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23 novembre 2015

L’attente

20151107_084129-1Il fait le pied de grue depuis une heure et sa patience a des limites. Ne tardera pas le moment où il s’envolera à tire d’ailes.

La dernière fois qu’elle lui a fait subir le mêmes sort, c’était dans le square de l’église de la Trinité. Cherche-t-elle à mettre son amour à l’épreuve ? Veut-elle lui signifier que l'aimer c'est se soumettre ?

Les humains n'ont-ils pas l’habitude de dire « jamais deux sans trois » ? Mais chez les pigeons, le dicton n’existe pas, tout au moins pas encore.

Une chose est sûre, se dit-il agacé alors que les secondes jouent leur sarabande endiablée,  si elle se permet un nouveau retard, je ne me priverai pas de convoler avec une autre. Les occasions ne manquent pas dans le ciel de Paris

 

PS : photo prise par mes bons soins gare St Lazare, le 7 novembre 2015

19 novembre 2015

Le sosie

boulotTravailler lui paraissait si pénible qu’elle avait passé cette annonce dans Libération – " cherche sosie qui veut bien aller au boulot à ma place " -  suivie d’une photo d’elle, la plus « réaliste » possible.

Si trouver un sosie n’avait pas été une mince affaire, le fait qu’elle soit professeur n’avait pas arrangé les choses. Rares étaient celles qui, par ces temps troublés, souhaitaient entrer dans la fosse aux lions ; surtout pour un salaire de 1400 euros par mois.

Son choix avait fini par se porter sur une femme qui,  selon ses amis,  lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.

Mais ce choix lui avait posé un nouveau problème  : comment était-il possible de ne pas se reconnaître dans un sosie que tout le monde trouvait aussi ressemblant ?

 

15 novembre 2015

En finir !

20151107_094001

Rien à foutre de rien, tous pourris. Ça allait faire mal quand il allait frapper !

Quand il avait reçu le matériel,  il l’avait rangé au fond du placard, sous ses vêtements. Pas de risque que sa mère le voie, elle ne rentrait plus dans sa chambre depuis qu’elle savait qu’il faisait cinq prières par jour. Pauvre naze ! Il avait fini par la détester, elle et sa petite vie de merde !

Ils ne se parlaient plus, chacun enfermé dans sa tanière : elle dans sa cuisine, lui dans sa chambre. Et quand il leur arrivait de se croiser, leurs regards s’évitaient.  

Ses prières, répétées comme des mantras, le lavaient progressivement des impuretés de sa vie d'avant. Maintenant, il avait une vision, une vraie, et le plus tôt possible - comme ses "frères" le lui avaient enseigné -  il lui faudrait faire table rase de l’ordre ancien afin que la pureté s'installe sur terre.

 

7 novembre 2015

Barbe bleue

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Il l’avait enterrée sous la vasque fleurie, deux ans plus tôt, et il se félicitait du choix qui avait été le sien.

Jamais il ne s’était excusé, mais qu’aurait-il pu lui dire ? Qu’il avait perdu son sang-froid et qu’il le regrettait ? Non, ce n’était pas raisonnable.

La grande maison blanche avait alors retrouvé sa tranquillité et lui avait repris goût à la vie.

C’est alors qu’une deuxième femme était arrivée. Elle ressemblait étrangement à la première mais  ses cheveux étaient aussi noirs que ceux de la précédente étaient blonds. Il l’aima le temps d’un été, puis il se lassa et les cris – ces cris dont il avait toujours eu  horreur -  recommencèrent. Il y mit vite un terme et enterra la deuxième au même endroit que  la première.

La maison fut  à nouveau  plongée dans un long silence mais, depuis quelques temps,  un jardinier créait un  massif non loin de la vasque fleurie. Sans doute attendait-il la troisième…

 

PS : photo prise dans l'Oise par GB

30 octobre 2015

changement

20150705_130549Enfant, il n’était pas raciste, mais à sa majorité il le devint. Il prit sa carte du FN et se transforma en admirateur de Marine Lepen. Il ne manquait jamais aucun de ses  discours  et  les écoutait assis devant la télé, le pouce dans la bouche...

