albert se demanda si  Josiane avait toujours eu cette voix désagréable, mais il avait oublié, depuis le temps. Ce qui était certain, par contre, c’est que  trente ans plus tôt  elle ne pesait pas 90 kilos.

PS : texte écrit à partir d’une photo de J.C. D. prise à Anvers en avril 2012

22 mai 2012

L’agence

Il venait de créer sa petite entreprise de pompes funèbres. Son slogan : mourrez, nous ferons le reste !  Maintenant, il attendait le client de pied ferme. Le premier qui passa le seuil de sa porte, ce fut un homme, plutôt jeune. Il l’accueillit avec un visage de circonstance mais l’homme, enjoué, lui dit.

- Je voudrais un bouquet.

- Un bouquet ? Répondit-il étonné.

- Oui, pour l’anniversaire de ma femme. N’importe quoi. Si je ne lui achète rien, elle me tuera. N’importe quelle gerbe fera l’affaire.

Il essaya de lui trouver le bouquet le moins funèbre possible. L’homme le remercia chaleureusement en ajoutant.

-  Si on meurt chez moi, je viendrai chez vous.

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