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Presquevoix...
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19 juin 2012

Angélique

Elle s’appelait Caroline mais elle lui avait demandé de l’appeler Angélique, juste pour le devenir, un jour…

18 juin 2012

La lettre de motivation

Amusante cette nouvelle tendance vue, non à la télé, mais dans une classe de seconde : la lettre de motivation donnée au délégué de classe lors du conseil de classe du troisième trimestre.
Dans cette lettre,  l’élève explique qu’il se rend bien compte qu’il n’a pas assez travaillé, mais que redoubler  ne servirait à rien sinon à l’empêcher de travailler. En conclusion, l’élève affirme haut et fort que l’année suivante,  il travaillera plus parce qu’il sera en première, et ce, jusqu’au bout de l’année ; on peut compter sur lui.
Avis aux « salauds » de professeurs qui voudraient le faire redoubler pour l’empêcher de réussir !

17 juin 2012

La vengeance du fleuve

FleuveTu croyais que personne ne te verrait, allongé à plat ventre dans la barque, pourtant…

Tu les as entendus rire, s’ébrouer, se dire des mots d’amour, s’embrasser, rire encore. Ils avaient l’air heureux. Combien de temps sont-ils restés dans l’eau ? Longtemps. Le temps t’a paru si long. Tu l’entendais rire comme elle n’avait jamais ri avec toi. Ils sont sortis de l’eau, et puis tu n’as plus rien entendu. Alors tu as levé la tête et tu les as vus debout sur la rive, juste devant la barque où tu étais allongé, tels Adam et Eve. Ils te regardaient, le visage sévère. Toi, tu n’as rien dit, qu’est-ce que tu aurais pu dire ? Elle ne t’aimait plus, elle en aimait un autre, les choses étaient claires. Tu devais t’incliner. Mais tu n’as jamais su t’incliner ; ce jour-là non plus. Alors tu as commis l’irréparable. Toi qui ne sais pas nager, tu t’es jeté à l’eau. Tu voulais te noyer, disparaître. Et c’est lui qui t’a sauvé, celui qui te volait celle que tu aimais. C’est lui qui t’a empêché de mourir.

Maintenant tu es à l’hôpital, on te dit que tu vas mieux, que tu as eu de la chance de t’en sortir, mais toi tu ne voulais pas t’en sortir et tu lui en veux de t’avoir sauvé. Tu te demandes même s’il ne l’a pas fait exprès pour t’humilier, pour t’obliger à voir sa victoire.  Tu te dis que quand tu sortiras de l’hôpital, tu le tueras.


PS : texte plublié dans le cadre des impromptus littéraires. "© crédit photo : Toncrate"

16 juin 2012

La morsure

L’élève X avait mordu son professeur au motif que celui-ci ne l’avait pas respecté. Une lettre des parents au proviseur avait vertement mis les choses au point. Un professeur qui ne respecte pas ses élèves est un tortionnaire, et en l’occurrence M. T., professeur d’histoire-géographie, avait commis une violence à l’égard de leur fils en lui confisquant son téléphone portable que celui-ci n’utilisait en cours que lorsque cela s’avérait nécessaire.

Suite à cette lettre, le proviseur avait convoqué les parents et le professeur dans son bureau. La communauté scolaire s’était aussitôt enflammée protestant contre cette convocation inadmissible qui semblait signifier que le professeur avait à se justifier. Le lendemain, le proviseur était séquestré dans son bureau par des parents ne supportant plus  « l’intolérance répétée des professeurs à l’égard des élèves ». L’après-midi même,  un médiateur du rectorat était dépêché sur les lieux, et le jour suivant, l’établissement était mis à sac…

15 juin 2012

La féministe

Quand il lui avait adressé la parole au café, elle lui avait dit.


- Moi, je suis féministe*, alors…


Il l’avait regardée en souriant et avait rétorqué.


- Féministe jusqu’où ?
- Jusqu’au bout des ongles.


Il s’était senti obligé de lui dire qu’il détestait les féministes. Elle s’était sentie obligée  de lui répondre qu’elle détestait les hommes qui détestait les féministes. Et il lui avait répondu.


- Ce n’est pas pour autant que tout nous sépare, si ?


Elle lui avait répondu qu’elle n’aimait pas les hommes qui se sentaient obligés de lui rendre hommage, mais que ça ne la gênerait pas de le passer à la question, en tout bien tout au honneur évidemment,  parce que justement, elle écrivait un livre sur « les séducteurs » et il lui semblait bien qu’il entrait dans cette catégorie-là…


Il ne lui refusa pas cet « hommage »…

* Voici un sketch de Noémie De Lattres intitulé «  la féministe »:

 Je vous conseille aussi cet autre sketch, intitulé L’adultère. Je suis sûre que vous ne regretterez pas d’avoir cliqué ;)



14 juin 2012

Le contrôleur du bonheur

Il arrivait dans les compartiments du métro en déclinant son identité : « Je suis le contrôleur du bonheur… » et il  provoquait toujours des réactions bienveillantes. Sauf le jour où, un ours mal léché lui répondit.


- Tu me fais chier avec ton bonheur. Moi, le bonheur m’emmerde. Je préfère un bon gros malheur à un bonheur factice !


Le représentant du bonheur eut beau balbutier que le bonheur, c’était sa mission, son plaisir, le type ne voulut rien entendre et  conclut.


- D’ailleurs, à ta place, je me poserais la question : ça veut dire quoi cette dictature du bonheur ? Ouvre les yeux, mon pote, le pays d’Amélie Poulain, c’est pas pour demain !

