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Presquevoix...

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17 juillet 2007

Entrons-nous dans une ère de solitude glaciaire ?

FonteGlacesPoleNordLes hommes –  pourtant au cœur des nouvelles technologies - ne seraient-ils pas de plus en plus loin les uns des autres, de plus en plus indifférents, comme si un voile opaque les isolait, comme s’ils avaient peur de se montrer, de se toucher, de se dire ou comme s’ils ne pouvaient parler d'eux qu’à travers les « identités fictives » déclinées au fil de leurs rencontres virtuelles… Serait-il donc impossible d’être soi ?

Nous entrons dans une ère de solitude glaciaire...  Les glaces fondent aux pôles mais se refondent dans nos cœurs, et nous évitons de tendre la main à tout ce qui pourrait déranger l’apparente stabilité de ce que nous avons parfois si douloureusement édifiée.
Est-ce ainsi que les hommes vivent*… ?

* Poème d’Aragon, chanté par Léo Ferré : http://www.feelingsurfer.net/garp/Poesie/Aragon.Hommes.html

image vue sur le site : http://www.syti.net/

16 juillet 2007

A quoi ça sert de vivre ?

« Bac + 5 (DEA d’économie) + un an de travail dans une ambassade + deux ans de travail dans une ONG + Chômage depuis quinze mois et inscription à l’ANPE +  « invitation aux vendanges en Alsace par l’ANPE elle-même + invitation refusée pour cause de recherche d’emploi + radiation de l’ANPE, donc un chômeur en moins et un déprimé en plus, + 25 curriculum vitae + 25 lettres de motivation envoyées à 25 entreprises sans aucune réponse en retour !!! Conclusion : invité à quitter mon appartement pour cause de non-paiement de loyer, je cherche de toute urgence un travail. Salaire négociable mais permettant de vivre dignement. Contactez-moi au : 03 45 02 25  78. J’étudierai toutes les réponses avec le plus grand soin. Que pensez-vous d’une société qui ne veut plus insérer ses jeunes ???? »

Il contemple un instant sa petite annonce improvisée, pas mal du tout, sans pathos, digne en somme, alors pourquoi pas ? Pourquoi hésiter à s’imposer sur tous les murs de la ville alors que depuis presque deux ans, il est transparent, invisible comme les milliers de chômeurs que l’ANPE a radiés parce que, comme lui, ils ne comptent plus ? Qu’est-ce qui justifierait  encore des égards pour quiconque dans cette société de merde qui lui ferme la porte au nez ? Pourquoi devrait-il encore avoir des devoirs alors qu’on ne lui laisse plus le choix d’avoir des droits ? Le dernier lieu où on lui faisait croire que, peut-être demain, peut-être un jour, peut-être s’il changeait la rédaction de son CV, peut-être si sa lettre de motivation était tournée autrement, peut-être s’il acceptait de diminuer ses exigences, peut-être s’il voulait faire un stage dans un autre domaine, peut-être s’il essayait de se « vendre » mieux, peut-être s’il changeait de look… lui a définitivement claqué la porte au nez ! Il n’y a plus de peut-être mais une seule certitude : son diplôme ne  sert à rien,  son expérience n’a fait que profiter aux autres et  ses travaux d’écriture pour trouver un travail n’ont été qu’une vaste farce que l’Etat lui a imposé pour justifier ses maigres allocations. Encore hier, il en était à se demander s’il n’allait pas foutre sa vie en l’air, se suicider au gaz et faire sauter le putain d’immeuble dont le propriétaire veut lui mettre un procès aux fesses à cause de ses trois mois de loyer impayés ; ah il pourrait toujours courir après ses loyers, l’imbécile, lorsque son immeuble serait réduit en cendres… Et puis il l’a rencontrée, elle, et tout a changé. Oh, une simple coïncidence, un sourire échangé au coin du comptoir d’un café, un frôlement, même pas un numéro de téléphone ou une promesse de rendez-vous,  rien d’autre qu’un rêve, celui d’une passante de la vie qui lui a fait se souvenir qu’il était un homme. Et maintenant il est là, lui le désespéré, l’abruti, à cogner à nouveau à la vitre de la vie, à se dire que quelque chose est encore possible, la rage au ventre et le cœur battant, comme du temps où il croyait encore qu’être jeune servait à quelque chose.

