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18 janvier 2013

Les élèves

En cours, certains gardent leur manteau ou leur veste malgré le chauffage, parfois excessif, de la salle. Vous vous  demanderez peut-être pourquoi et, sans doute, vous souviendrez-vous avec émotion de ce manteau que vous-même ne quittiez pas dans certains cours…


Il y a ceux qui ont ont la paresse de l’enlever parce qu’après il faudra le remettre, ceux qui veulent montrer ostensiblement qu’ils ne sont pas là même s’ils sont là, ceux qui sont complexés, ceux qui ont besoin d’une seconde peau - ils ont peur de perdre leur intégrité physique et psychique s’ils se découvrent –, ceux qui ont tellement transpiré les cours précédents qu’ils préfèrent ne pas enlever leur manteau par peur des odeurs nauséabondes ou des auréoles qui se sont dessinées sous leurs bras et, pour finir, il y a ceux qui cachent leur portable dans leur poche afin de pouvoir le sortir plus facilement dès que le professeur aura le dos tourné.


Si vous voyez d’autres explications, n’hésitez pas à me les soumettre, cela pourra faire un article intéressant pour les cahiers pédagogiques


9 janvier 2013

L’élève

Avant les vacances, il avait la tête dans les mains et il ne pouvait pas travailler parce qu’il était amoureux. Après les vacances, il a toujours la tête dans les mains mais il ne peut pas travailler parce qu’elle l’a abandonné…
 

16 novembre 2012

Mots pour maux

Elle lui avait juste dit de suivre le cours et d’arrêter de parler. Il lui avait répondu : " je m'en bats les couilles de votre cours ". Sonnée, elle s’était assise à son bureau, répétant la phrase en boucle. Puis soudain, elle s’était levée, avait soulevé le bureau et avait foncé droit sur l’élève en hurlant « Ah tu t’en bats les couilles ! On va voir ça si tu vas t’en battre les couilles longtemps ! », et le meuble avait valsé.
C’était il y a un an. Depuis, elle n’avait pas repris le travail…
 

PS : voici, sur Rue 89, un reportage intéressant sur les codes de langage chez les jeunes

9 juin 2012

la disparition

Sur tous ses bulletins scolaires, les professeurs avaient écrit invariablement : trop timide, réservé, inexistant,  endormi, ou pire : « invisible ». Dix ans plus tard, son invisibilité était telle que ses collègues de travail, l’appelait « le passe-muraille ». Un jour, il a disparu corps et âme et personne -  je dis bien personne -  ne s’est aperçu de sa disparition.

 

24 mai 2012

Le baccalauréat

La veille, elle avait croisé dans les couloirs du lycée un élève de terminale STG  qui ne venait plus en cours depuis les vacances de Pâques. Elle aurait pu faire semblant de ne pas le voir mais elle lui a dit, ironique.


-  Alors Kevin, vous êtes déjà prêt en anglais, c’est pour ça que vous ne venez plus en cours ? Pourtant… et elle a laissé sa phrase en suspens. Etait-il bien nécessaire de rappeler à Kevin que sa moyenne avoisinait les 7/20 ?


Et Kevin lui a répondu le plus sérieusement du monde.


-  Ben vous savez, m’dame, avec toutes les révisions, là, j’suis surbooké. Et pis Y faut que j’finisse mon projet.

Elle l’a contemplé, l’air incrédule, puis elle lui a souhaité bonne chance, pour la forme. Elle s'est retenue de ne pas lui conseiller un pélerinage à Lisieux, laicité oblige. Cela faisait tout de même deux ans et demi que Kevin se montrait hostile à toute forme de travail quelle qu'elle soit...

6 mai 2012

L’oral blanc

Il avait révisé son bac blanc de français dans sa chambre, le MP3 vissé sur ses oreilles. Ses 15 textes avaient  été bâclés : il faut dire que Rimbaud, Baudelaire, Balzac, La Fontaine et les autres le déprimaient gravement.


Le jour de l’oral du bac blanc, il arriva un peu en avance pour tâter l’ambiance. Un copain, qui était passé juste avant, lui avait dit en désignant le professeur : elle craint !


Il devait s’attendre au pire. Quand il entra, il avait la gorge sèche. Le professeur choisit un poème de Baudelaire, pile celui sur lequel il n’avait rien à dire. Elle avait dû deviner. Il fit contre mauvaise fortune bon coeur et essaya de griffonner quelques idées. Les vingt minutes de préparation lui parurent très longues. Quand le professeur l’appela, il sourit ; l’amabilité donnait parfois des points. Il ânonna péniblement son explication et le professeur hocha la tête à plusieurs reprises, l’air dubitatif. A la fin, elle lui demanda :


-    Vous avez vu ce poème en cours ?


Il lui répondit sans hésiter que oui et elle enchaîna avec un large sourire :


-    Et vous étiez présent ?


Putain ! Fut la seule chose qui lui vint à l’esprit ; il se demanda même s’il ne l’avait pas dit à voix haute. Elle lui posa deux  questions subsidiaires sur le poème et les réponses qu’il lui donna la firent grimacer. Le professeur le congédia en concluant :


-    Pauvre Baudelaire, depuis ce matin il en entend de toutes les couleurs et il se retourne dans sa tombe, mais vous, je crois que vous l’avez achevé une deuxième fois !

23 février 2012

L’excuse

Ce petit mot d’excuse authentique qu’un élève du lycée a envoyé par mail, à son professeur principal, est un modèle du genre. En dehors d’une orthographe  libérée de son « carcan », on pourra noter l’utilisation de l’énumération et de  la polysyndète qui donnent à ce message une saveur certaine :

« Je ne pourrai pas assister au BAC blanc ce lundi 20 puisque il m'ai très difficile de me déplacer, mais également car je suis atteint d'une conjonctivite et d'une ottite et également parce que la voiture de mon père est en panne. Mon certificat médical a déjà été donné à M.  E. »

Il y en a sur qui le sort s’acharne !!!

 

18 février 2012

Le désespoir

Face à ses élèves de terminales STG dont l’attention se dispersait  dangereusement, il déclara de façon théâtrale.
-    De toute façon, avec vous, c’est alimentaire !
Devant l’incompréhension générale il dut leur expliquer.
-    Avec les autres classes, je prends plaisir à ce que je fais, avec vous non ! Avec vous,  je fais cours pour gagner ma croute, avec vous c’est A-LI-MEN-TAIRE.
Il ajouta, désespéré : « Je crois même que si je faisais cours à des... ». Et il s’arrêta immédiatement, effrayé de constater qu’il n’y avait plus aucune trace de pédagogie en lui, juste l’envie de blesser.

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