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Presquevoix...
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14 juin 2008

Une vie intelligente, mais où ?

Pouletrue86« La preuve irréfutable qu’il existe une vie intelligente sur une autre planète, c’est qu’ils n’ont jamais cherché à nous contacter.*» Savez-vous que dans le système solaire  la rumeur court que, sur la planète terre, les hommes,  fatigués d’utopies et dépossédés de leurs rêves, choisissent comme chefs des têtes non pensantes qui les mènent droit au suicide ?

On ne vous dit pas tout  !

* citation de Bill Waterson lue dans le livre  Le meilleur de l’absurde, collection mille et une nuits (2 euros 50)

PS : photo vue sur le site de rue 89

13 juin 2008

la lettre (version 2)

Elle tient la lettre dans sa main, debout au milieu de sa cuisine et elle n’en revient pas. Ça alors, trente ans sans nouvelles et il propose un rendez-vous, comme ça, la bouche en cœur et les mots racoleurs ! Quel con, non mais, il croit quoi ? Il croit au Père Noël ? Il l’a laissée tomber comme une vieille chaussette, sans explications, du jour au lendemain alors qu’ils parlaient avenir, projets et il faudrait qu’elle accepte de le revoir parce qu’il réapparaît ? Mais est-ce qu’il se rend compte, ce tordu, les lacs que ses larmes ont formés à ses pieds pendant des semaines, des mois, les efforts qu’elle a dû faire pour essayer de se reconstruire, de vivre à nouveau après le coup de salaud qu’il lui a fait ? Elle a tout imaginé, s’est donné tous les torts, était prête à devenir autre pour lui et lui, d’un coup de torchon, il a tout balayé sans explications la laissant en plan avec ses questions et ses doutes.

Elle regarde par la fenêtre, voit le rosier dans le jardin, ricane. « Et dire que j’ai insisté pour que les roses soient jaunes, en souvenir de lui. Il m’en offrait à chaque rencontre et cela m’attendrissait, ce côté touchant qui ne cadrait pas avec son apparence. » Elle crie tout haut, levant les bras au ciel : « Alors que j’avais tout oublié, pourquoi il revient à la charge, après toutes ces années ? Et en plus, je suis sûre qu’il est devenu moche, gros et qu’il a perdu ses cheveux, il va me massacrer mes souvenirs ! ». Elle regarde son reflet dans la vitre de la fenêtre et poursuit : «  Et toi aussi tu vas lui faire un choc, diable trente années, ça laisse sa trace…quitter une minette de 20 ans et retrouver une femme mature comme on dit maintenant, c’est pas anodin ! ».

Elle baisse les yeux, relit la lettre et note le numéro de téléphone, que faire ?

13 juin 2008

Il y a mesure et mesure

- Sur le rythme j'impulse* un retour vers un univers plus jazz et ensuite on reprend sur un rythme de blues !
- Je comprends pas !
C’était la quatrième fois qu’il lui disait qu’il ne comprenait pas en 20 minutes, avec le même air buté, et il n’en pouvait plus. S’il ne comprenait rien, il fallait qu’il arrête de jouer de la guitare ! Depuis le début de l’année, non seulement il le battait froid, mais il se trompait en permanence en mettant le groupe en danger, non ce n’était plus possible ! Il essaya malgré tout de lui répondre calmement.
- Qu’est-ce que tu ne comprends pas Stéphane ?
- Vous me faites chier !
Il resta bêtement interloqué, les baguettes en suspens, la bouche ouverte, et les deux autres élèves se figèrent aussi. Il n’avait jamais été violent, mais avec lui, il aurait pu le devenir…
- Ce que tu viens de me dire dépasse la mesure, Stéphane, sans faire de jeu de mots ! Ce n’est pas parce que tu paies que tu as tous les droits, merde !
Avant de finir sa phrase, il se rendit compte qu’il n’aurait pas dû  dire ça, c’était une perche qu’il lui tendait. Et puis le merde à la fin, une erreur, mais il était trop tard.
- Et vous, c’est pas parce que vous baisez ma mère que vous avez tous les droits !
Voilà, il l’avait craché. Les deux autres élèves commencèrent à ranger leur matériel sans qu’il n’ait rien eu à leur dire. Stéphane ne faisait pas mine de bouger  alors que la porte se refermait derrière Pierre et Kevin. C’est à cet instant qu’il se dit que s’il devait le faire, c’était maintenant ou jamais. Il s’approcha de Stéphane, le regarda droit dans les yeux et  lui donna une gifle magistrale en concluant.
- Je ne vais pas me faire emmerder par un petit con, jaloux de surcroît ! Maintenant tu auras des raisons de dire que je te fais chier.

* texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires".

12 juin 2008

la lettre (version 1)

Elle tient la lettre dans sa main, debout au milieu de sa cuisine, l’esprit envolé vers ses lointains souvenirs. Trente ans, trente ans sans nouvelles et pffff, une lettre fait tout remonter à la surface. Trente ans à essayer d’oublier, à enfouir très loin, très profondément ce visage, ce sourire, ces bras qui la serraient, ces mains qui la parcouraient, ces lèvres qui cherchaient les siennes…

Elle tourne son visage vers la fenêtre et ses yeux tombent sur le rosier jaune, note ensoleillée en ce jour assez gris. Elle sait maintenant pourquoi elle aime les roses jaunes et pourquoi elle a insisté pour en planter un…il lui offrait à chaque rencontre une rose soleil, elle avait toujours trouvé cela touchant, cela ne cadrait pas avec son côté un peu loubard. Elle avait tout juste 20 ans, il en avait 10 de plus, elle avait été subjuguée par sa moto, son assurance, sa douceur, son expérience. Dans ses bras, elle avait expérimenté les jeux interdits et son corps de femme s’était éveillé à des sensations qu’elle n’avait pas retrouvées dans d’autres bras. Leur dernière nuit avait été sublime, repas aux chandelles, bonne chère, bon vin, elle avait un peu trop bu, il l’avait portée dans la chambre, l’avait déshabillée comme on effeuille une fleur et avait été très doux…Le lendemain il avait disparu. Envolé, sans un mot, sorti de sa vie sans savoir ni comment ni pourquoi ! Elle l’avait cherché, partout, longtemps  mais avait dû se rendre à l’évidence, il était parti en l’abandonnant, en abandonnant tout, leurs rêves, leurs espoirs…ses espoirs.

« A 20 ans, on oublie, on est jeune, c’est facile », lui avait-on dit. A 20 ans, on aime avec tout son cœur et quand ce cœur est poignardé, lacéré, cela met long, très long à cicatriser.

Et maintenant, cette lettre, ce téléphone à composer, cette rencontre à programmer…

12 juin 2008

C’est dur la culture !

Mardi dernier, je n’avais  plus que deux élèves sur douze en cours de première ! C’est fou ce que « j’enthousiasme » les élèves…
Nous avons donc continué le travail sur le dernier texte qui parle de l’exploitation des faits divers par les médias au Brésil, à travers le cas « Isabella Nardoni ».
Je leur ai ensuite  posé une question anodine : « Quel journal lisez-vous ? » Aucun m’ont-elle répondu. Jusqu’à ce que l’élève qui est en section Littéraire modifie sa réponse et me dise : je lis Détective. J’ai dû avoir l’air surprise ! Quand on connaît l’importance de la culture générale en L,  on frémit  ! Lorsqu’elle composera, l’année prochaine, sur un sujet de philosophie du type - « Toute prise de conscience est-elle libératrice ? » - le journal Détective lui sera d’un piètre secours !
Quant à l’élève en section ES (économique et social), elle ne lit aucun journal ni aucune revue. Je me suis permis de lui demander s’il ne lui semblait pas important de connaître l’actualité économique et sociale, elle n’a pas eu l’air de comprendre. L’idée fera peut-être son chemin…
Pour acquérir une culture générale, le premier travail est, parfois, de lutter contre les non-habitudes culturelles héritées de son milieu familiale, et rien n’est gagné, même avec l’aide de l’école…
Comme le disait Voltaire : « Plus les hommes seront éclairés plus ils seront libres » !
A méditer, surtout en ces temps d’anesthésie médiatique, d’Euro 2008 de football et de jeux olympiques…

11 juin 2008

Est-ce que ça fait mal, d’être père ?

