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27 avril 2013

Les yeux-parapluies

PT033091Elle lui avait dit.


- On dirait deux yeux aux corolles ouvertes.
- C’est la minute de poésie ? se contenta-t-il de répondre, d’un ton rogue.


Elle se demandait bien pourquoi il était de mauvaise humeur. Que lui avait-elle fait ? Et pourquoi se sentait-elle toujours responsable de son humeur ?


Elle lui sourit pourtant et ajouta.


- Aujourd’hui, personne ne m’empêchera d’être heureuse, même pas toi ! Et elle accéléra le pas afin de préserver sa fragile bulle de bonheur.


Le visage de son compagnon se crispa légèrement, mais il ne dit rien. Elle ne perdait rien pour attendre…

 

PS : photo prise par C. V. à Venise en novembre 2012.

23 avril 2013

Le poète

029Deux minutes plus tôt, il était assis dans ce fauteuil, elle l’avait vu, elle en était sûre. C’était lui. Et il avait même laissé son journal qui portait la date de 1935, l’année de sa mort. Elle ne l’avait pas rêvé, ça !

Bien sûr elle aurait pu lui parler, lui dire combien elle admirait  son œuvre, combien elle avait lu et relu certains de ses poèmes quand elle désespérait de savoir qui elle était, combien il l’avait touchée dans son livre de l’intranquillité. Seulement elle n’avait pas eu le temps, son compagnon l’avait appelée d’une voix un peu sèche pour visiter le musée, elle s’était absentée deux minutes, juste deux minutes, et le poète avait disparu.

Prétextant un mal de tête, elle était alors revenue vers le fauteuil vide et elle s’y était assise dans l’espoir que peut-être… C’est  son ami qui l’avait réveillée avec un « Alors ? » plein de sous-entendus.

Elle n’avait rien répondu. Comment aurait-elle pu lui expliquer - à lui que sa rationalité étouffait -  que pendant sa rêverie, Fernando Pessoa était revenu et qu’il lui avait  chuchoté à l’oreille ces vers extraits de son long poème « bureau de tabac » :

J’ai tout raté.
Comme j’étais sans ambition, peut-être ce tout n’était-il rien.
Les bons principes qu’on m’a inculqués,
je les ai fuis par la fenêtre de la cour.
Je m’en fus aux champs avec de grands desseins,
mais là je n’ai trouvé qu’herbes et arbres,
et les gens, s’il y en avait, étaient pareils à tout le monde.
Je quitte la fenêtre, je m’assieds sur une chaise. À quoi penser ?

Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas ce que je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je crois être tant et tant !
Et il y en a tant qui se croient la même chose qu’il ne saurait y en avoir tant!

 

PS1 : photo prise par C. V. , non loin du Museu de Arte Antiga, à Lisbonne, en 2O1O

PS2 : Pour lire la biographie de Fernando Pessoa (1888 – 1935), c’est ici. et pour écouter l' émission  " Vivre c’ est toujours être un autre " qui a pour thème Fernando Pessoa, c'est ici.

 

 

 

19 avril 2013

Le tramway

PT212033Elle l’avait rencontré dans le tramway numéro 18 et elle l’avait quitté deux mois plus tard dans le tramway numéro 28. Depuis quelques mois, elle prenait le tramway 12 E, au cas où… peut-être lui porterait-il bonheur ?

PS1 : photo prise par C. V. à Lisbonne en 2010

 

PS2 : pour voir les tramways de Lisbonne en service, c’est ici.

 

PS3 : Pour manger portugais à Paris, il faut absolument aller au Marché St Quentin, chez Silvana C'est bon, l'accueil est sympathique et les prix aussi...

11 avril 2013

Créer

raphaelle1Il s’étonnait de ces installations dans les arbres. Pourtant, il ne lui dit rien, sans doute de peur qu’une petite étincelle n’allume un brasier.

De toutes les façons, il connaissait ses réponses par coeur ; la création ne se laisse pas emprisonner, l’art a besoin d’espace pour respirer.

Souvent elle concluait par : les arbres ne sont-ils pas le meilleur endroit pour inventer la vie ?

