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Presquevoix...

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6 août 2023

Les discours

Il avait le goût des discours et des monologues et ce, depuis la grande section de maternelle où, face au miroir de sa chambre, il écoutait les mots qui s’égrenaient de sa bouche tels des boutons de rose. Son premier long discours, il l’avait fait au CM1, en fin d’année scolaire. Il avait été désigné pour donner le cadeau à la maitresse qui partait à la retraite. On l’avait applaudi à tout rompre.

Il s’étonnait un peu que maintenant, à l’âge de quarante-trois ans, l’enthousiasme de ses « fidèles » ne soit pas le même qu’au CM1. A chaque discours – ou chaque monologue – il piochait une série de mots dans le panier à provisions présidentiel, comme il l’appelait en plaisantant. C’est ainsi que son « art de la rhétorique » se mettait en place. Les derniers mots tirés au sort avaient été : ordre, sécurité, chantier, planification écologique, erreurs, parents, éducation, violence. Il regrettait que ce dernier discours, au dire de son épouse – mais disait-elle la vérité ? -  ait été un peu moins apprécié que les précédents. Le fait de ne pas être père et de parler des « parents » lui était-il reproché ? A vrai dire, il s’en moquait éperdument. Le plus exaltant pour lui était de continuer à jouer avec sa boîte à mots devant des caméras où – habillé de son costume de scène -  il pouvait se voir et s’écouter en boucle.

PS : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence

PS ‘ : prochain texte, mercredi.

29 juillet 2023

L’innovation

Son mari avait eu une scolarité en dents de scie où les creux avaient dépassé les pointes, et il en souffrait encore. Son emploi de « sous-fonctionnaire » au ministère de l’Education Nationale n’avait d’ailleurs pas arrangé les choses. Mais là, il était sûr que sa situation allait évoluer grâce à cette étonnante innovation qu’il venait d’achever ; la vingtaine sur la liste de ses innovations. Son nom : le lit électrique télécommandé !

Quand sa femme lui avait demandé, patiente, de lui expliquer cette vingtième innovation, il lui avait dit.

-          La société grossit et refuse le sport, c’est une conséquence du néo-libéralisme, tu le sais. Alors voici ce que j’ai mis en place : le lit électrique télécommandé dans lequel tu pourras dormir mais qui te permettra, aussi, de sortir de chez toi sans sortir de ton lit. Voici, je te le dis, l’avenir des transports individuels !

Elle avait bien sûr évité de lui poser des questions car elle savait qu’à chaque question, il y aurait certes des réponses mais des réponses qui glisseraient hors de la fenêtre de la question. Son mari était ainsi fait. Elle le félicita donc et il lui sourit. La journée se déroula merveilleusement jusqu’à l’heure du coucher où, avant de dormir, elle lui dit.

-          Bonne nuit mon chéri au royaume des lits électriques télécommandés.

Son mari ne répondit pas car il venait juste de s’endormir et  son invention  le faisait déjà voyager au royaume des innovations.

 

PS : prochain texte, dimanche 6 aout.

24 juillet 2023

Comparution immédiate

On passe les uns derrière les autres. Ils ont tous moins de 25 ans, moi aussi ; pas de filles, que des garçons. Le tribunal judicaire marche à fond la caisse. Moi, je fais des études de droit. Le type qui passe avant moi travaille dans la restauration. Il a même un CDI. Fini pour lui le CDI. Il était dans la même cellule que moi en garde à vue, mais il vient d’un autre quartier. Il est accusé de vols au super U pendant les « émeutes » ; moi on m’accuse de jets de projections envers les flics, et c’est vrai, mais c’est la première fois. Comment j’aurais pu ne rien leur jeter à ces pourris qui nous balançaient leurs saloperies sur la gueule. Eux ils tuent et nous on ferme nos gueules, c’est ça la justice ? Troisième année de droit à l’université pour moi et pas de quatrième année, c’est sûr, car j’aurai au moins six mois de taule, je le sais, les comparutions immédiates, ça ne pardonne pas. 48 heures en garde à vue dans une cellule de merde. Résultat : 48 heures de haine montante. La justice expéditive – comme ils disent – et une justice qui n’est pas la même pour tout le monde. Pour certains en haut de l’échelle, elle n’est pas expéditive la justice, elle est même sourde et elle traîne, c’est appel sur appel. Tu raques et tu t’en sors. Tu ne peux pas raquer, tu vas direct en taule, comme moi !

