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Presquevoix...
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10 septembre 2010

Le décortiqueur

Il lui fallait toujours aller au fond des choses au risque de ne plus pouvoir remonter à la surface, mais en ce moment il devait avouer qu’il allait mieux. Il avait trouvé un « modus vivendi » avec son chef de bureau  ; il ne souffrait presque plus de  solitude, à vrai dire il en avait pris son parti  ; ses angoisses diminuaient - il ne prenait plus de deroxat, sauf un demi-comprimé  de temps à autre  ; son chat avait repris du poil de la bête après sa petite « dépression » - c’est le mot que le vétérinaire  avait mis sur sa maladie de l’été dernier ; le fils des voisins du dessus ne jouait plus de guitare électrique après 22 heures 30 – il faut dire qu’il s’était acharné sur le plafond à coups de balai  ; sa mère ne le harcelait plus au téléphone – il est vrai qu’elle perdait la mémoire et ne se souvenait même plus qu’il était son fils. Oui, tout allait mieux jusqu’à hier, avant qu’il n’ouvre sa boîte aux lettres.  Il y avait trouvé une petite enveloppe  blanche, non timbrée, libellée à son nom. Elle contenait une lettre toute simple qui disait  :
« Monsieur,
Hier, vous marchiez à grandes enjambées dans la rue des framboisiers. Je vous ai suivi parce que quelque chose m’a paru bizarre, comme si vous étiez à contretemps. Je vous laisse donc cette lettre pour que vous sachiez que quelqu’un vous suit pour éclaircir ce mystère…
»

9 septembre 2010

L’éthylotest

Depuis qu’il était retraité, il allait tous les matins au bar PMU de la Madeleine. Il s’installait au comptoir, discutait avec la patronne, avalait son café, faisait son tiercé ou son quinté – c’était selon – puis il rentrait chez lui en sifflotant. Il n’avait jamais autant apprécié la vie que depuis sa retraite. A son retour, il avait toujours droit à l’éthylotest - sa femme  n’avait jamais vraiment eu confiance en lui – mais cela avait-il de l’importance ?

8 septembre 2010

Les patins

Ils vivaient au sous-sol, avec pour toute lumière naturelle celle qui s’échappait d’une minuscule fenêtre au-dessus de l'armoire en formica. Le rez-de-chaussée, quant à lui, était devenu un musée avec ses objets figés dans un passé qu’on voulait présent. Ils n’y allaient qu’une fois par mois, patins aux pieds, pour ne pas salir le plancher qu’ils ne pouvaient plus astiquer à 75 ans passés.
Quand ils moururent, leur fils condamna le sous-sol et vécut au rez-de-chaussée. Les meubles, eux, furent donnés ou brûlés.

7 septembre 2010

La correctrice

La goutte d’eau qui fit déborder le vase c’est quand elle vit sur la 45ième copie du bac littéraire qu’elle corrigeait : Elle avait le visage farci de rides.
Elle explosa  :
- Ben tu vas voir, toi, la note que tu vas te farcir !

6 septembre 2010

Se réincarner ?

56207948_pSi je me réincarne un jour, ce sera en otarie. Regardez-les bien ces otaries de Monterey – Californie – avachies sur ce bateau qu’elles ont colonisé, indifférentes à ce qui les entoure, comme un pied de nez à la valeur « travail »… Elles en ont bien de la chance les otaries de Monterey ; elles, elles ne rentrent pas !

PS : photo prise par C. V. à Monterey en aout 2010

5 septembre 2010

Si je ne rentrais pas ?

Vous  avez sans doute pensé qu'un jour vous ne rentreriez pas de vacances ? Mon personnage aussi. Pour lire le texte, c’est ici. Le texte est de gballand et le montage  de Patrick Cassagnes.

4 septembre 2010

La rédaction

A L’école, la maîtresse avait demandé de faire une rédaction sur la personne qu’elle aimait le plus. Elle avait longuement réfléchi en mastiquant son crayon et elle avait procédé par élimination. Ça ne pouvait pas être son père - elle ne le connaissait pas - ni sa mère - elle criait trop - ni sa demi-sœur - elle voulait toujours la commander - alors ça serait Papou ! Il serait content Papou quand elle lui lirait la jolie rédaction qu’elle ferait sur lui. Elle commencerait comme ça : « Papou a la peau douce et quand je suis triste, c’est à lui que je raconte mes chagrins…. »
Une semaine plus tard, la maîtresse rendit les rédactions, elle avait eu un « Très bien ». La maîtresse avait même lu sa rédaction devant toute la classe. Elle en était tellement fière qu’elle en parla à sa mère dès que celle-ci rentra du travail.
- Alors, tu me la lis  ta rédaction ? Avait demandé sa mère.
L’enfant hésita un instant, mais l’orgueil l’emporta sur l’appréhension. Elle la lut avec application, s’attachant à articuler chaque mot  et à  mettre le ton, comme la maîtresse le lui avait appris.
Elle était tellement contente de sa lecture qu’elle ne comprit pas pourquoi sa mère partit  furieuse en criant.
- Un hamster !  Non mais vraiment ! On te demande qui est la personne que tu aimes le plus et tu parles de ton hamster ! Mais tu te fiches du monde ! Qu’est-ce qu’elle va croire ta maîtresse ? Que ta mère est un bourreau ?

3 septembre 2010

Le pompon

Son sens de la justice lui venait de la première injustice qu’il avait subie dans son enfance : le pompon du manège qui venait toujours lui caresser la tête sans que  jamais il ne pût l’attraper : forcément, il était toujours le plus petit.

PS : Non, je ne parle pas de M. Sarkozy

2 septembre 2010

La tombe

C’est en voulant la sauver  qu’il s’était noyé. Elle avait survécu, malgré elle. Quand elle connut le nom de son sauveur, elle passa le reste de ses jours – 7200 exactement -  à fleurir sa tombe au cimetière du Levant. Il lui en fut éternellement reconnaissant.

1 septembre 2010

Le spectacle

Cela faisait une heure qu'elle supportait ce spectacle avant-gardiste et elle était à bout de nerfs. Au début de la deuxième heure, un spectateur du cinquième rang se leva et cria :
- C'est nul à chier ! Suivi par un autre du troisième rang.
Contre toute attente, l'un des deux acteurs interrompit son texte, se tourna vers eux et cria :
- Et moi, vous croyez que ça m'amuse de dire ce texte ? Maintenant si ça vous emmerde, vous pouvez sortir.
Puis, comme si de rien n'était, il revint à son monologue alors que des spectateurs commençaient à quitter la salle...

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