Il est assez drôle ce sketch de Christophe Alévèque où un père en souffrance vide son sac lors d’un groupe de parole. Sous la caricature, nos blessures… « deux enfants, une femme, trois raisons de boire ! ». Le coup d’œil est bon et la chute excellente !

Brève de dialogue inspiré du même thème :

- Dis papa, pourquoi on a des enfants ?

- J’en sais rien ! Demande à ta mère… !

10 juin 2008

Peut-on juste aimer une nuque ?

Je l'observais depuis un bon moment car le discours du conférencier me plongeait dans une somnolence sans nom ; il faut dire que ma soirée de la veille dans un bar du port avait été un peu trop arrosée et que je ressentais encore dans ma tête le ressac du pastis.
Elle était assise devant moi et  tapait frénétiquement sur son clavier afin de prendre en note les moindres mots de l'intervenant ; tant d’application faisait bonheur à voir ! Joli profil, nuque gracieuse, des cheveux courts et châtains... Pourquoi ne l'inviterais-je pas à prendre un verre sur le port après le stage ? Mes yeux passaient alternativement de mon clavier, où j’essayais vainement de taper quelques notes cohérentes, à sa nuque... Oui, c'est vrai, c’était surtout sa nuque qui me fascinait, je ne savais pas pourquoi, ou plutôt si, je le savais trop bien, son long cou  gracile me faisait penser à celui de la première femme que j'avais aimée.
Quand, à mon plus grand soulagement, l'intervenant a mis un point finale à sa conclusion, j'ai jeté un nouveau regard vers elle et c'est là que tout a basculé : son fond d'écran venait de faire apparaître le logo de l’UMP.
D’un mouvement sec j’ai fermé mon portable et j’ai  rapidement quitté la salle.

9 juin 2008

Instant de grâce.

Une tasse de café fumant à la main, elle savoure cet instant de grâce. Il est 5h du matin et son réveil, pour une fois a été instantané et très matinal. Alors qu’en pareil cas elle se tourne de côté et se rendort, ce matin, elle a sauté du lit. Assise en robe de chambre sur les marches qui conduisent au jardin, elle écoute la vie qui prend possession du silence. D’abord, les oiseaux. C’est fou le bruit qu’ils font ces petites choses ! Puis la rumeur de la ville, au loin. Oh ! peu présente encore, juste ce qu’il faut pour savoir qu’une nouvelle journée de travail s’annonce. La nuit cède sans contraintes sa place à la clarté d’un jour qui sera beau.

Elle boit son café à petites gorgées, puisant dans ce moment privilégié un bonheur qu’elle m’imaginait pas possible. Cela ne lui arrive jamais d’être debout à des heures pareilles, elle est plutôt du genre marmotte mais cette nouvelle expérience lui plaît. Elle rêve, elle laisse son imagination vagabonder et son esprit reposé travailler à toute allure, libre des contraintes de sa vie, de sa famille, de son job, de ce qu’il faut absolument faire, ne pas oublier…Elle pense à cet homme dont elle a croisé le regard au détour d’un chemin, regard bleu acier qui le temps d’un souffle a emballé son cœur. Un sourire se dessine sur ses lèvres, c’est beau d’être encore sensible comme une ado, de rêver à des rencontres impossibles. Elle pense à cette femme qu’elle a eu en entretien et dont l’histoire l’a bouleversée, elle se sent privilégiée et savoure ce sentiment. Elle pense à ce livre qui la passionne et qui reste ouvert sur sa table de chevet comme une invitation à le finir le plus vite possible pour savoir enfin la fin de l’histoire.

Une caresse sur sa jambe nue la fait revenir à la réalité, sa chatte noire aux yeux verts se frotte contre elle. Elle la prend dans ses bras et frotte son visage contre le poil doux et soyeux, mettant ainsi en route le petit moteur qui annonce le contentement du petit félin.

