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Presquevoix...
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10 avril 2013

La gargouille

Marie avait crié " Tu as vu ? ", en pointant son doigt vers la voûte. Il avait suivi l’ongle rouge de son index et avait découvert l’inquiétante gargouille. Quand Marie avait ajouté qu'elle lui ressemblait, il n’avait pu s’empêcher de pâlir.
En rentrant chez lui, il s'était posté devant la glace et avait fait la même grimace que la gargouille. Il avait dû se rendre à l'évidence : Marie avait raison !
Aussitôt, il tomba à genoux en sanglotant : A quoi ça sert  de vivre quand on ressemble à ça ?

PS : texte écrit dans le cadre des " impromptus littéraires ".

9 avril 2013

Attache-moi !

bobineAttache-moi, lui avait-elle dit en lui tendant les bobines.


Il la regarda incrédule. Elle n’allait pas remettre ça. Déjà que les choses lui semblaient compliquées sans l’attacher. Et puis combien de temps tout ceci allait-il  prendre ? Elle était folle à lier.


Elle lui lança un nouveau regard implorant. Il ne put y résister. Il commença par attacher ses mains aux montants du lit, puis ses pieds, puis il prit le livre et continua l’histoire là où il l’avait laissée la veille :


Elle fit venir un chasseur et lui dit : « Emmène l'enfant dans la forêt ! je ne veux plus la voir. Tue-la et rapporte-moi pour preuve de sa mort ses poumons et son foie. »Le chasseur obéit et conduisit Blanche-Neige dans le bois. Mais quand il eut dégainé son poignard pour en percer le cœur innocent de la jeune fille, celle-ci se mit à pleurer et dit : « Ô, cher chasseur, laisse-moi la vie ! Je m'enfoncerai au plus profond de la forêt et ne rentrerai jamais à la maison…

PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes

Et, inévitablement, un lien vers le film d'Almodovar, un rien déjanté :

 

8 avril 2013

Duo

Aujourd’hui, Duo avec Caro du blog « les heures de coton ». Une seule consigne « Génération Goldman » à utiliser comme bon nous semble. Son texte est sur Presquevoix, le mien est sur son blog.

 

Duo – Génération Goldman

« Et dans les prochaines quarante minutes de musique non-stop, vous aurez le plaisir d’écouter notamment le dernier Bruno Mars, Adele bien sûr et en exclu sur 93.3 la radio de tous les tubes, le premier extrait de Génération Goldman ! En attendant, une page de pub… »

Valérie soupira. Génération Goldman. Quel nouvel avatar de ce monde de fric et de recyclage allait-on produire… Dire qu’il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir son vieux magnétophone posé sur le lit et la cassette que Christophe lui avait enregistrée et qu’elle écoutait en boucle. Le tressaillement à chaque fois qu’elle entendait « Puisque tu pars » ou « Comme toi ». Et les samedis où ils s’écorchaient les doigts sur une guitare dénichée quelque part avec Catherine, Hélène, Christèle, Damien et Benjamin ! Comme si ce gars au look improbable, marinière, jean et baskets, à qui les filles balançaient fleurs et nounours en concert, avait été, le temps de leur adolescence et même après, leur meilleur pote.

Elle sourit. C’est vrai qu’il savait mettre des mots sur l’air du temps. Comme cette femme qui vivait par procuration et qui ressemblait tant à leur voisine Pauline. Elle vivait seule et parlait peu. Parfois, Valérie saisissait quelques mots dans les conversations entre ses parents. « Elle vit seule. » « Elle travaille aux impôts. » « Un homme marié qui l’a laissée. » Puis vint le jour où le petit frère avait été transporté de nuit aux urgences et où elle avait passé la nuit dans l’appartement de la jeune femme. Des bougies et des pots-pourris, des livres et des porcelaines fines, une douceur rose et sucrée qui s’échappait des murs couverts de toile de Jouy et des coussins et fauteuils en liberty. Un chocolat chaud épais pour la consoler et des tartines de beurre et de miel doré.