 

PS : photo "volée", prise à Bruxelles en juillet dernier

26 octobre 2015

Les amis

20150706_125332Dès qu’elle s’était assise à ses côtés sur le banc gris, elle avait compris qu’ils seraient amis à vie. Jamais il ne l’avait critiqué, jamais il n’avait eu un mot déplacé. Elle non plus.

Aucun n’abandonna la vie qu’il menait,  lui continua sur son banc gris dont jamais il ne bougeait, elle sur son étoile qui naviguait dans le ciel changeant de ses désirs.

Quand ils se retrouvaient, le dialogue interrompu la fois précédente se renouait, comme s’ils venaient  de se quitter…

 

 

PS : photo prise dans le jardin botanique de Meise, en Belgique.

22 octobre 2015

Les canards

20150613_160022-1Pourquoi tous ces canards ? Lui avait-on demandé plus d’une fois alors qu’il servait ses consommations au bar,  déguisé en canard jaune. Il répondait invariablement qu’il préférait être chassé que chasseur ; puis, plus sérieusement, il ajoutait qu’un homme doit s’accepter tel qu’il est et  savoir à quel groupe il appartient pour devenir réellement lui-même…

 

PS : photo prise par moi-même lors d'un voyage à Lille.

18 octobre 2015

Le curieux

20150814_144524Il se mêlait  de tout, et surtout de ce qui ne le regardait pas. Rare chez un homme ? Peut-être.  « Il a toujours été curieux comme un lavement », avait un jour déclaré sa mère, qui n’avait pas peur d’oser les images les plus fleuries.

Avait-il été satisfait de son observation ? Non.

Dès le lendemain matin, un lumbago sévère l’avait empêché de faire les choses les plus « élémentaires ». Quant à ce qu’il avait vu, une frustration sans nom, car un caleçon blanc l’avait empêché d’accéder à la scène du « crime ». Il avait dû se contenter de sons  suggestifs, sans les indispensables images qui taquinent les papilles.  

-     Salopard ! s’était-il dit, il pense à tout.

 

PS : photo prise par mes bons soins.

 

14 octobre 2015

La chute

20150807_204218Il lui avait dit : « quand j’ouvrirai les volets, ce sera le moment. »

Et effectivement : il avait ouvert les volets, la balustrade avait cédé et il avait chuté sur un tas d’immondices qui n’avaient pas amorti sa chute.

Son amie avait fait inscrire sur sa tombe l’épitaphe suivante : « Tombé sur le champ d’horreur ! »

 

 

PS : photo prise par mes bons soins.

10 octobre 2015

Les chaussures

20150624_123048-1Muriel s’étonna du choix de Léa.

-          Tu ne trouves pas que ça fait un peu travelo ?

Léa l’avait regardée d’un air méprisant.

-          Tu me fais de la peine avec tes clichés.

Elle faillit sourire. Sans doute avait-elle des clichés plein la tête, mais qui n’en avait pas ?

-          Après tout, ce n’est pas moi qui les mettrai, tu as raison.

-          En plus je ne te demandais même pas ton avis.

-          C’est vrai, concéda-t-elle. Bon, tu essaies ?

Léa refusa d’essayer les chaussures en sa présence. Elle lui demanda de la laisser seule pour l’essayage. Elles se reverraient le lendemain. Tiens, elle lui enverrait un SMS pour lui fixer un nouveau rendez-vous dans l’après-midi.

Muriel ne reçut jamais de SMS, ni le lendemain, ni les jours suivants.

Elle revit Léa trois mois plus tard, de dos, dans la queue d’un cinéma parisien. Elle ne  l’avait reconnue que lorsque celle-ci s’était légèrement tournée pour parler à sa voisine de droite. Instinctivement, Muriel avait regardé ses chaussures, et c’est là qu’elle avait compris : Léa avait plusieurs facettes.

 

PS : photo prise par moi-même

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