Le plâtre
Trois jours plus tôt, il s’était fait une entorse sur le terrain de foot et on l’avait plâtré. Un accident bête. Il se morfondait chez lui. Trois jours sans lycée, personne pour l’emmener ; alors il traînait son ennui, il écoutait la radio, il regardait la télé, il glandait. Il aurait pu travailler – on le lui avait conseillé le trimestre passé – mais non, pas le courage. Pas un coup de fil, pas de SMS, rien ; le désert. Il décida d’éteindre son portable, à quoi bon ? Même elle l’avait oublié. De toutes façons, il se moquait d’elle, elle lui servait juste à cacher la misère. Il aurait presque déprimé. Il ouvrit le buffet et prit la bouteille de pineau dans le buffet de la salle à manger, ni vu ni connu, sa mère ne s’apercevrait même pas que le niveau avait baissé quand elle prendrait son apéritif. C’était fort, mais ça faisait du bien.
Le soir-même sa mère lui annonça, triomphante, qu’il y avait une solution et que dès le lendemain il pourrait retourner au lycée. Quand elle le vit froncer les sourcils, elle s’inquiéta.
- Eh bien, tu n’es pas content ?
Il répondit juste par un grognement. A 22 heures il s’enferma dans sa chambre, prit un stylo et écrivit sur son plâtre en prenant soin de changer son écriture à chaque fois : « Bisous, Mélissa » ; « T’es chou, Alix » puis « A plus, Léa », juste pour faire croire qu’il avait des amies…
PS : texte écrit à partir d’une brève lue sur le blog une vie de merde : « Aujourd’hui j’ai signé moi-même mon plâtre pour faire croire que j’ai des amis. »