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31 décembre 2019

Le royaume des quatre Moi

J'aime beaucoup cette "théorie" des quatre Moi évoquée par Irvin Yalom :

Le Moi public : connu de moi et des autres.

Le Moi aveugle : inconnu de moi et connu des autres.

Le Moi secret : connu de moi et inconnu des autres.

Le Moi inconscient : inconnu de moi et des autres.

 

Bonne année 2020, à vous et à vos Moi !

29 décembre 2019

Une odeur de mort

Depuis cinq ans, il tirait pour se faire la main. La dernière de ses victimes, ce serait sa mère, et là, il savait qu’il atteindrait la perfection.

La seule qu'il n'avait jamais voulu tuer, c'était Muriel, une jeune femme fragile qui supportait sa colère, comme elle avait supporté celle de son père. Un 29 décembre, il lui avait dit en criant.

- J’aime pas ton odeur, tu sens ma mère.

Elle essaya vainement de lui expliquer que ce parfum lui avait couté cher, très cher, mais il n’en démordait  pas : «  Cette odeur est insupportable. »

Pendant qu’elle versait le contenu du flacon dans le lavabo et regardait le liquide glisser le long des parois blanches, elle se demanda ce que sa mère avait bien pu lui faire.

Quand elle eut fini, il lui dit.

-          Très bien,  nous pourrons recommencer sur de bonnes bases dès le 31 décembre.

Elle obéit et n'imagina pas un instant que le 31 décembre, il tuerait sa mère, et que cette date serait, pour lui, une renaissance...

27 décembre 2019

Le silence

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Elle l'interrogea en souriant.

- De quoi ils parlent tous les deux ? Tu dois le savoir, toi qui as presque atteint l'âge de la sagesse.

Il se contenta de répondre.

- Ils crient leur silence.

Elle se demanda de quel silence il parlait. Il est vrai que lui-même parlait peu et, quand il franchissait le cap d'une phrase, elle était courte, et cynique de préférence. En fait, il la fatiguait, parce qu'elle se demandait ce qui se cachait derrière ce presque silence où le sourire était absent...

PS : photo prise à Nancy en juillet 2017

25 décembre 2019

Changement

« J’ai une mémoire admirable, j’oublie tout », disait Alphonse Allais. Combien d’hommes politiques ont dû être nourris au lait de cette citation ?

Depuis mai 2017 nous sommes passés à un stade supérieur chez certains hommes politiques : peu importe la mémoire ou  les mots, l’idée force est de donner à ces mêmes mots un sens différent. Par exemple, utiliser le mot "justice" lorsqu'il s'agit d'injustice, ou "irresponsabilité" lorsqu'il s'agit de responsabilité...

En attendant le plan du monde meilleur que le Père Noël nous a certainement laissé quelque part, dans un ciel isolé où les nuages n'existent pas, permettez-moi de vous souhaiter un joyeux Noël.

 

 

23 décembre 2019

Le regard

Au restaurant, il s’était assis face au public, elle était face au mur. Peu importe, pensa-t-elle, aucun besoin de regarder les autres puisqu’il était en face d’elle. Par contre lui ne pensait pas ainsi et elle s’en aperçue immédiatement. A chaque fois qu’elle lui parlait, il ne la regardait absolument pas mais s’intéressait aux allées et venues.

-          Dis-moi, tu m’écoutes ou tu regardes des mannequins qui défilent ?

-          Je peux parfaitement t’écouter sans te regarder, tu sais.

-          Mais c’est merveilleux. Quelle capacité de concentration tu as acquise au fil des ans. Et surtout quelle attention !

-          Je peux même te répéter l’intégralité de ton discours si tu veux.

-          Non, épargne-moi ça, j'ai peur que tu te trompes. Bon, en tout cas, pour notre  prochain repas  au restaurant, on fera l’inverse, tu te mettras face au mur, et moi face au public, pour faire comme toi. Tu verras, c’est génial d’avoir devant soi quelqu’un dont le regard vous ignore et vous fait voyager au pays de l'invisibilité. Merci pour le voyage.

Il n’ajouta rien et elle nous plus, mis à part qu’elle demanda un deuxième verre de vin au garçon. Parfois le vin donne à la vie des couleurs de rêve.