PS : texte écrit après avoir fait un tour sur le blog du "contrôleur du bonheur"

13 juin 2012

Le diamant rose

Amateur de chair fraîche, il lui avait acheté le diamant rose - le plus gros, le plus cher, le plus convoité – en échange de sa virginité. Mais la belle s’était envolée avec le diamant rose et sa virginité. Juste avant de partir, elle  avait pris soin de lui  laisser un mot scotché sur le miroir de la salle de bain : « Diamonds are a girl’s best friend ».


12 juin 2012

Les cours de théâtre

Il faisait du théâtre depuis 10 ans et il commençait à se lasser. Les débutants succédaient aux débutants et jouer de nouvelles scènes avec eux devenait un supplice.


Dans sa dernière scène, il jouait le rôle d’un policier et sa nouvelle partenaire, une débutante plus débutante que les autres, jouait celui d’une prostituée. L’entendre débiter son texte comme une fable de La Fontaine récitée par une élève de CP le déprimait. Elle était aussi vivante qu’une morte et disait « il faut se vaseliner la chatte » -  une réplique d’une profondeur abyssale, il est vrai -  comme elle aurait dit « il faut aller chercher une baguette ».


A la dernière répétition, quand il avait voulu lui saisir le poignet pour voir si elle se droguait, scène oblige, elle avait fait un tel saut de cabri qu’elle lui avait donné un magistral coup de coude dans la figure.


Non, le théâtre devenait trop dangereux, il devait arrêter…

11 juin 2012

Duo

Nouveau duo avec caro-carito, du blog les heures de coton.

Le texte que vous allez lire est de caro-carito, quant à mon texte, il  est sur son blog. Cette fois-ci, pour écrire notre texte, nous nous sommes laissées guider par la « little voice » de Janeczka et de Rich.

 

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Le pays bleu

Elle ne veut pas voir les chiffres blancs du réveil. Conjurer le sort, effrayer des fantômes auxquels on ne croit pas, ou si peu, c’est impossible, non ? Et puis, tout cela ne compte pas puisque c’est le pays bleu

Des années de rendez-vous sombres et de chants aussi mouvants que des prières. Même heure, elle le sait, chaque nuit. Chaque nuit depuis ses vingt ans. La première fois que l’enfant, la lune et la nuit avaient envahi ses rêves, elle s’était réveillée brusquement. Elle avait eu peur, surtout les yeux vides de la fillette ou de la poupée – elle ne savait pas - l’avaient  terrorisée.

Il lui avait fallu du temps pour s’habituer, pour accepter, pour gommer colère et crainte, le désespoir. Ces matins troubles où un indicible chagrin l’accompagnait comme si ce pays entrevu ne la quittait plus.

Le pays bleu… un jour, elle s’y était perdue. Au milieu des arbres, les cordes doucement pincées, la main dans celle de l’enfant-poupée, elle avait exploré chaque arpent du rêve. Elle y était retournée, insomnie après insomnie. Promenade attendue qui la tirait du sommeil avec une pointe de tendresse. Elle basculait alors vers le jour, légère, joyeuse presque.

Elle n’en a jamais parlé à personne. Pas ouvertement. Une allusion à une amie de fac qui… avait conseillé à cette personne, visiblement très atteinte, d’aller voir un psy qui démêlerait les fils du passé et lui rendrait le sommeil ou l’espoir de nuits vides. Oui la liberté… une existence délivrée de pays bleu, visage de poupée et clair de lune.

Elle avait pris rendez-vous avec M. Thorette. À l’heure dite, elle s’était assise sur un banc, le numéro trois devant ces yeux et une porte close. Elle avait scruté la plaque couleur bronze, rassurante avec ses diplômes. Elle avait laissé filer l’heure minute après minute. Bien sûr, au début, elle s’était bien posé la question du pourquoi, elle n’était pas folle. Elle avait même demandé à ses parents s’ils avaient vécu ailleurs que dans le pavillon de Bry-sur-Marne. Elle avait feuilleté les albums de photos des vacances, mais n’avait trouvé que le souvenir perdu d’une poupée Barbie et d’un nounours en peluche et deux lapins. Pas d’arbre, ni de poupées aux cheveux blancs ou blonds.

Devant la porte close, une épaisse porte en bois, numéro trois de la rue Parmentier, elle avait épuisé son heure. « Jeudi à 17 heures, la séance finit à 18 heures. » Elle avait alors compris, elle n’avait pas envie de quitter le pays bleu. Un sourire, elle s’était levée et il lui avait semblé entendre une voix invisible la remercier. Elle n’avait pas rappelé le psy, inutile d’être polie. Il ne la connaissait pas, elle non plus. Elle avait eu un peu peur avant de s’endormir le soir même et si ?... Mais les yeux vides et la petite musique l’avaient cueillie dans son sommeil, même heure. Fidèles.

L’aube aveuglante va bientôt envahir sa chambre. Elle garde les yeux clos sur la lune ronde et le roulis de l’eau. Une seconde avant le fugitif départ vers le jour. Quitter le pays bleu. Y revenir.

10 juin 2012

Les rotules

Le médecin lui avait  dit qu’elle devrait faire un régime. Pour la convaincre, il lui avait même imité le gémissement de ses rotules à chaque fois qu’elle marchait.
- Un régime, moi ? – avait-elle répondu -  mais vous n’y pensez pas ! Manger, c’est tout ce qu’il me reste !
Impitoyable le médecin avait rétorqué.
- Alors ce sera la chaise roulante !
Elle l’avait regardé longuement avant de conclure.
- Eh bien ce sera la chaise roulante.

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