Les jumeaux entrèrent en se disputant. Dix minutes qu’elle attendait, en mère dévouée. Inutile de les rabrouer, cela ne servait à rien, leur adolescence tapageuse s’en moquait. Charlotte avait piqué la place de son frère et s’en vantait à haute voix. Valérie démarra la voiture et se dit que les vingt minutes qui les séparaient du collège allaient s’avérer pénibles.

« Ferme-la! Cette chanson, elle est trop bien. » Valérie regarda dans le rétro ; même Julien avait quitté son air renfrogné. Elle écouta comme eux les paroles de cette chanson qui ne l’avait jamais vraiment quittée et se demanda ce qu’eux, si différents de leur génération de parents, pouvaient bien ressentir.

 

 

 

7 avril 2013

La vieille dame

Quand elle en avait assez d’être enfermée entre quatre murs, elle sortait et prenait le bus. Armée de son invariable sac en plastique Marché U et de son béret gris, elle  jouait à ses jeux favoris. L’un d’entre eux avait sa préférence : elle faisait croire à une personne assise que sa carte de bus était tombée par terre et, dès que la personne s’était levée pour la ramasser, elle s’asseyait à sa place.


Par égard pour ses cheveux blancs et  ses rides profondes, personne ne réclamait la place volée. Jusqu’au jour où une jeune fille lui fit remarquer qu’il y avait sans doute des jeux plus drôles que ça et que si elle voulait être assise, elle n’avait qu’à circuler en dehors des heures de pointe.


Elle remit vite la petite peste à sa place d'une phrase cinglante.


- Si tu es obligée d’avoir le cul sur un siège à 20 ans, qu’est-ce que ça sera à 40  !


Et elle resta assise bien droite, son sac en plastique sur ses genoux.

PS : texte inspiré d'une brève très brève lue sur  le site "une vie de merde".

6 avril 2013

La sauce ketchup

A chaque fois qu’elle lui demandait si c'était bon, il lui répondait que oui mais il ajoutait systématiquement de la sauce ketchup dans son assiette. Jusqu’au jour où, à bout, elle sortit de table après lui avoir envoyé une giclée de liquide rouge à la figure…

5 avril 2013

Le coq

Tour1On aurait dit une statue, pourtant il était bien vivant, et cette " petite saleté "  avait plus d’un tour dans son sac. Il feignait souvent l’immobilité mais, dès qu’une main s’approchait, il la cisaillait de son bec pointu.
Un matin, on le retrouva mort, d’un coup de hache ; personne ne sut jamais qui l’avait tué.
Le jour de son enterrement – une idée du plus jeune garçon de la famille -  les poules gloussèrent tristement et les enfants pleurèrent un peu. Leur mère, elle, arborait un étrange sourire…

PS : photo prise par C.V. le premier avril 2013

4 avril 2013

La carte d’anniversaire

Au lieu de lui envoyer une carte d’anniversaire, il lui avait envoyé une carte de départ en retraite. Elle lui en avait longtemps voulu. Surtout que pour la retraite, si tout allait bien, elle devrait encore attendre vingt ans...

PS : cliquez ici et vous verrez que les hommes et les femmes n’achètent pas tout à fait leurs cartes de la même façon…


3 avril 2013

Flamenco

Elle faisait partie d’un groupe insurrectionnel : banques et flamenco. Une fois par semaine, ils intervenaient dans l’une des multiples banques de Madrid afin de protester contre le sauvetage des établissements financiers par l’argent public.

Généralement, elle se contentait de chanter et danser afin de réveiller les consciences et les corps. Mais ce jour-là, allez savoir pourquoi, elle avait pris une bombe et elle comptait bien l’utiliser…

2 avril 2013

Le stage

Elle lui avait dit qu’elle avait fait un stage prise de parole pour apprendre à se taire…

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