Nécrologie
Ce jour-là, le cours avait commencé dans une étrange atmosphère. Les élèves s’en étaient aperçus dès que le professeur de français était entrée dans la salle de classe. Son visage était livide. Revenait-elle d’outre-tombe ou avait-elle mis la fameuse poudre de riz que l’on utilisait pour effacer rides et petites imperfections dans les temps anciens ?
Elle avait marché lentement vers le bureau, telle une nonne entrant dans un cloître et, debout sur l’estrade, face à la classe, elle avait dit d’une voix calme.
- Aujourd’hui, comme prévu, vous rédigerez. Je vous demanderai d’y mettre toute votre attention. Vous aurez deux heures. Vous serez tous notés mais ne garderont leur note que ceux qui le souhaiteront. Voici le sujet « Aujourd’hui est le dernier jour de votre vie, écrivez votre nécrologie. »
Aucune question ne fut posée et chacun se mit au travail. Silence de mort, aurait-on pu dire, mais la mort, parfois, est un terrain d’aventure, c’est ce que pensa Antoine lorsqu’il écrivit les premiers mots de sa rubrique :
« Mourir apaise, disent certains, mourir attriste, pourront dire d’autres, mourir peut aussi faire grandir… »
Suite à cette rubrique hors du commun, le professeur – qui remplaçait un remplaçant – fut renvoyée ; immédiatement, les élèves décidèrent de mettre en place la cérémonie funèbre de leur professeur dans la cour du lycée…
PS : prochain texte, samedi.