Le type qui travaille dans la restauration m’a dit : Vol dehors, viol dedans ! Comme je n’ai rien compris il a ajouté.

-           Tu voles dehors et on te viole en taule. T’as vu la gueule que j’ai ? On va me prendre pour un pédé, viol assuré !

En garde à vue, un flic m’a dit en ricanant « C’est toi l’intellectuel du droit ? », puis il s’est tourné vers les autres flics pour préciser : « Ouais, maintenant y’en a qui savent parler et écrire ! ». C’est ça l’humour dans la police.

Un autre flic a dit à ses collègues.

-          Ils ont sorti les matelas dans les prisons. Trois par cellule, ça va pas leur donner envie de recommencer à ces connards !  Et il y en a qui disent qu’ils ont jamais fait de taule. Mon cul, oui !

Moi, c’est vrai, je n’ai jamais fait de taule avant, j’ai juste fait trois ans de droit. Et le droit, ça te met droit dans tes bottes. Les copains du quartier, je les écoutais parler mais moi je me taisais. Je les écoutais raconter leurs exploits qui leur faisaient monter leur taux d’adrénaline ! Mais moi, caïd, ça ne m’intéressait pas, je voulais être avocat. Seulement, avec six mois de taule, c’est sûr, je ferai pas ma quatrième année de droit,  et quand je sortirai, je ne sais pas si je serai pareil... 

 

PS : prochain texte, samedi.

 

19 juillet 2023

Les bottes de sept lieues

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Elle avait eu une étrange journée.

Tout avait commencé avec ce SDF, assis sur le trottoir avec un chien immobile. Quand elle lui avait souri, il lui avait dit.

-          Il est tranquille mon chien, hein ? Forcément il est mort.

Elle rangea aussitôt son sourire dans la poche de son visage. Ça lui apprendrait d’avoir un visage aussi avenant avec des inconnus. Désormais, elle serait neutre. 

Le deuxième moment douloureux avait été le départ définitif de son deuxième compagnon – c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle marchait. Quelle idée d’avoir choisi un deuxième conjoint assorti au premier. Pourtant sa mère – caricaturiste hors norme – lui avait dit.

-          Les ex, c’est comme la prison, si tu y retournes c'est que tu n'as rien compris à la leçon.

Et elle avait ajouté en conclusion.

-           Ma fille, il faut savoir se libérer des cons ! Regarde, c’est ce que j’ai fait avec ton père, et tout va mieux, avait-elle dit en riant aux éclats.

Elle aurait voulu lui faire savoir que tous les soirs, pour son pauvre père, elle disait un Pater Noster, écrit par ses bons soins : Notre père qui est anxieux, que ton nom ne soit pas scarifié, que ton règne ne saigne pas, que ta volonté soit faite sur la terre, comme au ciel, si tu y vas un jour.

Le troisième moment troublant de la journée, c’est quand elle découvrit les bottes de sept lieues dans le jardin de la mairie. Que faisaient-elle là ? Qui les avait apportées et pour qui ?

-          En devenant adulte, il faut faire disparaître les ogres dévoreurs d’enfants, répéta-t-elle dix fois  en criant dans le jardin.

Et c’est exactement à cet instant qu’elle se décida : elle mettrait les bottes de sept lieues, celles-ci s’ajusteraient, et elle pourrait enfin atteindre un nouveau royaume, celui où les femmes et les hommes s’écoutent et se respectent…

 

PS 1 : bottes bleues photographiées dans le jardin de de la mairie de Pont Audemer, l’été dernier.

PS2 : prochain texte, lundi.

