Duo de juillet
Ce texte a été écrit en m’inspirant également de Nothing compares to you et de la chanson Le petit bonheur
A la recherche du bonheur
A chaque fois que je veux être heureuse, il y a quelque chose qui m’en empêche, cela ne rate jamais. Je pourrais prendre n’importe quel exemple. Tenez, hier soir, je me suis couchée avec la ferme intention d’être heureuse ce matin. Mais quand mon réveil a sonné, impossible de me souvenir de ma quête de bonheur de la veille parce que je me suis énervée pendant deux minutes sur le bouton du réveil que je n’arrivais pas à fixer dans la position « off ». Il faut que je jette ce réveil avant qu’il ne m’achève.
Il faudrait que je décide d’être heureuse non pas le soir, comme hier, mais le matin, après que mon réveil a sonné. En me regardant avec bienveillance dans la glace, je répèterais la phrase suivante à l’infini - “ Je suis heureuse, je suis heureuse, je suis heureuse, je suis heureuse…” - et celle-ci ferait lentement son chemin en moi, mais à une seule condition : ne pas mettre mes lunettes afin de me voir floue.
En y réfléchissant, je me dis qu’il y aurait bien quelque chose qui pourrait me rendre heureuse : abîmer son âme dans les petits bonheurs du quotidien. Voici une liste indicative : vous partez au travail à vélo – une fois de plus, et vous en avez pour 42 ans et demi si tout va bien – un oiseau pousse sa trille insolite, alors vous l’écoutez et vous êtes heureuse un dixième de seconde ; vous arrivez au travail et on vous dit que vos élèves sont absents pour cause de devoir commun, vous l’aviez oublié, alors vous êtes heureuse 20 dixièmes de seconde ; vous repartez du travail, vous chantonnez « vertige de l’amour » sur votre vélo et vous êtes heureuse trois dixièmes de seconde ; vous êtes chez vous, vous regardez le programme télé et vous vous apercevez qu’il y a un Woody Allen le soir même, vous êtes heureuse quatre dixièmes de seconde ; votre fille rentre du lycée et vous annonce que ce week-end elle ira chez sa copine, vous êtes heureuse cinq dixièmes de secondes, au moins un soir où il n’y aura pas d’engueulades à la maison ; votre mari décide de faire les courses, c’est la première fois depuis deux ans, vous êtes heureuse vingt dixièmes de secondes. Vous rencontrez un ex petit ami - un amour de jeunesse que vous aviez presque oublié - il vous dit avec nostalgie : « Je n’ai jamais rencontré personne comme toi ». Sous l’effet de la surprise vous atteignez un total de 30 dixièmes de secondes, record absolu. Altruiste comme vous êtes, vous évitez de le blesser en lui répondant que par contre, de votre côté, vous en avez rencontré cent aussi bien, voire mieux que lui.
Oui, le bonheur, c’est simple, ce sont des instants qui se chiffrent en dixièmes de seconde.
Et d’ailleurs, parler du bonheur, c’est déjà le faire exister, non ?