Elle soupire d’aise et prise d’une soudaine envie, se lève et descend l’escalier pour fouler l’herbe mouillée de rosée de ses pieds nus. C’est frais, cela chatouille, un frisson la parcourt, le chat saute de ses bras. Elle reste là, immobile avant d’ouvrir les bras et de tourner sur elle comme une toupie, la tête renversée, les yeux clos avant de s’effondrer sur l’herbe fraîche. Les bras en croix, sur le dos, elle regarde le ciel.

Elle doit être un peu folle pour faire tout cela mais elle s’en fout, elle est…bien.

9 juin 2008

Les 10 000 choses…

fabienneverdier« Les dix mille choses se trouvent en nous au complet. » ( Mengzi : IVe siècle avant J. C.)
Il y a une semaine, j’ai laissé ouvert à cette page le très beau livre de Fabienne Verdier « L’unique trait de pinceau ».

Je lis cette citation chaque matin. Je changerai de page lorsque cette phrase aura terminé son voyage.

8 juin 2008

Le dernier rêve

Elle travaillait chez un type qui avait une grosse fortune et achetait des rêves*, c’est ce que ses collègues lui avaient dit. Au début, elle n’y avait pas cru. Par une après-midi pluvieuse de novembre, elle profita de l’absence de son patron – son rendez-vous hebdomadaire de 3 heures chez sa maîtresse - pour entrer dans son bureau, adjacent au sien. Avant de commencer ses recherches, elle passa lentement sa main sur le bois lisse du secrétaire en acajou afin de retrouver des sensations lointaines, toujours ce même désir de pénétrer dans les coulisses de la vie des autres, comme au temps où...
Aucun des tiroirs  n’était fermé à clef. Dans le premier, qu’elle ouvrit sans hésitation, elle trouva, dans une enveloppe, une photo de la maîtresse de son patron et une de son épouse, une grande femme brune qu’elle avait vue deux jours plus tôt. Elles se ressemblaient étrangement, décidément, elle ne comprendrait jamais les hommes.
C’est dans le deuxième tiroir qu’elle vit le dossier rouge “  RÊVES - DERNIERES ACQUISITIONS ”.  Elle le prit et revint à son bureau en calculant  qu’elle avait deux heures pleines pour le consulter. Elle  fut un peu surprise de son absence totale d'émotions, comme si violer l’intimité des autres était chez elle une habitude.
Une fois dans son fauteuil, elle effeuilla les rêves, les uns après les autres. Ils étaient tous consignés à la main, de mains différentes ; les écritures succédaient aux écritures et les rêves aux rêves.
En haut de chaque page, il y avait le nom, le prénom et l’adresse de la personne qui avait fait le rêve et, agrafé à la feuille, le coût de chacun d’entre eux, parce que chaque rêve avait un coût différent. Quels étaient les termes du contrat ? Elle ne le sut jamais.
En prenant le septième rêve, elle vit son nom qui s’étalait en toutes lettres – SAUVET Myriam – suivi de son adresse – 7 rue des emmurés, 76 000 Rouen. Qui avait pu  vendre un rêve qu’elle aurait fait ? Elle chercha une facture, en vain. Il avait été acquis  pour la somme de 100 euros. Fébrile, elle  lut le rêve d’une seule traite. Elle buvait les mots, tant et si bien que sa respiration suivait le rythme de la ponctuation et, au fur et à mesure que le rêve avançait, les phrases s’accéléraient, des points, des virgules, puis une vertigineuse  énumération… Elle avait le souffle court, le cœur battant,  ses yeux clignaient précipitamment, sa tête dodelinait, ses mains tremblaient, une étrange pâleur envahissait son visage et, avant qu’elle eût pu finir sa lecture, un violent mouvement la projeta au sol, la tête contre le parquet.
C’est ainsi qu’on la trouva, morte ; assassinée par un rêve qui n’était peut-être pas même le sien.

* phrase extraite de Monsieur Maléfique, de Truman Capote

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