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Presquevoix...
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17 février 2019

duo de février

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Nouveau duo du mois de février avec Caro. Cette fois-ci, j’ai choisi une photo gentiment prêtée par PastelleAujourd’hui vous pouvez lire mon texte.

 

L’homme au complet noir

 

Elle l’avait suivi à distance et l’avait entendu répéter une presque lamentation « Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi.».

Suivre quelqu'un dans un musée n’est pas chose facile ; seulement cet homme-là, elle croyait l'avoir aimé un jour, et l'observer se taper la tête dans les murs d’une galerie l’effrayait. Comment en était-il arrivé là ? Evidemment, en 15 ans il peut s’en passer des choses. Elle-même n’avait-elle pas été professeur avant de  devenir gardienne de musée ?

Inutile de s’adresser  à lui, ce voyage au pays du bleu et du rouge ne pouvait se terminer par un voyage dans le passé. Oubli, ressentiment,  qui savait ce que le passé pouvait déclencher ?

Il passa ensuite des psaulmes  à une mélodie envoutante  où les couleurs se succédaient les unes aux autres dans des tons graves qui semblaient venir du fond de ses entrailles. Heureusement la salle était vide, mais que faire si des visiteurs arrivaient ?

Soudain, il fit silence, s’éloigna du mur, fit demi-tour et avança droit vers elle pour lui dire.

-          Vous vous inquiétez ?

-          Euh, je, enfin, vous voyez, votre comportement n’est pas habituel dans un musée.

-          A vrai dire j’observe ce que mon œil perçoit et je le note à l’intérieur de mon cerveau grâce à mes neurones spécialement entraînés à cet effet. Et, quand mes neurones se fatiguent, les sons pennent le relai.

Elle le regarda silencieuse. Ses yeux bleu-violet s’irisaient étrangement.

-          Joli travail Michel, finit-elle par dire.

-          Vous connaissez mon prénom ?

C’est à ce moment-là que deux hommes en blouse blanche pénétrèrent dans la salle du musée. L’homme appelé Michel les fixa et hurla.

-          Non, ne m’enlevez pas mon complet, pas mon complet, c’est ce qui me permet de sortir de mon île !

Chacun lui empoigna un bras et, sans violence aucune, ils l’empêchèrent de bouger.

-          Michel voulait vous voir, dit une blouse blanche, mais je crains qu’il ne puisse résister aux couleurs.

-          Il est fragile, continua l’autre blouse, même si son complet lui donne l’air d’un ministre.

-          Et, c’est quoi le métier de Michel ? demanda-t-elle

-          Physicien aujourd’hui, semble-t-il, mais demain est un autre jour, et il sera peut-être peintre ou poète, reprit une blouse blanche.

Michel lui sourit mais son visage était triste. Il lui tendit la main, lui laissa un papier de couleur claire, puis il sortit de la salle accompagné de son équipe de choc.

Après avoir déplié le papier elle lit :

 « Pas ici, pas d’ailleurs, je ne suis de nulle part mais  je me souviens de toi. Et si nous changions de couleurs pour changer le monde ? »

 Elle ne sut que penser. Qui était fou dans ce trio étrange, les blancs ou le noir ? Et fallait-il venir de nulle part pour changer les couleurs du monde ? Ses yeux passèrent du rouge au bleu puis elle se dirigea vers la seule chaise présente, effrayée par les vertiges qui envahissaient son cerveau ébloui.

 

PS : prochain texte, mercredi 20 février.

Commentaires
K
B elle ambiance pleine d'incertitude, bravo !<br /> <br /> <br /> <br /> Et mettons les d'accord, une blouse bleue, un champ de coton, une guitare !
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C
Leur dialogue et cet amour incertain qui refait surface donnent une grande force aux couleurs. Comme si ils ouvraient leurs yeux à elles et au reste de la vie.<br /> <br /> Et surtout deux extrêmes qui se rencontre, les assertions fragiles de l'un, les hésitations de l'autre. Jolie dualité.
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P
J'avoue m'être longuement demandé ce que faisait cet homme à scruter le mur, et vous apportez toutes les deux une réponse intéressante, merci d'avoir choisi cette photo.
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L
Ouah ! Ça décoiffe, et même déshabille, mets à nu ! <br /> <br /> Oui si on changeait la couleur de nos murs ?Je suis en pleine réflexion sur un projet de déshabiller mes murs et me viennent en tête que des couleurs vives. Suis-je un brin folle ?
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D
Beethoven (il manquait de noir sur sa palette) !
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