15 juillet 2007

Ecrire

« Je ne sais jamais ce que je vais écrire ; je le découvre au fur et à mesure et en y revenant à maintes reprises. A cet égard, c’est comme une révélation : et c’est bien ce que me fascine. » (Michel  Butor, Friches, numéro 61)

Être surpris par soi et s’autoriser à l'être, sans craindre ce que l'on peut être…

14 juillet 2007

Revanche

Elle en est à son quatrième enterrement de l’année. Elle n’est pas fâchée de leur survivre, insolente. Combien en a-t-elle déjà enterré depuis deux ans : Sept ? Huit ? Neuf ? Sa mémoire est défaillante. Aujourd’hui le tour d’Adèle a sonné. Elle se sent ragaillardie par ces morts qui se succèdent comme autant de clins d’œil à sa longévité. Les vieux du village disparaissent les uns après les autres - le cœur, les poumons, les cirrhoses, l’ennui  ou pire … le cancer - mais elle, reste ! Si elle estime qu’elle n’a pas eu de chance côté coeur, elle a au moins eu le bénéfice de la ténacité.  Elle s’accroche comme une mauvaise herbe et signe le renouvellement de son bail terrestre à chaque mort qu’elle accompagne au cimetière.

  Légère, elle descend le raidillon de l’église au son du tocsin. Jamais elle n’a aimé l'Adèle qui a connu beauté, flirt, honneurs, mariage, sans jamais avoir connu sacrifices et renoncements. Ce n’est que justice de l’enterrer, elle n’a aucune mauvaise conscience d’en éprouver du plaisir. Adèle est la seule qui lui ait inspiré ce sentiment que la charité chrétienne ne tolèrerait certainement pas. Sa mort est bien la preuve qu’il y a un Dieu quelque part pour vérifier le respect de l’équilibre des joies et des peines et elle, elle l’a eu très tôt son lot de peines… D’ailleurs, au village, on l’a toujours appelé « la pauv’ Madeleine ! ».

Les enterrements lui ouvrent  l’appétit. A la sortie de l’église elle s’arrête toujours à la boulangerie pour s’acheter une pâtisserie qui symbolise le couronnement de la cérémonie mortuaire : elle l’appelle son gâteau de vie. Aujourd’hui, elle voudrait s’acheter un gâteau à la mesure du bonheur ressenti lors de la messe funèbre. Quand le curé a égrené le chapelet des qualités de la défunte Adèle – comment a-t-il pu ? Il n’y a qu’un curé pour oser ces louanges obscènes, comme si les portes de l’éternité ne pouvaient s’ouvrir que poussées par de grotesques éloges – elle n’a pu s’empêcher de murmurer un « vieille salope » que seule la surdité de sa voisine de banc a pu maintenir dans le silence de la feinte compassion.

Dans la vitrine, les gâteaux s’alignent parfaitement : fraisiers, babas, tartelettes, fondants au chocolat, religieuses… Après chaque enterrement, elle s’offre un gâteau différent, un gâteau qui lui évoque le mort, d’une façon ou d’une autre. Cette fois-ci, elle reste en arrêt devant une charlotte dans sa robe de framboise, qui lui rappelle l’Adèle ondulant son corps fruité dans les fêtes d’antan entre sourires condescendants aux femmes et pudiques œillades aguicheuses aux hommes. Cette garce n’a jamais eu honte de ce qu’elle faisait…

Adèle disparue, elle se sent enfin libérée. Dans la boulangerie, Madeleine hésite. Ses yeux vont gravement d’un gâteau à l’autre comme s’il s’agissait de choisir une robe de mariée ; il lui faut se décider entre la religieuse nappée d’une mousseline de chantilly vierge et la charlotte fruitée à la mousse de framboise. Elle opte pour la charlotte qu’elle achète et engloutit sans l’ombre d’un regret dès qu’elle  franchit le seuil de la boulangerie. Elle en conçoit un plaisir extrême, peut-être même de la jouissance : une juste revanche sur celle qui, 60 ans plus tôt, lui a volé son fiancé en la condamnant à la virginité à perpétuité.

13 juillet 2007

La retrouvée

Quand elle le vit se précipiter sur elle, elle eut un moment de recul, voulut l’éviter, mais il s’accrocha à son bras et la retint, haletant…
- Ne pars pas, tu ne te souviens pas de moi ?
Elle essaya de lui dire qu’elle ne le connaissait pas – ce qui était vrai – qu’elle n’habitait pas à Rouen – ce qui était vrai - et qu’elle ne s’appelait pas Marie – ce qui était faux. Peut-être flaira-t-il le mensonge parce qu’il lui dit très haut, presque exalté
- Jure-moi que tu ne t’appelles pas Marie !

