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Presquevoix...
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23 avril 2013

Le poète

029Deux minutes plus tôt, il était assis dans ce fauteuil, elle l’avait vu, elle en était sûre. C’était lui. Et il avait même laissé son journal qui portait la date de 1935, l’année de sa mort. Elle ne l’avait pas rêvé, ça !

Bien sûr elle aurait pu lui parler, lui dire combien elle admirait  son œuvre, combien elle avait lu et relu certains de ses poèmes quand elle désespérait de savoir qui elle était, combien il l’avait touchée dans son livre de l’intranquillité. Seulement elle n’avait pas eu le temps, son compagnon l’avait appelée d’une voix un peu sèche pour visiter le musée, elle s’était absentée deux minutes, juste deux minutes, et le poète avait disparu.

Prétextant un mal de tête, elle était alors revenue vers le fauteuil vide et elle s’y était assise dans l’espoir que peut-être… C’est  son ami qui l’avait réveillée avec un « Alors ? » plein de sous-entendus.

Elle n’avait rien répondu. Comment aurait-elle pu lui expliquer - à lui que sa rationalité étouffait -  que pendant sa rêverie, Fernando Pessoa était revenu et qu’il lui avait  chuchoté à l’oreille ces vers extraits de son long poème « bureau de tabac » :

J’ai tout raté.
Comme j’étais sans ambition, peut-être ce tout n’était-il rien.
Les bons principes qu’on m’a inculqués,
je les ai fuis par la fenêtre de la cour.
Je m’en fus aux champs avec de grands desseins,
mais là je n’ai trouvé qu’herbes et arbres,
et les gens, s’il y en avait, étaient pareils à tout le monde.
Je quitte la fenêtre, je m’assieds sur une chaise. À quoi penser ?

Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas ce que je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je crois être tant et tant !
Et il y en a tant qui se croient la même chose qu’il ne saurait y en avoir tant!

 

PS1 : photo prise par C. V. , non loin du Museu de Arte Antiga, à Lisbonne, en 2O1O

PS2 : Pour lire la biographie de Fernando Pessoa (1888 – 1935), c’est ici. et pour écouter l' émission  " Vivre c’ est toujours être un autre " qui a pour thème Fernando Pessoa, c'est ici.

 

 

 

Commentaires
C
je n'ai rien écrit hier mais j'ai lu et relu, je crois que je vais te demander une liste de lecture :)
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C
Et oui les poètes savaient bien ce qu'ils faisaient en écrivant... Lol<br /> <br /> Difficile d'oublier une poésie et son poète. Parfois dans mes rêves, je me retrouve sur un chemin de Toscane avec Léo... Nous ne parlons pas, juste nous marchons côte à côte et cela suffit pour mon bonheur du lendemain. Les poètes ne meurent jamais.<br /> <br /> - Bon ... Demain Paname, j'averti chère dame gballand que je vais "déconnecter" jusqu'au 20.je vous embrasse et vous remercie toujours.
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B
j'adore ce genre de rêve...
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C
un texte digne d'une nouvelle sud americaine avec ce mélange réalité/imaginaire!!
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P
Et merci pour les liens aussi. J'aime le titre " livre de l'intranquillité", je vais essayer de le trouver, visiblement il a été réédité en 2011? <br /> <br /> et bonnes vacances pour toi!!!
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