 

12 juillet 2023

Les gâteaux

On était à table avec maman - j’ai quarante ans et j’habite toujours chez elle. A un moment donné, j’ai voulu lui dire « passe-moi le sel » et, je ne sais pas pourquoi je lui ai dit « salope tu as foutu ma vie en l’air ».  Bien sûr, après, je n’ai pas pu m’arrêter et le monologue a continué.

-          Tu as passé mon enfance à me dire « Goûte chéri » et je suis devenu monstrueux. J’étais la risée de l’école et toi tu me disais toujours « Goûte chéri » ! J’étais tellement gros et seul que j’ai voulu me suicider. Le jour où tu es entrée dans ma chambre, tes gâteaux à la main et que tu m’as vu la corde autour du cou, tu n’as rien compris, bien sûr. J’aurais voulu vomir tous tes gâteaux, mais je n’y arrivais pas. C’est dur de vomir sa mère. J’ai toujours été le « gros lard » de service, mais toi, tu ne voyais rien, tu pétrissais ta pâte à gâteaux, tu la mettais au four et tu me disais : « Goûte chéri, ils sont tout chauds ! »

A la fin de ma tirade, m’a mère s’est levée et elle est allée dans sa chambre, sans dire un mot. Alors, contrairement à l’habitude j’ai débarrassé la table et j’ai fait la vaisselle avant d’aller me coucher. Une nuit merveilleuse. Pour une fois, aucune insomnie, mais le lendemain, quand je me suis réveillé à 7 h, mon petit déjeuner n’était pas prêt. Je n’ai pas osé frapper à la porte de sa chambre de peur des récriminations.

A mon retour du travail, la maison semblait vide et la porte de sa chambre était toujours fermée. Quand j’ai frappé, pas de réponse. Alors j’ai ouvert et je l’ai découverte allongée sur son lit, revêtue de la robe noire qu’elle avait mise pour l’enterrement de mon père. J’ai voulu pleurer mais rien n’est sorti, pourtant ma mère était bien morte.

Demain, c’est son enterrement et je serai seul. Je laisserai une petite lettre dans le pot de chrysanthèmes que je placerai sur sa tombe. Je lui écrirai qu’elle a fait ce qu’elle a pu, comme tous les parents.  Comment aurait-elle pu faire autrement ? Y a-t-il des cours d’instruction parentale ?

Pourquoi cette lettre, me direz-vous, alors que ta mère est morte ? Eh bien parce que la culpabilité est le pire des fléaux quand on est vivant.

PS : prochain texte, mercredi prochain.

8 juillet 2023

Stratégies

Le Directeur l’avait fait venir dans son bureau pour lui poser une question simple.

-          C’est quoi vos stratégies Dumontier ?

Dumontier l’avait regardé calmement puis avait répondu.

-          Monsieur le Directeur, je préfère tout de suite planter le désaccord* avec vous. Je ne suis pas un homme de stratégies, je suis un homme tout court. Je travaille chez vous depuis 15 ans et je ne compte pas changer de façon de travailler à moins que les planètes ne se soient alignées  aujourd’hui pour modifier mon comportement.

-          Vous vous foutez de moi Dumontier ?

Dumontier avait envie de lui dire je vous plaisante des excuses*, Monsieur, mais il savait qu’il devait arrêter de lui balancer son humour à deux balles. Mieux valait botter en touche.

-          Non, monsieur, mais jusqu’à présent vous ne vous étiez pas plein de mon travail.

-          Certes, mais les temps changent Dumontier et il faut évoluer, ce que vous ne faites pas !

-          Eh bien moi monsieur, en tout cas, j’attache les sourires*  des clients, et ils sont fidèles. Je pense que je suis un assez bon commercial.

-          Jusqu’à quand Dumontier ? Jusqu’à quand ? Vous maintenez votre chiffre pour l’instant, certes, mais vous êtes dans un marasme affligeant.

Le mot marasme lui avait donné un coup de poing dans le ventre. Comment ce « connard » de Directeur pouvait lui dire ça alors que ses ventes avaient augmenté ce trimestre ? La voix forte et le visage sévère, Dumontier  se leva et s’approcha au plus près du bureau de son Directeur en inversant les rôles.