Cela lui était difficile de jurer que son prénom n’était pas le sien, aussi tenta-t-elle d’éluder la demande, mais il ne lâcha pas prise. Il voulut l’inviter au café pour parler d’elle, d’eux, de ce qu’ils avaient vécu pendant ces 15 ans où ils avaient été séparés. Elle lui répondait qu’il se trompait, qu’elle n’était pas celle qu’il croyait, mais rien n’y fit. De guerre lasse, elle l’accompagna et ils se retrouvèrent face à face au café de la Gare, à une table installée près d’une fenêtre. Profitant d’un moment d’inattention de sa part il emprisonna sa main droite qui était restée posée sur la table et il commença une déclaration enflammée à laquelle elle dut couper court.
- Je ne suis pas celle que vous croyez, tout ceci est ridicule ! Je suis une autre, je ne vais pas faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour vous faire plaisir. Et si vous me montriez la photo de cette Marie dont vous me parlez depuis tout à  l’heure !

Il prit son portefeuille, sembla trier quelques papiers, puis sortit triomphalement une photo qu’il plaça devant elle
- Voilà. Maintenant tu ne peux pas me dire que ce n’est pas toi !
Elle prit la photo, la regarda attentivement et finit par se rendre à l’évidence : c’était elle, 15 ans plus tôt, devant la gare, habillée d’un pantalon blanc et d’un pull-over noir. Elle ne se souvenait pas de la photo, mais c’était bien elle et elle souriait radieuse à celui qui la photographiait. Elle regarda l’homme avec plus attention,  où avait-il bien pu se procurer cette photo ?
- Alors ? Demanda-t-il ?
- Je ne sais pas quoi vous dire !
- C’est toi oui ou non ?
- Je ne sais pas, fut la seule chose qu’elle put dire.
- Ne me dis pas que ce n’est pas toi !
- Oui, c’est moi et ce n’est pas moi ! Concéda-t-elle.
Elle regarda à nouveau la photo, puis l’homme et …  peut-être que… elle le fixa à nouveau… oui, ce pouvait être lui !

12 juillet 2007

Dieu, que les femmes font peur !

Faut-il voiler les deux roues ?

Il paraît qu'en Iran, "pour encourager le sport au féminin", on va créer un vélo islamique qui couvrira la moitié du corps des femmes.  Je vous laisse deviner quelle  moitié… celle,  bien sûr, susceptible d'éveiller le désir chez les hommes à barbe…
Pauvres femmes, qui sont contraintes de se plier aux soi-disant préceptes du Coran, afin d'éviter, chez les hommes à barbe, les érections inévitables et impensables que pourrait provoquer la vue d'une jambe ou d'un mollet !

11 juillet 2007

La visite de l’office HLM…

Ca y est, l’office  HLM va venir, pas trop tôt, après 12 lettres, une par mois, où je leur expliquais en long, en large et en travers les problèmes qu’il y avait, ils arrivent ! Ils vont constater par eux-mêmes, ces abrutis, que les choses  sont pas aussi simples qu’ils le croient, et qu’elles finissent par rendre les gens dingues… Le seul problème c’est qu’avec cette visite, j’ai dû faire du ménage, enfin, seulement dans la cuisine, parce qu’ailleurs il y a plus rien à faire, trop tard ! Je suis débordée, tout s’entasse ! Les objets prennent le pouvoir, ils rampent même sous les meubles ! D’ailleurs c’est bien simple, j’essaie même plus de chercher ce que je cherche ! Il faudrait que je prenne des photos pour vérifier chaque jour les modifications internes du chaos. Ce que j’ai dans le salon, j’y touche plus et personne n’y entrera plus de mon vivant dans le salon ! Par contre, ce que j’avais dans la cuisine, je l’ai mis dans ma chambre, et maintenant j’ai même plus accès au lit. Plus tard j’installerai peut-être un lit pliant dans la cuisine,  ça m’évitera de retourner dans la chambre, c’est trop dur…
Il y a des moments où je m’inquiète pour moi, c'est comme si j'avais  fait le vide, je vois plus personne, il y a décidément  trop de cons sur terre !
Hier, j’ai vu ma psy, il me suffit de la voir pour avoir les nerfs en pelote ! Son regard faussement attentif, ses hochements de tête qui me foutent en boule, ses reformulations pathétiques, ses interprétations pitoyables et son absence totale de psychologie ! La dernière fois, je l’ai engueulée, j’ai pas pu résister ! Ça fait cinq mois qu’elle me voit, et c’est maintenant qu’elle fait le constat que je suis souvent malade. Evidemment, j’ai eu en rafale un rhume, une pharyngite, une sinusite, une otite, une grippe, une angine et une gastro… est-ce que j’ai besoin d’une psy pour que ce constat de merde soit fait ? Seulement là où le bât blesse, c’est que ce jour-là, elle avait dû se shooter au prozac parce qu’elle, qui d’habitude a deux de tension, m’a dit que je passais mon temps à agresser les autres – elle a même dit « castrer » cette salope ! Sur le moment, j’ai rien répondu, mais je vais lui faire payer ses interprétations à deux balles.
Tout bien réfléchi, je crois que je vais la laisser tomber comme une vieille culotte, elle me sert à rien et en plus ça me fera des  vacances, moi qui n’en prends jamais…

