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Presquevoix...
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30 septembre 2017

La pancarte

20170811_124642Quand elle vit la pancarte  "toilettes sèches", ni une ni deux, elle changea de direction et pédala aussi vite qu’elle le put afin d’éviter la catastrophe ; cette omelette aux cèpes prise dans ce restaurant routier lui avait retourné les intestins.

En forçant sur les pédales, lui revinrent en mémoire les rires tonitruants de ses voisins de table, et leurs propos graveleux qui avaient redoublé au moment où elle avait mis sa bible sur la table. " Merde, quels cons ! " se dit-elle, en  regrettant aussitôt  la grossiereté de ses propos. Mais si Dieu était intelligent, il comprendrait...

 

 

PS : photo prise dans le Perche.

28 septembre 2017

Le nom

Il ne donnait jamais son vrai nom. Il en choisissait toujours un différent, de peur qu’on ne l’ensorcelle et qu’on installe en lui – à son insu – une caméra vidéo  qui pourrait donner à tout un chacun les moindres informations sur sa vie intérieure.

Il savait confusément que cela arriverait un jour où l'autre car le pouvoir néfaste de l’humanité était arrivé à son comble.

Sans doute était-ce la raison de sa présence dans l'unité 3 du Centre Hospitalier de Sainte Anne où un psychiatre, à bout d'arguments devant ses jérémiades,  avait fini par lui dire que le service de maintenance de sa caméra interne ne pourrait pas venir avant quinze jours...

 

26 septembre 2017

Le signe

20170830_095537C’est dans le sixième tiroir qu’elle l’avait trouvé. Un mot jauni, oublié de tous, peut-être même de celle qui l’avait reçu. L’homme lui donnait rendez-vous derrière le court de tennis, dans la remise où le bois attendait les grands feux qui brûlaient dans l’âtre dès le mois de novembre.

Mais qui était cet homme ? Son mari ? Un amant ?

Le soir-même, alors que sa grand-mère tricotait et qu’elle-même lisait un livre dont l’histoire lui échappait, elle lui avait glissé l’air de rien.

-          J’ai trouvé un mot dans le petit meuble à tiroirs du salon.

-          Ah bon ? Répondit sa grand-mère sans lever les yeux.

-          Oui, un mot pour toi. Mais il date et il est tout jauni !

-          Ah, ce mot-là !

-          Tu te souviens ?

-          Oui.

-          C’est de papy ?

-          Ton grand-père n’aurait jamais écrit ça.

-          Alors de qui ?

-          Tu es bien curieuse.

-          Mais pourquoi tu l’as gardé à cet endroit depuis tout ce temps ?

-          Va savoir pourquoi on garde les choses, lui avait répondu sa grand-mère, soudain triste.

Elle n’avait pas insisté.

Une partie de la  réponse était venue dix ans plus tard, à l’enterrement de sa grand-mère.  

Elle n’en sut jamais plus que le peu qu’on avait bien voulu lui dire, mais cette béance fut le motif de son premier roman qui s’intitula : « le silence »

 

PS : photo prise à Bonnemare.

 

24 septembre 2017

Déchéance programmée

Pour ses 50 ans on lui avait offert un soin  visage et des massages, pour ses soixante ans une cure thermale, pour ses 70 ans un déambulateur connecté avec freins à disques, et pour ses quatre-vingts ans une convention obsèques.

22 septembre 2017

les chaises-longues

20170830_090415C’est là qu’ils s’asseyaient il y a bien longtemps. Les chaises longues sont restées, témoignages de leur présence. Aurait-on pu appeler amour ce qui les unissait ? Sans doute pas, mais peu importe le nom que l’on donne aux sentiments qui unissent les êtres, le plus important n’est-il pas que quelque chose les unisse ?

 

PS : photo prise à Bonnemare, en Seine Maritime.

20 septembre 2017

Adolescence

Ils étaient assis devant elle dans l’attente de quelque chose, ou de rien. Des visages étaient fermés, d’autres ouverts.  A ceux qui étaient enfermés en eux-mêmes, elle avait envie de dire : « Entrouvrez une fenêtre, sinon jamais nous ne pourrons échanger quoi que ce soit ! ». Sans doute leur dirait-elle, lorsque le moment serait venu…

18 septembre 2017

Vocation

20170823_141555Le Christ l’avait regardé avec commisération d’un air de dire : « Mon pauvre gars, t’es pas au bout de tes peines ! ». Il n’avait pas supporté ce regard annonceur de cent ans de solitude et il avait détourné  les yeux.

Dans le journal où, quarante ans plus tard, il raconta sa rencontre avec Dieu, il ne parla jamais de ce moment-là, comme s’il ne voulait pas que le Christ sût à quel point la solitude lui faisait peur…

PS : photo prise dans une collégiale du Val de Loire

 

16 septembre 2017

Exagérer !

« Faut quand même pas exagérer, hein ! ». C’était la ritournelle que tous avaient aux lèvres, au café où elle s’était arrêtée pour lire le journal.

- Ouais, parce que 4 mois de vacances et ça se met déjà en grève, faut quand même pas exagérer !

 Elle aurait bien voulu apporter son grain de sel, mais elle resta sur sa réserve. Elle préférait écouter et observer.

- D’accord, p’têtre qu’ils préparent leurs cours chez eux, bon 10 heures quoi, après ya p’têtre les corrections mais bon, ça va pas chercher loin ! Faut quand même pas exagérer !

- Ouais puis les fonctionnaires,  c'est la sécurité de l'emploi, alors faut quand même pas exagérer, hein !  Qu'on les foute à leur compte et y comprendront !

Elle était partie avant le dénouement, mais elle se demandait bien pourquoi « certains » exagéraient ainsi...

 

14 septembre 2017

Le p’tit vélo

20170811_151819On lui avait souvent dit qu’elle avait un « p’tit vélo qui  tournait dans sa tête ». De là venait-il son amour pour le vélo ? Peut-être. Le vélo était chez elle une seconde nature.

Certains auraient pu parler d’addiction, mais y avait-il addiction plus saine ? Quant au « p’tit vélo qui tournait dans sa tête », il était toujours là mais, plus elle vieillissait, plus elle s’observait et observait les autres, et plus elle comprenait que tout un chacun avait « un p’tit vélo qui lui tournait dans la tête ». Et, certains p’tits vélos faisaient plus de dégâts que d’autres…

 

PS : photo prise dans le Perche.

12 septembre 2017

Consultations

A l’hôpital, il donnait des consultations d’oubli mais, selon les cas, il pouvait aussi donner des ordonnances de vie. Devant l’étonnement des patients, il répondait.

-          Eh oui, il faut s’autoriser à vivre, et ce n’est pas donné à tout le monde, croyez-moi. L’ordonnance est là pour vous certifier que vous en avez le droit.

Les patients opinaient et, quand ils regardaient l’ordonnance, ils étaient toujours surpris de constater que le médecin avait écrit ce qu’il leur avait dit de vive voix à une différence près : l’achat de magnésium, sans doute pour faire plus sérieux.

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