L’élection du Président de la République au suffrage universel est-elle un leurre ?
Pourquoi persister à faire du Président de la République un irresponsable judiciaire et politique ? L’article 42 de la Constitution de 1958 déclare que le président de la République n'est responsable que dans le cas de haute trahison.
M. Sarkozy se gardera bien de changer ce point-ci de la Constitution. Il pourra ainsi, tout comme son ancien mentor, M. Chirac, éviter d’éventuelles futures poursuites judiciaires (1). Mais gageons que si M. Sarkozy n'a pas eu à s'inquiéter le moins du monde du Parquet jusqu'à présent, il n'aura jamais à s'en inquiéter !
Monsieur Sarkozy se contentera, en toute simplicité, de renforcer son pouvoir en réduisant, selon son projet présidentiel, le rôle du premier ministre à un rôle de super-directeur de cabinet et en s’autorisant à s’expliquer devant le parlement, ce qui aujourd’hui est impossible dans la logique de séparation des pouvoirs, même si elle est très souple.
Monsieur Paul Alliès – professeur de Sciences politiques à l’université de Montpellier – compare, dans le journal libération du 7 mai, cette élection au triomphe du Bonapartisme et souligne que « M. Sarkozy résume jusqu’à la caricature, la modernisation de cette « société du 10 décembre » (2) qui fit le succès en 1848 de Napoléon le Petit ». Il ajoute, plus loin, que « « l’histoire de la cinquième République restera celle d’une accumulation progressive de puissance d’une seule autorité au prix de la dévitalisation des moindres contre-pouvoirs. » !
(1) Il est ici fait référence au lièvre soulevé par le Canard enchaîné au sujet de l’acquisition de son appartement sur l’île de la Jatte ( lire l’article très précis du nouvel Observateur à ce sujet : http://hebdo.nouvelobs.com/p2212/articles/a337804.html ) à un prix inférieur de 15 % au prix du marché, sans parler des travaux pharaoniques d’aménagement intérieur qu’il n’a pas payés.
(2) Louis Napoléon Bonaparte a été élu le 10 décembre 1848, avec près de 75% des voix. Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, soit 47 ans jour pour jour après le sacre de Napoléon Ier et 46 ans après la bataille d'Austerlitz, un décret dissout l'Assemblée nationale et rétablit le suffrage universel. Malgré quelques soulèvements, dans certains départements comme l'Yonne, les Basses-Alpes, le Var et le Lot-et-Garonne, vigoureusement réprimés, le coup d'État est approuvé par le peuple et le plébiscite des 20 et 21 décembre 1851 sur les nouvelles institutions reçoit une majorité d'avis favorables. En janvier 1852, une nouvelle constitution étend le mandat du président à 10 ans. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/2_d%C3%A9cembre )
Photo de René Maltête vue sur le site : http://rene.maltete.com/main.php