La vieille dame
Quand elle en avait assez d’être enfermée entre quatre murs, elle sortait et prenait le bus. Armée de son invariable sac en plastique Marché U et de son béret gris, elle jouait à ses jeux favoris. L’un d’entre eux avait sa préférence : elle faisait croire à une personne assise que sa carte de bus était tombée par terre et, dès que la personne s’était levée pour la ramasser, elle s’asseyait à sa place.
Par égard pour ses cheveux blancs et ses rides profondes, personne ne réclamait la place volée. Jusqu’au jour où une jeune fille lui fit remarquer qu’il y avait sans doute des jeux plus drôles que ça et que si elle voulait être assise, elle n’avait qu’à circuler en dehors des heures de pointe.
Elle remit vite la petite peste à sa place d'une phrase cinglante.
- Si tu es obligée d’avoir le cul sur un siège à 20 ans, qu’est-ce que ça sera à 40 !
Et elle resta assise bien droite, son sac en plastique sur ses genoux.
PS : texte inspiré d'une brève très brève lue sur le site "une vie de merde".