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Presquevoix...
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8 mai 2007

Tableau de déshonneur

On connaissait les tableaux d’honneur, mais il paraît qu’en Russie, les « tableaux de déshonneur » sont à l’honneur (courrier international du 2/05/2007). Les travailleurs peu scrupuleux – corrompus, négligents, paresseux…(suivant les critères du régime en place) -  peuvent être exposés à la réprobation publique.
En Russie le retour de la « valeur travail » conduit à l’ère du soupçon. 
Voici venu le temps de l’autorité, du mérite et du travail... Si encore, notamment en Russie, le pouvoir appliquait à la gestion du gouvernement et des institutions en général les critères qu’il choisit d’appliquer au peuple lui-même ! Mais hélas, que nenni  ! Le pouvoir, comme souvent, s’exclut des règles du jeu et, par un odieux dévoiement  de la démocratie, oblige le peuple se plier à un jeu que celui-ci n’a pas choisi !
Je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau un extrait du texte d’Octave Mirbeau (1888). Ce texte précieux donne un éclairage particulier à ce vote du 6 mai où, le peuple français, a choisi à 53 % les valeurs « travail, mérite, ordre et nation » * : « Entre ses voleurs et ses bourreaux, il (l’électeur) a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

* Sur la place de la Concorde, le 6 mai au soir, un petit patissier d’Alsace travaillant à son compte, et monté à Paris pour écouter Johnny et Sarkozy, a même dit « C’est la France du travail qui a gagné sur la France de la paresse !. » Et la France du travail, avec certainement notre patissier en tête, est allée ensuite festoyer dans la brasserie populaire du Fouquet's, sur les Champs Elysées, où le menu le moins cher est à 78 euros !

Commentaires
G
Certainement une possible solution, la suppression de l'élection du président au suffrage universel... on en finirait alors avec la personnalisation à outrance et un pan de l'ère du vide politique... Finis les Sarkozy - super champions et les Ségolène-icônes religieuses !
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S
Oui.<br /> Moi, j'ai ressorti un passage de "1984"; éclairant et prémonitoire aussi.
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A
“Toute société qui n’est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans”. <br /> <br /> Je reprends cette citation de Condorcet par "danalia"...je ne l'avais pas lue quand j'ai posté mon commentaire de commentaire.<br /> <br /> J'y souscris évidemment
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A
commentaire du commentaire ? <br /> puisque vous êtes partis vers les siècles qui précèdent le nôtre, allez vers 1793, l'Année Terrible, la seule qui en France ait pu faire naître d'authentiques espoirs d'égalité (en particulier en raccourcissant ceux qui dépassaient un peu). Une nouvelle tentative a été faite au Cambodge et je ne la condamne que parce qu'elle a sombré dans la bêtise et le génocide social, comme 1793 en France également.<br /> Si vous voulez être cohérents, refusez le suffrage universel tant que les masses ne seront pas éduquées; et quand j'écris les masses, il s'agit de tous ceux que je vois chez Leroy-Merlin et autres Circus Maximus... je vous passe les détails... les sondages faits là valent bien ceux de "sortie des urnes".
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J
Cette citation de Mirbeau est épatante. Je n'ai jamais entendu parler de ce bonhomme, et je vais me documenter. Cela fait plusieurs semaines que j'intensifie une réflexion latente chez moi depuis quelques années : comment et pourquoi les Français ont besoin d'un roi/d'une reine, comment et pourquoi ils choisissent de se faire dominer et berner par leurs gouvernants. A mon sens, c'est le grand acquis de la démocratie : le peuple choisit parmi sa classe dominante qui aura le droit de se payer sa tête les prochaines années.<br /> <br /> Alors que nous avons (les Français) TOUS LES MOYENS POSSIBLES ET IMAGINABLES pour mener une vie libre et éclairée (éducation de qualité, accès à l'information, droit de penser, droit de remettre en question, presse libre), l'enjeu de nos élections ne consiste qu'à choisir un personnage spectaculaire, le plus voyant, le plus emblématique possible (les 2 finalistes de 2007 se valent largement à ce niveau-là). On choisit un président comme on choisit une marque de nourriture : celui qui fait le plus parler de lui. La bataille politique est devenue une bataille marketing, tout le monde le sait et beaucoup le déplorent.<br /> <br /> Mais pourquoi en serait-il différemment ? Comment pourrait-il en être autrement ? Pourquoi les politiciens feraient-ils de la politique vraie et intelligente, alors qu'ils savent pertinemment que c'est le meilleur moyen de perdre ? Celui qui a de bonnes idées et qui veut miser uniquement sur elles et sur sa bonne volonté n'arrivera même pas au 1er tour des élections, alors à quoi bon ?<br /> <br /> Deux siècles de combat démocratique pour arriver à ça : consommer, revendiquer le droit de consommer encore plus et choisir qui nous bercera le soir de ses sornettes doucâtres… Pauvres de nous !
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