-          Si je comprends bien, vous voulez me laminer, me broyer, me gâcher ma joie, m’arracher des soupirs. Soit, soit, continuez !

-          Calmez-vous Dumontier

A ce moment-là, Dumontier tenta le tout pour le tout.

-          En tout cas, sachez que je préfère me suicider avant que vous ne me mettiez à la porte ou alors, autre possibilité, je vous agresse, bien que je ne sois nullement un agresseur en série.

Le visage du Directeur fut d’une pâleur extrême et il finit par ânonner.

-          Mais vous êtes cinglé Dumontier, complètement cinglé.

-          Non, mais je suis dans une ZFE, une Zone à Fortes Emotions et, quand j’entre dans cette zone, je ne peux plus me contrôler.

-          Sortez, hurla le Directeur, sortez et laissez-moi vous dire que nous n’en resterons pas là.

-          Je m’en doute. Monsieur le Directeur, je m’en doute. D’ailleurs, je crois que vous aussi vous êtes dans une ZFE. Alors je sors, je ferme la porte, et je vous laisse vous allonger sur le divan où parfois d’autres s’allongent, je veux dire d’autres femmes bien sûr, car moi, vous ne m’avez jamais demandé de m’allonger. Au revoir monsieur le Directeur et, bonne fin de journée.

Dumontier sortit l’air satisfait en sifflotant, ce qui étonna la secrétaire, mais bien sûr, elle ne lui en dit rien.

 

* les expressions en caracactères gras ont été empruntées à l’auteur du site  texture. Je le remercie d’avoir accepté de me les prêter !

PS : prochain texte, mercredi.

4 juillet 2023

Curiosité

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Elle avait toujours dit à son mari qu’il faisait preuve d’une curiosité excessive. Mais, tout le monde sait que les maris n’écoutent jamais leur femme et réciproquement. D’ailleurs, la dernière fois qu’elle avait souligné sa curiosité hors norme, il lui avait répondu.

-          Nous savons que la planète est en danger, alors je ne vais pas m’empêcher de regarder ce que j’ai envie de regarder. Toi tu vas à l’église le dimanche et tu luttes contre Satan ; eh  bien moi, je soigne mes démons intérieurs en créant avec eux un lien d’intimité.

Elle se disait qu’en vieillissant les facultés mentales de son mari ne s’amélioraient pas. Mais peut-être avait-elle tort ? C’est tout au moins ce que voulut lui faire comprendre leur fils en disant.

-          Laisse papa se détendre un peu sinon, il risque de te mettre en vente sur le bon coin. Et tu sais qu’il y a bien pire que lui !

-          Ah, ah, ah, que d’humour mon fils, que d’humour !

Cette espèce de fraternité masculine l’agaçait profondément. La prenaient-ils tous les deux pour une idiote ? Elle se sentit donc obligée de  poser une question à son fils.

-          Tu connais les trois C de la parfaite communication ?  

-          Non.

-          Clarté, concision, cohérence. Chose que ni toi ni ton père vous n’avez. Ta compagne va bien, au fait ?

-          Oui

-          Parfait. Et surtout, n’oublie pas de voir si elle arrive à se  détendre un peu dans le couple que vous formez, sinon elle aussi risque d’avoir envie de te vendre sur le bon coin.

Son fils resta silencieux et, avant de partir, il ne l’embrassa pas.

 

PS1 : photo personnelle

PS2 : prochain texte, samedi.

1 juillet 2023

L’Ehpad

Depuis qu’elle était en maison de retraite, elle n’arrêtait pas de dire à sa fille qu’elle détestait les vieux.

-          Problème de miroir, lui répondit Marion.

-          Non, parce que même quand j’étais jeune je n’aimais pas les vieux non plus.

-          Si tu le dis, conclut Marion.

-          Oui, c’est comme ça, je n’ai jamais aimé les vieux et maintenant, je comprends pourquoi !