10 juillet 2007

Dialogues improbables

Dialogue entre Jésus et Marx

- Allo Jésus, Karl.

- Karl Marx ?

- Lui-même. Alors Jésus, tes évangiles ?

- Je n'ai pas à me plaindre, mais ça se vend plus comme des petits pains... Et toi, ton capital ?

- Oh, il a perdu de sa valeur !

- Et ton manifeste ?

- Périmé !

- Et ta dictature du prolétariat ?

- Il n'y a plus de prolétaires !

- Tu m'as l'air un peu déprimé, Karl...

- Ca fait un petit bout de temps que je suis sous anti-dépresseurs... Au fait, Jésus, je voulais te dire que je regrettais ce que j'avais dit au sujet de la religion ! J'étais à bout de nerfs !

- Et qu'est-ce que tu as donc dit ?

- Que la religion c'était l'opium du peuple !

- Oh, ça ? Il y a longtemps que je t'ai pardonné.

- Dis-moi, Jésus, quel est le secret de ta longévité ?

- Je vais te confier un secret Karl : moi... je les fais rêver, je leur montre l'amour et l'amour Karl, c'est ça le secret de ma longévité...

Dialogue entre Freud et la Vierge Marie

- Allo, Marie ?

- C'est toi Freud ?

- Oui mon petit. Alors,  et ta grossesse ?

- Nerveuse !

- Tu vois, je te l'avais bien dit Marie, il n'y a pas de fumée... sans queue !

9 juillet 2007

latin or not latin

On connaît l'antienne de George Brassens "sans le latin, sans le latin la messe nous emmerde...". C'est vrai qu'avec le latin on pénètre au coeur du mystère de la foi et ma foi, en ce qui me concerne, je préfère le mystère à la clarté... Dire des prières en latin, c'est un peu comme fredonner des chansons anglaises sans les comprendre ! A partir du moment où on les traduit, elles perdent tout leur charme ! Si je me pose cette question de la messe en latin, alors que  je ne vais jamais à la messe et que la question de l'existence de Dieu est loin d'être au centre de mes préoccupations, c'est parce que je feuillette "le pélerin" chez une tante et que cet hebdomadaire - chrétien - a le courage de se poser cette question cruciale : Benoit XVI tend-il la main aux traditionalistes ?

7 juillet 2007

parenthèse pyrénéenne

Voilà, je suis dans les Pyrénées, en Ariège précisément, pour "raisons familiales"... ça fait un peu mot d'excuse, sur carnet de correspondance d'élève... St Girons, la province comme on dit de Paris, mais je ne suis pas de Paris puisque je vis moi aussi en province, à Rouen, mais St Girons c'est la province de la province ! Eh oui, on est tous le provincial de quelqu'un !

Le petit guide local dit : "La chaleureuse et souriante cité St Gironnaise... étire ses rues pittoresques et chantantes de part et d'autres de deux torrents tumultueux...". C'est drôle les guides touristiques, on n'y voit jamais ce qui y est décrit, j'ai bien vu les torrents, mais les rues chantantes, non ! Enfin un guide, c'est comme un homme politique, ça vend du rêve... En tout cas, la patissière chez qui j'ai acheté ma croustade aux pruneaux hier, ne parle pas comme le guide local et me dit tout cru qu'ici, tout ferme, tout se meurt ; ici, comme ailleurs, c'est la culture du "sandwich, internet et téléphone portable", alors... Elle est un peu aigrie la patissière, mais elle remarque que c'est une tendance générale, puis son étude s'arrête là, parce qu'une autre cliente arrive...

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