 

PS : photo prêtée par R. B.

29 mars 2013

Réfléchir

raph28La première fois qu’il l’avait vue dans cette position, il s’était étonné, la deuxième aussi, et la troisième, il s’était résolu à lui demander pourquoi.

Après avoir mis pied à terre, elle lui avait répondu : «  contorsion et réflexion vont de pair, n’oublie jamais ça ! »

 

 

PS : photo prêtée par R. B.

27 mars 2013

L’attente

01082008093Elle l’avait patiemment attendu sur la jetée, comme il le lui avait demandé. Elle avait d'ailleurs tellement attendu, qu’elle en était presque devenue bleue, aussi bleue que l’océan qui s’étendait sous la ligne du ciel. Pour tuer le temps, elle avait suivi le quadrillage de l’ombre.

Puis il était arrivé, essoufflé, et il  l’avait prise dans ses bras pour la réchauffer.
- Tu m’en veux ? chuchota-t-il
- Non, mais j’ai eu peur.
- Peur de quoi ?

Elle ne répondit pas. Jamais elle ne lui avait dit qu'à chaque rendez-vous, elle avait toujours eu peur qu'il ne vienne pas...

PS : photo prise par C.V., à Porto

24 mars 2013

La fiancée

noviaDans le spectacle, on lui avait demandé d’être la fiancée. Et elle avait accepté. Le rôle semblait facile, il lui suffisait de virevolter un bouquet à la main autour du personnage principal.

Seulement, à force de tourner autour de lui, elle en perdit la tête…

 

PS : photo prêtée par R. B.

21 mars 2013

Le cerf

CERFElle le voyait toutes les nuits mais elle l’observait à distance. Elle le trouvait presque trop beau, avec ses yeux en amande, ses bois lisses et ses oreilles incrustées de diamants. Il apparaissait toujours lorsqu’elle marchait dans la forêt enchantée, celle où les fleurs se transformaient en papillons de toutes les couleurs.


Sans doute était-elle amoureuse, mais une femme peut-elle tomber amoureuse d’un cerf ? Certes, les personnages de rêves ont tous les droits, elle le savait, mais était-elle vraiment un personnage ? Et puis une nuit elle se risqua. Le cerf s’abreuvait près d’un lac et ses bois ruisselaient de lumière de lune. Elle l’aborda le plus simplement du monde et il lui répondit le plus simplement du monde…


Quand son réveil sonna à 6 heures tapantes, comme tous les jours travaillés, elle galopait encore, accrochée au cou du cerf dont les bois l’enserraient tendrement. Elle conçut un tel dépit en découvrant sa chambre aux murs nus qu’elle ferma les yeux et décida de ne plus les rouvrir…

PS : photo gentiment prêtée par Patricia du blog « un autre reg’art »

11 mars 2013

Le retour de la lune

PT292795Cela faisait un mois que la lune avait disparu. Certains avaient cru qu’elle s’était noyée dans un canal, d’autres qu’on l’avait avalée en la prenant pour une hostie. Pourtant,  au bout d’un mois  elle réapparut, sans explication aucune.

C’est ce jour-là que Morgan avait composé son hymne à lune. Tous les canaux de Venise avaient frissonné et ses notes avaient glissé sur la partition de la lagune…

 

PS : photo prise par C. V. à Venise en novembre 2012

16 février 2013

Les fleurs

10 août 2012 009A chaque fois qu' elle passait devant la boucherie,   il arrêtait de servir les clients pour lui adresser un sourire. Jusqu’au jour où  il l’avait attendue sur le pas de la porte,  un bouquet de fleurs jaunes et mauves à la main. C’est pour vous, lui avait-il dit, presque timide.

Elle avait rougi et  avait accepté les fleurs sans mot dire. Quand il  avait ajouté qu’il l’aimait, elle n’avait rien répondu, mais elle avait ouvert son sac, en avait retiré une feuille blanche et, d’une écriture sage, elle avait écrit :

« J’ai lu sur vos lèvres que vous m’aimiez. M’aimeriez-vous encore si je vous disais que je suis sourde et muette ? »…

PS : photo prêtée par R. B.

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