« Rien ne sert de répondre, il faut se taire à point », telle était la nouvelle devise de Marion avec sa mère, et ça marchait. Il faut dire que la vieille dame la faisait sourire car, depuis qu’elle s’était habituée à son nouveau lieu de vie, elle avait plus d’énergie. Son narcissisme avait doublé de volume, certes, mais son art des caricatures, lui aussi, s’était accru.

-          Tu sais qu’il y a une autre résidente ici, avait-elle dit en souriant. Tu l’as vue à l’entrée, une grosse méduse dans son fauteuil roulant et si tu la voyais à table ! Cette méduse dévore. On se demande pourquoi elle bouffe comme ça.

-          Peut-être pour se protéger, avait répondu Marion.

-          Mais de quoi mon Dieu ?

-          Je ne sais pas.

Les seuls êtres qui trouvaient grâce aux yeux de sa mère, c’était les enfants de l’école primaire catholique qui venaient une fois par semaine rendre visite aux personnes âgées. Elle ne tarissait pas d’éloges sur eux, et eux aussi l’aimaient. Il faut dire qu’une dame de 90 ans valide, qui sourit et raconte des histoires drôles sur son enfance, n’est-ce pas plus réjouissant que les 15 fauteuils roulants qui ne disent rien et dorment, gentiment conduits par l’animatrice et son aide de camp ?

 

PS : prochain texte, mardi.

27 juin 2023

Nécrologie

Ce jour-là, le cours avait commencé dans une étrange atmosphère. Les élèves s’en étaient aperçus dès que le professeur de français était entrée dans la salle de classe. Son visage était livide. Revenait-elle d’outre-tombe ou avait-elle mis la fameuse poudre de riz que l’on utilisait pour effacer rides et petites imperfections dans les temps anciens ?

Elle avait marché lentement vers le bureau, telle une nonne entrant dans un cloître et, debout sur l’estrade, face à la classe, elle avait dit d’une voix calme.

-          Aujourd’hui, comme prévu, vous rédigerez. Je vous demanderai d’y mettre toute votre attention.  Vous aurez deux heures. Vous serez tous notés mais ne garderont leur note que ceux qui le souhaiteront. Voici le sujet « Aujourd’hui est le dernier jour de votre vie, écrivez votre nécrologie. »

Aucune question ne fut posée et chacun se mit au travail. Silence de mort, aurait-on pu dire, mais la mort, parfois, est un terrain d’aventure, c’est ce que pensa Antoine lorsqu’il écrivit les premiers mots de sa rubrique :

« Mourir apaise, disent certains, mourir attriste, pourront dire d’autres, mourir peut aussi faire grandir… »

Suite à cette rubrique hors du commun, le professeur – qui remplaçait un remplaçant – fut renvoyée ; immédiatement, les élèves décidèrent de mettre en place la cérémonie funèbre de leur professeur dans la cour du lycée…

 

PS : prochain texte, samedi.

 

24 juin 2023

Les orques

Les pêcheurs ne sortaient plus, les voiliers restaient au port et les nageurs restaient sur les plages de sable sans mettre un seul pied dans l’eau. Les orques avaient envahi les côtes françaises. Quand le premier orque avait frappé, un gouvernail et une coque avait craqué sous l’attaque du cétacé de neuf mètres de long. Comme ces bêtes se déplaçaient en famille, les drames avaient succédé aux drames jusqu’à la décision du gouvernement d’interdire les sorties en mer.  Les orques seraient-ils de gauche ? avait-on lu dans un journal local où l’humour tenait lieu de critique politique. A l’Assemblée, un député avait même osé.

-          C’est la revanche des orques sur les retraites !

Ce à quoi un député de la Renaissance avait répondu debout, en hurlant.

-          Ce que je sais c’est que la coque de la Nupe ne résistera pas aux orques de droite !

Joutes et agressions s’étaient succédé jusqu’à ce que la présidente de l’assemblée s’évanouisse dans son perchoir, que la coque des bateaux de droite et de gauche craque et que la police et la gendarmerie entrent dans ce lieu prestigieux qui ne ressemblait plus qu’à un ring où les députés ne respectaient plus aucune règle.

 

PS : prochain texte, mardi.

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