Ce soir-là, avant de s’endormir, elle se dit qu’après 20 ans de vie commune, les yeux et les oreilles sont souvent aux abonnés absents, à moins de voir en l’autre une image qui est mieux que l’autre. Elle repensa immédiatement à une chanson de Jeanne Cherhal - « Quand on est moins amoureux » -,  chanson qui la fit sourire, parce qu'elle avait raison, Jeanne,  pourquoi se crever les yeux quand on est moins amoureux; franchement !

 

 

 

21 décembre 2019

Chance

Hier, j’ai rencontré une collègue dans le bus et j’ai eu conscience du bonheur qui était le mien : des petits – très petits – effectifs, un mi-temps thérapeutique et surtout un traumatisme crânien – eh oui ! – qui a changé ma façon de voir les choses.

Je dois dire que maintenant – au contraire de ma période pré-traumatisme – le fait que certains élèves ne veuillent pas ou peu travailler ne m’affecte aucunement et je ne m’en sens plus responsable. Je me contente de plointer mon doigt vers le proverbe que j’ai mis dans ma salle de classe - « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse. » -, et je passe à autre chose, parfois même, un sourire aux lèvres...

18 décembre 2019

Dis !

- Dis maman, pourquoi il pue le monsieur ?

- D'abord, tu sais très bien qu'on ne dit pas puer mais sentir mauvais, combien de fois je vais devoir te le répéter, ça ? Et puis, s'il pue, c’est peut-être qu’il ne peut plus se sentir, ça peut arriver à tout le monde ça, même à moi ou à papa ou à ta maîtresse ou au président...

- Dis maman...

- Quoi encore !

- Pourquoi il y a des gens qui couchent dehors ?

- Parce qu’ils n’ont pas de maison !

- Oui, mais pourquoi ils n’ont pas de maisons les gens qui couchent dehors ?

- Parce que la vie est injuste.

- Et pourquoi elle est injuste la vie ?

- Parce le gouvernement il pense à d’autres choses qu’aux gens qui couchent dehors.

- Mais à quoi il pense le gouvernement ?

- Ecoute, arrête de me poser des questions ! Est-ce que je t’en pose tout le temps des questions, moi ? Non, alors tais-toi ! Fais comme moi et marche !

 

PS : prochain texte samedi 21 décembre.

 

 

 

 

16 décembre 2019

Présence

 

 

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Enervé, assis près de la voiture qu'ils avaient arrêtée au bord d'une route minuscule qui les avait conduits dans cet étrange désert, il avait crié.

- Alors, ça y'est, t'as fini de mettre tes jambes en l'air ?

Elle n'avait pas répondu, habituée à ses rodomontades.

Il avait insisté.

- Bon, moi j'en ai marre de ton spectacle. Je pars. Rien à faire ici.

Toujours le silence. Seuls quelques cris d'oiseaux inconnus et un léger vent qui annonçait peut-être un orage à venir.

Il ouvrit la porte de la voiture, la ferma violemment, et c'est là qu'elle hurla "STOP".

Une fois près de lui, elle lui dit d'une voix étrangement articulée : "C'est l'ha-bi-tude de la vie qui cau-se la mort."*

Il  regarda son visage si long, si pure et il lui sourit en disant : « Ok, j’ai compris, donnons du temps au temps avant l’extinction des feux. »

 

*phrase de Hegel

PS : photo prise par ma fille en Amérique du Sud.

 

 

13 décembre 2019

Ecrire court

Il m’arrive très souvent d’écrire court afin de faire revivre ce que j’ai vu ou entendu. L’infidélité parfois  y  créé son sillage.

Etrangement, l’écriture donne à l’infidélité un air qui ressemble à une comptine qui ne vous a jamais quittée, de ces comptines qui – l’âge adulte arrivé - vous font sourire ou grandir, qui sait ?

 

PS : prochain texte le 16 décembre.

11 décembre 2019

Citation

 

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Quand cette visiteuse parisienne  lui avait dit en se mettant  face à lui   “Soyez donc résolu à ne plus servir, et vous serez libre.”,  il lui avait immédiatement répondu.

“ Ta gueule, on n'a pas tout à fait le même problème. Moi, je suis coincé pour des siècles et des siècles dans ce putain de musée  ! ”

Elle n’avait pas insisté et était partie. La prochaine fois, elle ne dirait cette citation de la Boétie qu’à ces collègues de travail, et encore…

 

 

 

 

 

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